4.2.4. Les efforts du gouvernementpour la
biodiversité
Le Cameroun comme du reste beaucoup d'autres pays du monde,
accorde une attention particulière à la problématique
lié à la dégradation des ressources biologiques.
Les résultats des entretiens menés à
Ngaoundéré, ont montrés que plus de 80% des habitants
considèrent qu'il est important de préserver cette
biodiversité, d'autres le juge encore très important. De fait,
les habitants déclarent à plus de 80% faire des efforts en faveur
de la biodiversité. On retrouve principalement des personnes bien
informées sur la biodiversité (personnes âgées et
gestionnaires), et qui la jugent importante, mais également des
personnes moins impliqués (les jeunes et les habitants du Centre-Ville)
sur ce
22 Arbre à feuilles persistantes et à
croissance rapide, planté en alignement pour son ombrage et en
ornement.
Dynamique et perception de la biodiversité
dans la ville de Ngaoundéré 114
point que leurs voisins plus âgés et habitant
dans la zone périurbaine. Lorsqu'on leur demande ce qu'ils font en
faveur de la biodiversité, les habitants de l'agglomération
citent la plupart du temps des gestes « écologiquement corrects
», pas toujours en lien direct avec la préservation de la
biodiversité, et qui sont davantage de reflet des campagnes de
sensibilisation comportementales au respect de l'environnement au sens large:
seuls 11% des personnes déclarant faire des efforts en faveur de la
biodiversité citent explicitement l'attention aux espèces faunes
et flores
. Face à cette problématique sans cesse
prégnante et préoccupante, les pouvoirs publics camerounais, se
sont, depuis 1992 avec la création du Ministère de
l'Environnementet des Forêts, puis du Ministère de l'Environnement
et de la Protection de la Nature, donnés d'élaborer une
vigoureuse politique nationale de gestion de l'environnement et de coordination
de toutes les actions y afférant23. S'agissant de l'Education
relative à l'Environnement (ERE)24 pour le
Développement Durable (DD) proprement dite, la société
civile et les partenaires internationaux, mettent sur pied au niveau national,
une politique et des stratégies pour sa promotion reconnaissant son
importance pour assurer la protection de l'environnement et réaliser le
développement durable par et pour les populations.
Renforcer l'éducation des populations
(éducation à l'environnement)
L'importante et fondamentale question de l'ERE est
évoquée et traitée dans le plan national de gestion de
l'environnement sous le chapitre : « formation et éducation de
la jeunesse » ceci implique que la formation est un axe fondamental
de développement des capacités humaines avec option
d'intégration des préoccupations environnementales dans les
cursus scolaires et universitaires avec pour corollaire l'amélioration
des connaissances des jeunes en matières d'environnement tant dans le
domaine scolaire et universitaires qu'à celui complémentaire de
l'éducation informelle et parentale.
A travers une enquête ethnologique auprès des
acteurs du milieu scolaire, nous avons obtenu, un aperçu de leurs
perceptions de l'environnement au niveau local. Face à ces perceptions
le premier objectif est de savoir ce que l'éducation à
l'environnement signifie
23 Etat de la situation et perspectives de
l'education relative à l'environnement pour le développement
durable au cameroun. 2010
24 Au Cameroun l'EREest perçue comme «
ce processus d'apprentissage qui permet l'acquisitions par les populations
cibles, des connaissances utiles sur l'environnement en vue de l'adoption
d'attitudes et comportements positifs et susceptibles d'assurer une jouissance
saine et durable des fruits et ressources de cet environnement » MINEP
2010.
Dynamique et perception de la biodiversité
dans la ville de Ngaoundéré 115
pour les enseignants et comment elle est mise enapplication
vis-à-vis des directives préconisant une approche
concrète. Le second objectif est d'avoir une idée de la
sensibilité des enfants vis-à-vis de la biodiversité et de
la conservation.
De ces enquêtes, il en ressort que : Les
représentations que peuvent se faire les personnes de la
biodiversité sont situées à différentes
échelles allant de l'individu et de son histoire personnelle à un
groupe pouvant être socio-professionnel ou culturel. Le lieu d'origine
des interlocuteurs (enseignants et élèves) est important à
prendre en compte pour évaluer ses connaissanes sur le milieu.
Les résultats entretiens menés aupès de
populations constitués de jeunes scolarisés dans la ville de
Ngaoundéré, ont montrés que lesavoir sur l'environnement
relevant du milieu scolaire est sources importante de conservation des
espèces, car dans les salles de classe, ils sont sensibilisés sur
les questions environnementales, sur les usages ou la surexploitation des
ressources naturelles, et notamment sur conséquence de cette
surexploitation et la nécessité de préserver les
ressources biologique pour en fin lutter contre la dégradation de
l'environnement. C'est ainsi que dans de nombreux lycées et
collèges de Ngaoundéré, les jeunes s'organisent en
club25, pour traiter des questions relatives à la
préservation de l'environnement.
