4 Impact du diplôme sur les pratiques :
· dans les activités
d'éveil :
Ev auxi à la crèche parentale, fait une
activité dessin .Deux enfants ont rejoints l'activité à
contre coeur mais pour Ev il s'agissait de les faire sortir de leurs
caprices.
Malo était prostré avec son doudou et Jeanne
pleurait.
Malo réclame ses parents, elle se sert de cette
activité pour dessiner son papa, sa maman et lui.
Elle m'explique l'intérêt thérapeutique
du dessin, elle précise que ça marche très bien pour
réconforter les enfants.
Malo, dont la maman est enceinte, a du mal à se
séparer de son doudou, elle lui indique que sa maman sera toujours sa
maman et qu'il sera toujours le seul Malo de la maison mais que bientôt
il aura un petit bébé à la maison comme certains de ses
copains de la crèche. Elle lui fait le dessin de sa maman pour lui
symboliser la grossesse de sa maman, au dos elle dessine la maman, le
bébé et le reste de la famille.
Suite à cette scène que j'ai noté, j'ai
demandé à Ev si elle avait acquis ces connaissances de
psychologie de l'enfant en formation, elle m'a répondu qu'à son
époque en formation il y avait moins de psychologie de l'enfant
qu'aujourd'hui, et qu'elle se documentait beaucoup (comme elle est responsable
à la fédération des crèches parentales du lot elle
reçoit de nombreuses publications et participe à de nombreux
colloques) et qu'au fil de l'expérience elle a appris à
désamorcer certaines situations qui pourrait poser problème
à l'enfant (nouvelle naissance, séparation..).
Je remarque au sein de la crèche parentale que dans
leurs motivations à faire des ateliers certaines me donnent l'argument
de l'éveil de l'enfant (Gen CAP et , Nad CAP) quand d'autres me parlent
de possibilité thérapeutiques ou de dédramatiser des
situations (Ev Auxi,K CAP)
On constate donc que les personnels qui pensent
l'activité comme thérapeutique sont celles qui ont une formation
axées sur le côté médicale ou sur le
côté psychologique (Ev est auxiliaire de puériculture et K
a suivi une un cursus en licence de psychologie).Tandis que les accueillantes
qui pensent l'activité comme facilitant avant tout l'éveil de
l'enfant, ont une formation plus centrée sur le côté
pédagogique (CAP petite enfance).
Cependant ce constat n'est pas généralisable car
il faudrait que ces résultats se vérifient sur de nombreuses
structures pour pouvoir les généraliser.
K CAP (a une licence de psycho)
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Activité marionnette : Met en scène
des situations de séparation pour montrer aux enfants que les mamans
reviennent toujours
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Intérêt : faciliter la séparation
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Ev (auxi)
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dessin
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Intérêt : accepter un changement de
situation personnelle mettre en image un problème
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Gen (CAP)
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Jeux de texture pieds mains
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Intérêt :Eveil des sens, ressentir les
textures développer le toucher
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Nad (CAP)
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Jeux de riz, transvasement
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Intérêt : notion de volume contenu
contenant
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- dans les représentations :
En ce qui concerne la représentations que les
personnels se font de leur diplôme on remarque des
représentations communes. Les auxiliaires pensent leur formation plus
complètes que le CAP petite enfance, et les CAP sont en quête de
plus de connaissances médicales , elles se sentent comme
complexées de ne pas avoir ces connaissances .N a fait le CAP puis la
formation continue d'auxiliaire de
puériculture : « c'est plus enrichissant que le
CAP car on est formé sur l'enfant malade, le
handicap... »
D : « les CAP elles, doivent faire la
même chose que nous alors que le CAP est moins
complet. »
Quant à B (en cours de VAE auxiliaire), elle aurait
voulu faire la formation pour avoir les connaissances médicales.
Dans leurs pratiques au quotidien je n'ai pas noté
d'indices majeures pouvant mettre en évidence des différences de
pratiques liées à la formation.En effet, les professionnelles
rencontrées sont beaucoup influencées par ce que
j'appellerai « l'effet établissement»,
les nouvelles sont formées par les plus anciennes et rentrent dans le
moule de l'établissement en calquant leur pratiques sur celles des
anciennes.
C'est le cas de M (CAP dans la crèche municipale) qui
me disait être encore en apprentissage, et j'ai remarqué qu'elle
suivait à la lettre les conseils de son binôme
« E » (E est auxiliaire de puériculture, EJE par
VAE).
Enfin, pour les EJE elles voient leur formation comme
ancrée dans la réflexion permanente sur le bien être de
l'enfant et se sentent investies d'une mission d'ajustement des pratiques aux
enfants dans une perspective de bien-traitance.
C'est aussi le cas de personnel comme k qui a une licence de
psycho et Ev qui est auxi mais qui par sa fonction à la
fédération des crèches parentales à de nombreuses
connaissances en psychologie et développement de l'enfant .Toutes deux
ont tendance, avec les EJE, à définir leurs rôles comme
marqués d'une réflexion autour d'une philosophie de la
bien-traitance ;
Cette recherche de la bien-traitance est également
visible chez les CAP mais elle se la représente différemment
ainsi pour les activités sur le développement de l'enfant elles
voient leur rôle comme une aide à grandir harmonieusement .
Elles inscrivent la bien-traitance comme une notion de
bonheur, quand celles qui ont des connaissances en psychologie de l'enfant
parlent d'individualité ou de respect de l'enfant.
Le recul qu'elles ont sur leur
formation initiale:
D a fait la formation d'auxi en 77, elle dit qu'à
l'époque c'était plus adapté au bébé
(maternité, pédiatrie...) mais une fois en crèche il a
fallu apprendre l'éveil, le développement de l'enfant de deux ou
trois ans, et surtout faire les ateliers. Elle a appris cela « sur le
tas ». Elle aurait souhaité être mieux préparer
au travail en crèche.
