PRESENTATION CLINIQUE
Les troubles de régulations thermiques (63,8%)
dominés par la fièvre dans 56% des cas et les troubles
neurologiques (48,8%) dominés par les troubles du tonus dans 86,6% des
cas ont représenté les manifestations cliniques les plus
fréquemment retrouvés dans notre série. Cette tendance est
retrouvée dans les études de Djeumene en 2013 au CME/FCB
(14), Djoupomb à HGOPY en 2007 (13),
Chiabi et al. en 2005 à Bertoua (3) et Kago et
al. en 1991 à Yaoundé (56).
Akaffou et al. en 1998 à Abidjan ont retrouvé
une fréquence des signes digestifs et les troubles thermiques
dominées par l'hypothermie (21). A Madagascar,
Andriamady et al. en 1999 ont noté une prédominance de la
détresse respiratoire et de la cyanose (53). Quant
à Chokoteu au Mali en 2005, il a retrouvé les convulsions et
l'ictère dans la majorité des cas (48).
Jain et al. au Népal en 2003 ont noté la
détresse respiratoire et la léthargie comme étant les
présentations cliniques les plus retrouvées (1),
par contre Manta et al. ont retrouvé en Inde en 2015 une
prédominance de la léthargie et du refus de téter
(10). Masson et al. en 2005 en France ont noté les
troubles digestifs et la fièvre comme signes cliniques les plus
fréquents (45).
Le délai moyen entre le début des
symptômes et le moment de la consultation était de 21 heures avec
des extrêmes de 1heure à 7 jours. Ce résultat est similaire
à celui de Djoupomb (13), de Chomeni (57)
et de Chokoteu (48) qui ont retrouvé un
délai moyen de consultation inférieur à 3 jours. Ce
délai moyen de consultation relativement court peut être dû
au fait que la plupart des nouveau-nés dans notre série
étaient des prématurés.
BILANS PARACLINIQUES
1. Anomalies de la NFS
Dans notre étude, 196 nouveau-nés ont fait la
NFS parmi lesquels 79,6% avaient une anomalie. Ce résultat est
supérieur à celui de Djeumene au CME/FCB (51,1%)
(14), Djoupomb à HGOPY (56,5%) (13) et
Akaffou et al. à Abidjan (11,7%) (21).
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DISCUSSION
Concernant le taux de leucocytes, nous avons eu 6,1% de
leucopénie, résultat supérieur à ceux
retrouvés par Djeumene (4,6%) (14) et inférieurs
à ceux retrouvés par Djoupomb (10,7%) (13),
Chokoteu au Mali (19,6%) (48) et Rania et al. en Egypte (27%)
(43). Pour ce qui est de l'hyperleucocytose, nous avons eu
15,8% de cas, résultats inférieurs à ceux de Djoupomb
(24,4%) (13), Chokoteu au Mali (68,7%) (48)
et Rania et al. en Egypte (64%) (43).
Le taux de leucocytes totaux, neutrophiles totaux, le rapport
des neutrophiles immatures sur neutrophiles totaux et le taux de plaquettes
sont des marqueurs de l'infection. En effet, le taux de leucocytes a une
sensibilité qui varie de 17 à 90% et une
spécificité qui varie de 31 à 100%, la leucopénie
et la neutropénie ont une spécificité
élevée. Le ratio I/T > 0.2 est un marqueur de l'infection avec
une sensibilité de 100%, une spécificité de 04%, une
valeur prédictive positive de 13% et une valeur prédictive
négative de 100% (33,34,58).
La thrombopénie dans notre série était
notée dans 57,6% des cas. Ces résultats sont supérieurs
à ceux de Djeumene au CME/FCB qui a retrouvé 31,2% (14)
et Rania et al. en Egypte avec 5% des cas qui ont
présenté une thrombopénie (43). Par
contre, ils sont inférieurs à ceux de Djoupomb à HGOPY qui
a retrouvé 66,4% de thrombopénie (13) et
Chokoteu au Mali avec une thrombopénie de 100% (48).
La thrombopénie est un marqueur de l'infection
bactérienne tardive et sévère (33,34). En
effet, Nankam en 2012 à Douala a retrouvé que la
thrombopénie avait une valeur prédictive positive pour l'INN de
66,7% (59).
