1.2.3. DIAGNOSTIC
Le début du trouble panique chez une jeune femme
à l'adolescence est classique. Le long délai avant de consulter
est également une constante. On peut se poser, concernant cette
patiente, la question d'une fragilité biologique
(génétique) au vu de l'anxiété et de la probable
agoraphobie de sa mère.
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Diagnostic selon DSM-IV
Axe I : Trouble clinique
Trouble panique avec agoraphobique
Trouble dépressif secondaire
Axe II : Troubles de la
personnalité
Personnalité évitant, dépendant
Axe III : Affection médicale
Absent
Axe IV : Problèmes psychosociaux et
environnementaux
Problèmes professionnelles et personnelles
Axe V : Evaluation globale de fonctionnement
(EGF)
Cotation actuel : 55
1.2.4. DISCUSSION
La réaction de sa mère aux situations
stressantes, incapable de faire face seule et plutôt évitante, a
pu être un modèle pour elle. Les phobies et les inquiétudes
de sa mère ont pu l'amener à déduire que le monde est un
endroit dangereux. Elle n'a pu développer un sentiment de
sécurité et son autonomie a été entravée par
le modèle de sa mère (en permanence stressée,
évitante et dépendante). Elle a développé un
attachement anxieux à son père qui était tout le temps
absent et pourtant indispensable à sa mère.
Petit à petit, le sentiment du danger dans le monde
extérieur s'est précisé. Elle a développé
des cognitions : « à l'extérieur il peut arriver n'importe
quoi, même la mort », sur la base des angoisses de sa mère,
la compréhension du caractère inéluctable de la mort, puis
le décès de son amie, ont fini d'asseoir ce postulat. Qui a
été confirmé par le décès de son
père.
Il est à noter un vécu traumatique des crises
d'angoisse de sa tante, puis de son amie qui a entraîné le
développement de cognitions de type : « n'importe qui peut avoir
une crise d'angoisse, perdre le contrôle de soi et passer pour fou
». L'écoute de son amie a constitué un stress important pour
elle
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et l'a amené à la limite de ses capacités
d'adaptation et la confrontation à la mort en tant que stress aigu, l'a
fait basculer dans le trouble panique.
Il est à noter une extrême sensibilité au
rejet de l'autre, qui dès l'enfance, entraînait des crises
d'anxiété. Le rejet de son école a entraîné
la réapparition des crises. Elle a tellement besoin des autres pour
vivre que tout rejet est désastreux. On a tous besoin de soutien social
et de renforçateurs sociaux.
Puis, les crises ont entraîné des comportements
d'évitement et de sécurité, qui ont accentué ses
troubles. Il s'agit d'un mécanisme de renforcement négatif : elle
évite de plus en plus de situations, pour ne pas avoir de crise
d'angoisse, elle ne peut plus sortir seule de chez elle et même le fait
de rester chez elle nécessite des précautions
particulières.
Il est important d'évaluer les conséquences d'un
changement actuel : cela risque de remettre en cause la relation de
dépendance à sa mère, sa mère s'appuyant sur elle
et elle ayant besoin de sa mère. Sa mère risque de
déprimer si sa fille s'autonomise car elle est dépendante
d'elle.
Conséquences négatives du comportement actuel :
qui devraient affaiblir le comportement d'évitement : son
évitement l'a fait renoncer à avoir des activités pour
elle, développer son jardin secret, elle manque d'activités de
plaisir, elle a beaucoup de mal à trouver un emploi, aller aux
entretiens d'embauche. Il y a la des leviers potentiels pour la
thérapie
Ce qui frappe chez cette patiente, c'est l'intensité de
son évitement, sous tendu par la peur de perdre le contrôle. Nous
pouvons relever chez elle, l'importance de ses cognitions angoissantes.
Il semble important de s'attacher à modifier ses
cognitions paniquantes d'abord en l'informant pour lui permettre de comprendre
qu'elle ne risque pas de mourir, et de réattribuer ses manifestations
somatiques au stress. C'est la partie psycho-éducation.
Ceci va se poursuivre en lui permettant de retrouver un
contrôle sur ses troubles avec le contrôle respiratoire et en lui
faisant la démonstration dans la réalité par l'exposition
aux manifestations proprioceptives du lien entre l'hyperventilation et les
manifestations somatiques d'anxiété. Puis de lui permettre de
repérer ses pensées angoissantes et de les modifier par la
thérapie cognitive. Puis enfin, de travailler très
progressivement sur l'exposition in vivo, afin de diminuer son anticipation
anxieuse.
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