Souhait pour la formation continue :
Auxi et Cap aimeraient plus de connaissances en psychologie de
l'enfant. L'EJE de la crèche parentale souhaiterait apprendre de
nouvelles choses (elle parle de la formation pour apprendre à signer
avec les enfants).
Conclusion de la partie
2 :
Professionnalisation des individus :
La formation impact moins sur les pratiques que sur la
représentation que les employés ont de la bientraitance.
Les personnels formés en psychologie de l'enfant ont
certaines notions de bientraitance ancrées dans le respect de
l'individualité de l'enfant quand les autres professionnels voient la
bientraitance comme une façon de concourir au bonheur et au
bien-être de l'enfant.
Cela a un impact relatif sur les pratiques car les
accueillants vont en fonction de ces représentations mettre en oeuvre
les activités de façon différente. En effet le but de ces
activités sera différent, thérapeutique pour les
professionnelles issus de formations sanitaires, éducatif (éveil
des sens) pour les autres.
La formation impacte sur la répartition du travail au
sein des équipes.
En effet, lorsque les équipes travaillent en
binôme auxiliaire/CAP on constate que les plus jeunes enfants sont
encadrés par des auxiliaires de puériculture et les plus grands
par les titulaires d'un CAP petit enfance.
Professionnalisation de la
structure :
En dehors de la formation on note que l'impact de
l'ancienneté sur les pratiques est plus marqué, ainsi que celui
de l'effet structure.
En outre, sur les deux structures les pratiques
professionnelles semblent plus influencées par le fonctionnement et le
projet d'établissement que par le diplôme (même si celui-ci
à un impact sur les représentations des professionnels et sur la
répartition des tâches au sein des équipes).
Ainsi dans la crèche municipale la pédagogie
Loczy et le Groupe Analyse de la Pratique (GAP) alimentent la réflexion
sur la prise en charge de l'enfant. Cela incite le personnel, bien
qu'isolé en section, à une cohérence d'équipe.
De plus le fait d'être la référente d'un
enfant, de changer de section et de suivre l'enfant dans son évolution
permet une réflexion adaptée à l'enfant et un lien de
continuité aussi bien avec l'enfant que la famille.
Ce qui a pour conséquence de responsabiliser le
personnel par rapport à l'enfant.
Dans la crèche parentale la responsabilité des
enfants est collective puisque le personnel se charge de tous les enfants
présents dans le lieu de vie (il n'y a pas de
référente).
La gestion des enfants et des parents est collective et en
lien avec le planning des personnels : celle qui fera les transmissions
aux parents sera celle présente au moment où le parent revient.
Il y a une proximité, entre les équipes et les parents, qui
différencie la prise en charge de l'enfant, (tel bébé sera
porté à bras car il revient de vacance, un autre mangera en
premier car il a du mal à attendre, un autre aura plus d'attention car
il a besoin de câlin) on sent une individualisation de la prise en
charge, à l'instar de la pédagogie différenciée
à l'école. Dans la crèche municipale, on aura une
pédagogie unique pour tous les enfants, celle de Loczy (on ne porte pas
les enfants , on ne joue pas avec eux, mais on regarde l'enfant jouer , on
l'encourage ,il s'agit de créer un climat optimal pour que l'enfant
initie ses jeux et ses découvertes par lui-même).
Les pratiques sont donc nettement influencées par la
réflexion sous-jacente menée par les professionnelles mais aussi
par les conditions de travail (locaux, moyens) et par l'organisation de la
structure.
On note également que les formations d'équipe
avec un suivie dans le temps paraissent plus efficaces que les formations
suivies par les personnels de façon isolée, notamment parce
qu'elles entraînent des échanges au sein des équipes et une
réflexion collectives qui agit comme un moteur dans le travail
quotidien.
Discussion des résultats:
Il faut remettre en contexte ces résultats, ils
pourraient être généralisés ou infirmés si
l'on prenait comme terrain plus de structures. Donc ces éléments
ne permettent de conclure que sur les deux crèches observées.
Cependant on constate qu'ils corroborent d'autres
résultats d'études comme celle De Sophie Odena (2009) ou encore
celle de Rouyer et Beaumatin 2003 ainsi que celle de Julie Micheau, Éric
Molière et Sophie Ohnheiser (DRESS 2010).
De plus les seules représentations des personnels sur
les activités d'éveil ont été prises en compte.
On pourrait mener une enquête de plus grande ampleur
pour faire le lien entre qualité d'accueil et professionnalisation en
interrogeant les professionnels sur leurs représentations de la
qualité d'accueil.
On choisirait un grand nombre de structures et les
représentations des personnels seraient analysées en fonction du
type de professionnalisation de la structure de façon à
déterminer l'impact des formations initiales, mais aussi l'impact de la
professionnalisation au sein de la structure sur les représentations de
la qualité de l'accueil.
De même on peut déplorer le peu
d'éducatrice de jeunes enfants observées et interrogées(
sur les deux structures seulement trois éducatrices de jeunes enfants
étaient présentes).
IL serait intéressant de comparer les
représentations et pratiques d'éducatrice de jeunes enfants par
rapport aux autres accueillantes.
De même il serait intéressant de comparer les
réflexions autour de la pratique et les pratiques de différentes
structures dont certaines comporteraient un nombre très important
d'éducatrice de jeunes enfants.
Ainsi nous pourrions plus clairement cerner l impact de cette
formation qui est plus spécifique de l'accueil en crèche.
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