2. Anomalies de la CRP
Des 221 nouveau-nés ayant fait la CRP, 57,4% ont eu un
résultat positif. Ce résultat est proche de celui de Djoupomb
à HGOPY (66,4%) (13), inférieur à celui
d'Akaffou et al. à Abidjan (71,4%) (21) et de Rania et
al. en Egypte (77%) (43). Il est par contre supérieur
à celui retrouvé par Djeumene au CME/FCB (22,2%) (14)
et Chokoteu au Mali (38,8%) (48).En effet, pour le
diagnostic de l'infection néonatale précoce, la CRP a une
sensibilité de 43 à 90% et une spécificité de 70
à 78%. La valeur prédictive positive de la CRP dans les INN
précoce varie entre 93 et 100%, la CRP est donc un marqueur
spécifique et tardif de l'infection néonatale. Un dosage
séquentiel de la CRP augmente sa sensibilité et sa
spécificité chez les nouveau-nés suspects d'infection
néonatale (33,34). En effet, le dosage sérique
de la CRP est utile dans le diagnostic et l'évaluation du
nouveau-né suspect d'INN. Deux valeurs prises séparément
de CRP < 1 mg/dl obtenue en 24 heures, 8 à 48 heures après
l'admission,
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DISCUSSION
indique que l'infection bactérienne est improbable. La
sensibilité d'une CRP normale à l'évaluation initiale
n'est pas suffisante pour justifier une antibiothérapie
(60).
3. Ecologie bactérienne dans l'INN
Pendant notre période d'étude, nous avons eu 25
cultures bactériennes positives sur 104 faites, soit une incidence de
positivité de l'INN de 24%. Cette incidence est supérieure
à celles retrouvées dans des études locales et africaines
; Djeumene en 2007 au CME/FCB de Yaoundé (7,3%) (14),
Awoumou en 2010 au CHU de Yaoundé (18,5%) (23) et
Chokoteu en 2005 au Mali (2,3%) (48). Nos résultats
sont similaires à ceux de Shrestha et al. au Népal en 2007 qui
retrouvait une incidence de 20% (61). Par contre, ils sont
inférieurs à ceux de Rania et al. en Egypte en 2014 avec pour
incidence 78,2% (43), ceci dû au fait que
l'hôpital Universitaire du Canal de Suez d'Egypte est une grande
structure de référence avec un plateau technique d'appoint et un
personnel disponible et qualifié ( une infirmière pour deux
nouveau-nés). Dans cette série, tous les nouveau-nés
avaient fait une hémoculture à deux reprises, ceci augmentait les
chances d'isoler un germe et donc la fiabilité de ce résultat. De
plus ces prélèvements ne nécessitaient pas de paiement par
les parents avant d'être effectués, contrairement à notre
étude.
Le profil bactérien de façon globale dans notre
série, a révélé une prédominance des
bacilles gram négatifs dans 56% des cas avec pour chef de file E
coli (36%) suivie du Klebsiella (16%). Ce constat est similaire
à celui de Guemnaing (50) et Djeumene (14)
au CME/FCB respectivement en 2000 et 2013, Awoumou en 2010 au CHUY
(23), Djoupomb en 2007 à HGOPY (13) et
Chiabi et al. à Bertoua (3) pour les études
locales. Ce profil bactérien dominé par les grams négatifs
est également retrouvé dans d'autres pays comme la Cote d'ivoire
en 1998 (21), le Maroc en 2015 (44), l'Egypte
en 2014 (43), la Tunisie en 2013 (62) et
l'Inde en 2015 (10).
Néamoins nous avons eu 44% de Cocci gram positifs en
occurrence le Staphylococcus aureus. Il était le germe le plus
fréquent au Népal dans 50% des cas (52) et 38,8%
des cas (61), en l'Inde dans 50,7% des cas (63)
et dans une étude menée par l'OMS en 2015 dans six pays
en développement dans 43,4% des cas (64).
Durant notre période d'étude, dans la
période néonatale précoce tout comme dans la
période néonatale tardive, on a retrouvé une
fréquence des Gram négatifs respectivement dans 52,6% et 66,7%
des cas. Notons que parmi les 19 germes isolés dans la période
néonatale précoce, on a noté 9 Gram positifs en occurrence
le Staphylococcus aureus, parmi lesquels 6
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DISCUSSION
soit 66,7% étaient isolés sur les
prélèvements des nouveau-nés venant d'autres structures
hospitalières ou du domicile.
La forme clinique la plus fréquente a été
la septicémie, surtout dans la période néonatale
précoce (88,2%) avec 52,9% de gram positif et 35,3% de gram
négatif. La prédominance de la septicémie dans la
période néonatale précoce corrobore avec les
résultats retrouvés dans d'autres études
(10,13,14,21,47). Nous avons retrouvé dans notre
série, pendant la période néonatale tardive une
répartition égale de l'infection urinaire et de la
méningite dans 50% des cas. Dans d'autres études, on retrouvait
une prédominance des méningites (1,47) et de
l'infection urinaire (13,14) dans la période
néonatale tardive.
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