? Cas pratique au lycée de Burkina à
Ngaoundéré
La question de l'éducation relative à
l'environnement est tant bien que mal mise en pratique dans de nombreux
lycées et collèges de la ville de Ngaoundéré ; des
enquêtes menées auprès des enseignants et
éléves de ce lycée, nous ont permis de relever une
présence effective d'une éducation basée sur les questions
environnementales ; ceci à travers des programmes scolaires
basées et l'organisation des jeunes en club visant à traiter des
questions de préservation des ressources pour un « environnement
sain » . Dans ce lycée, il existe un club dénommé le
« club des amis de la natutre », qui mobilise en son sein, de
nombreux élèves sous la supervision du proviseur. Leurs actions
consistent en la plantation des arbres dans et autour du lycée, avec
l'opération dénommée « un élève, un
arbre », la création des jardins et des espaces verts, le le
ramassage des ordures dans l'enceinte du lycée. Par ailleurs, ces
élèves sont aussi d'acteurs important dans la chaîne de
sensibilisation communautaire, dans la mesure où ils vulgarisent
également leurs savoirs acquis à l'école à des
couches
25 Organisation de personnes regroupées autour
d'une problèmatique d'ntérêt commun
Dynamique et perception de la biodiversité
dans la ville de Ngaoundéré 116
sociales beaucoup plus large, et ils participent
également aux actions de gestion environnementale mise en place par les
cmmune par le biais des gestions commnautaires.
? Mise en place des projets de reboisement dans les
établissements d'enseignement secondaire
Tableau 23. Projet de reboisement des
établissements d'enseignement secondaire
N°
|
Etablissements
|
Nombre de plants
|
Espèces
|
Arrondissements
|
1
|
LYCLA/N'déré
|
100
|
jakaranda, calistermone, flamboyant, cassia
|
N'déré I
|
|
|
|
|
|
2
|
C.E.S. de Béka
|
100 caïlcédrat, cassia,
flamboyant
|
N'déré I
|
3
|
C.E.S. de Dibi
|
150
|
caïlcédrat, cassia, calistermone
|
Nyambaka
|
4
|
C.E.S. de Martap
|
50 jakaranda, caïlcédrat
|
Martap
|
5
|
C.E.S. de Gada-Mabanga
|
150
|
cassia
|
N'déré II
|
6
|
E.P. de Gada-Mabanga
|
100
|
cassia
|
N'déré II
|
7
|
E.P. de Biskewal
|
75
|
cassia
|
N'déré II
|
8
|
E.P. de
Ngaoussaye
|
150
|
cassia
|
N'déré II
|
9
|
E.P. de Vela-Mbaï
|
55
|
cassia
|
N'déré II
|
10
|
E.P. de Mbalang Djalingo
|
100
|
cassia
|
N'déré II
|
11
|
E.P. de Yondon
|
100
|
cassia
|
N'déré II
|
12
|
E.Cath.
Gadamabanga
|
50
|
cassia
|
N'déré II
|
Source : Communauté urbaine de Ngaoundéré
Dans le cadre de la préservation de l'environnement,
les établissements d'enseignement sécondaire ont mis en place des
clubs avec le soutien des communes pour reboiser ces établissements, des
projets sont ainsi soumis aux communes qui ensuite offrent les moyens (finacier
et matériel) pour la réalisation des dits projets.
Dynamique et perception de la biodiversité
dans la ville de Ngaoundéré 117
? Le rôle du gouvernement dans la
préservation à travers le MINFOF
Le secteur Forêt et Faune au Cameroun fait
référence à tous les activités liées
à la forêt et la faune, allant de l'exploitation forestière
jusqu'aux activités de préservation des espèces. Ce
secteur est sous la responsabilité du Ministère des Forêts
et la Faune (MINFOF). Plusieurs autres ministères interviennent au sein
de ce secteur en tant que parties prenantes. Il s'agit duMINEPDED
(Ministère de l'Environnement, de la Protection de la Nature et du
Développement Durable), du MINEPIA (Ministère de l'Elevage, de la
Production et des Industries Animales), du MINADER (Ministère de
l'Agriculture et du Développement Rural) et du MINEPAT (Ministère
de l'Économie, de la Planification et de l'Aménagement du
territoire). Son rôle est d'assurer une fonction écologique de
protection de l'environnement et de préservation de la
biodiversité.
La législation en vigueur au Cameroun témoigne
du déclin de la faune. En application de la loi 94/001 du 20 janvier
1994 portant régime des forêts, de la faune et des pêches,
les animaux qui doivent faire l'objet de dispositions juridiques sont
classés en trois catégories: 1) ceux qui appartiennent à
une espèce menacée et qui doivent être
protégés intégralement, 2) ceux qui n'appartiennent pas
à une espèce menacée et vulnérable, mais qui ne
peuvent être chassés que dans des circonstances exceptionnelles,
3) ceux dont le statut est satisfaisant et dont la chasse est autorisée
moyennant un permis
Les actions du MINFOF, passe par la sensibilisation des
populations pour la protection et la gestion des savanes. Cette sensibilisation
est effectuée par les média (radiodiffusion,
télévision, journaux, livres et bandes dessinées, centres
des documentations, guides, brochures d'information, conférences,
débats, voyages d'études, tables ronde, écotourismes), des
associations communautaires et des activités économiques. Un
comité de pilotage de la sensibilisation est mis en place dans chaque
village. Ce comité est chargé de la collecte d'information et de
la formation des populations locales sur les modes de gestion des coupes de
bois, de la programmation des activités de sensibilisation et
d'information et d'évaluer les impacts de la sensibilisation sur la
gestion des ressources forestières pendant une période de
démonstration (trois ans).
? La repression
Le MINFOF, dans ses stratégies de co nservation ou de
lutte contre le trafic des espèces floristiques et fauniques (cope du
bois frais et braconnage au sein des aires
Dynamique et perception de la biodiversité
dans la ville de Ngaoundéré 118
protégées), emploie le plus souvent la
représsion qui ; consiste en l'arrestaion par la violence des personnes
impliquées dans ces actions de destruction de la biodiversité.
C'est ainsi en de nombreuses cargaisons de viande de brousse, en provenance des
aires protégées habituellement arrétées sur les
axes routier et même sur la voie ferrovière par des agents des
eaux et forêts chaque année.
Une importante cargaison de viande de brousse
constituée d'un peu plus de 9 espèces animales parmi les quelles
Hypotraques, cops de Buffon, guibs-harnachés,
phacochères-potamochères, céphalophes, porcs-épics,
boas et taupes en provenance de Tignère dans le Faro-et-Déo
(MINFOF 2015). Cette précision permet de croire que ces animaux ont
été tués au parc national du Faro parce qu'il est
situé au Sud de cette localité ». Ce trafic, le plus souvent
se fait suivant une chaine, qui va des braconniers, jusqu'aux commenditaires,
en passant par les transporteurs. C'est ainsi qu'en remontant la chaine du
trafic, les éléments du MINFOF vont aller jusqu'au domicile du
commanditaire, la sis au quartier Burkina à Ngaoundéré
(MINFOF 2015). Toutefois d'importantes quantités de viande de brousse,
ont été saisies (photo456 paquets de viande), et ont
été vendus aux enchères publiques et les fonds
reversés au Trésor public comme l'exige la
réglementation.
ClichéMINFOF 2013
Photo 5. Des paquets de viande de brousse
saisis à Ngaoundéré.
Ngaoundéré, étant une zone carrefour,
terminus du chemin de fer et zone de transition entre le Sud forestier et le
Nord sahélien, se trouve être également une zone de
Dynamique et perception de la biodiversité
dans la ville de Ngaoundéré 119
transaction de produits issus des exploitations
illégales des produits fauniques (pole de vente de viande de brousse),
et surtout des espèces classées protégées par les
loies en vigueurs.
? Application des lois relatives à la protection
de la faune
Dans un souci de préservation des epèces
biologiques du territoir camerounais, le gouvernement a mis en place de
multiples lois portant régime des forêts et de la faune (la loi
N°94/01 du 20 janvier 1994). En application des dispositions de l'article
78 de la dite loi, les espèces animales vivant sur le territoire
national sont réparties en trois classes de protection A, B, et C.
Tableau 24. Classe de protection des animaux
Classes
|
A
|
B
|
C
|
Catégories
|
Mammifères, Oiseaux, Reptiles, Batraciens
|
Mammifères, Oiseaux, Reptiles
|
Autres que A et B
|
Nature de la protection
|
Protection intégrale
|
Protection partielle
|
Protection partielle
|
tendances
|
Rare ou en voie de disparition
|
Menacées
|
Assez fréquent
|
Les permis d'exploitation et les autorisations personnelles de
coupe, sont exclusivement réservés à des personnes de
nationalité camerounaise en vue de favoriser leur accès à
l'exploitation forestière. Les titres du premier type confèrent
à leur titulaire le droit d'exploiter ou de récolter dans une
zone donnée des quantités ben définies des produits
spéciaux, le bois d'oeuvre d'un volume n'excédant pas 500
m3, le bois de chauffage et des perches, à but lucratif.
Le régime des sanctions est essentiellement
répressif et la loi prévoit des sanctions pénales et
administratives. Par contre, les mesures sont rarement appliquées.
Dans un contexte de croissance des villes des pays en voie de
développment et du souci de communautés visant à mettre en
place des stratégies d'atténuation et d'adaptation aux
changements environnementaux, il nous paraît donc capital de comparer et
de coupler les connaissances locales aux données quantitatives
disponibles, et reconnaître ainsi la valeur du savoir local comme source
d'information.
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ville de Ngaoundéré 120
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