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Analyse didactique des effets d'un enseignement valorisant les compétences méthodologiques et sociales sur les apprentissages. Une étude de cas en éducation physique et sportive.

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par Julien Cordelois
ESPE Midi-Pyrénnées, Toulouse Jean-Jaures (Toulouse 2) - Master PIF MEEF OPMSPI 2015
  

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2.1.2 CONSIDERATIONS TERNAIRES

L'acte didactique a pour but d'instruire, d'enseigner, d'informer. La ternarité fonde la didactique pour Chevallard (1985). L'intention de l'enseignant y est traduite en réponse à son désir d'expliquer à l'élève comment développer les compétences attendues.

Cet acte relie élève, enseignant et savoirs. Il met en place les conditions de l'apprendre, de l'enseigner et du former (Giordan & al, 1994)16.

Mais cet acte est posé au sein d'un environnement conditionnant la nature des interactions entre acteurs. La question posée à l'enseignant est celle de la manière dont il va s'instrumentaliser au service des apprentissages de ses élèves (au sens de Rabardel, 1995). L'enseignant porte la responsabilité des contenus d'enseignement. A son désir de mise en forme des savoirs est associé la réalité des conditions d'enseignement : caractéristiques du public, du contexte matériel et humain, des savoirs. Grâce à la qualité de son organisation et de ses mises en oeuvre, l'enseignant définit le périmètre du triangle didactique (élève-enseignant-savoirs).

Le rôle de l'enseignant, au sein du milieu didactique*17 qu'il conçoit, tout comme sa prise en compte de la spécificité du contexte, nous questionne. En posant la question de l'effet d'un enseignement valorisant les C.M.S. incluses aux situations, sur les apprentissages, nous tentons d'explorer les modes de présentation et de transmission-appropriation des savoirs au sein des milieux didactiques.

Ce processus par lequel le professeur aménage un milieu avec lequel il attend que ses élèves interagissent pour apprendre est appelé mésogenèse (présentation (ostension) des objets, gestion des connaissances anciennes, gestion des rapports avec les autres) (Chevallard, 1992 p.95).

La réflexion sur les C.M.S s'initie en prenant acte du principe du tiers exclu dans le modèle de Houssaye (1988). Lorsque deux (élèves, enseignant, savoirs) des éléments existent de façon privilégiée, il faut que le troisième accepte de «faire le mort». Notre projet est de

15 MARTINAND, J.-L. (1989), Pratiques de référence, transposition didactique et savoirs professionnels en sciences techniques. Les sciences de l'éducation, pour l'ère nouvelle, n° 2

16 ASTOLFI J.P., GIORDAN A., DEVELAY M., (1983). L'élève et/ou les connaissances scientifiques, Peter Lang, Berne

HOUSSAYE J. (2000 (3e Éd., 1re Éd. 1988). Le triangle pédagogique. Théorie et pratiques de l'éducation scolaire, Peter Lang, Berne

17 Milieu didactique :* Le milieu didactique est la partie de la situation d'enseignement avec laquelle l'élève est mis en interaction (aspects matériels, sémiotique).

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valoriser le retrait de l'enseignant afin de promouvoir la relation entre l'élève et la compétence attendue en natation de vitesse. Aussi, si l'enseignant se retire au profit de l'activité de l'élève, il faut que la sémiotique de son propos, de ses interactions, soit portée autrement. C'est à mon sens le rôle de la médiation par le milieu didactique, celui des outils utilisés, rôles et responsabilités endossés.

En termes de médiation, nous questionnons les ressources éducatives au service des apprentissages disciplinaire : médias, ressources humaines, outils, etc.

Les ressources éducatives possèdent à la fois une fonction de mise à disposition des savoirs ainsi qu'une fonction de socialisation et de communication. Elles peuvent être matérielles, humaines, relationnelles. L'apprenant peut être l'objet, le sujet ou l'agent dans la situation. L'enseignant peut jouer le rôle de transmetteur, de référent du savoir ou de ressources, d'accompagnateur. Il active successivement ces rôles afin d'optimiser la réalisation de l'apprentissage.

Dans la transmission des savoirs (interaction savoirs-enseignant-contexte) se joue une demande croissante d'information (sur l'intention de formation) à destination des premiers usagers de l'école que sont les élèves. Il me semble que l'élève en difficulté (B.E.P, éducation prioritaire) aspire à réussir. Mais à défaut de savoir ce qu'il a à faire, à réussir, faute d'être informé sur comment réussir, il adhère plus difficilement aux situations proposées et désinvestit les savoirs.

Si l'on reprend la compétence attendue en natation de vitesse, nous n'ignorons pas que la fin de la compétence est relative à la compétence méthodologique et sociale dont nous parlons. À ce titre, elle relève également d'un apprentissage disciplinaire. La C.M.S n'est donc pas une ressource éducative ; elle relève de savoirs-être non moteurs supposés favoriser l'acquisition des savoirs moteurs. Leur utilisation au sein des situations procède d'une stratégie d'optimisation de la mise en relation des savoirs moteurs et non-moteurs ; stratégie pensée pour renforcer l'effectivité du rapport à la finalité de l'E.P.S.

La mise en évidence stratégique des connaissances, capacités et attitudes relatives aux C.M.S concoure à l'acquisition des compétences attendues chez les élèves.

Dans un monde à la complexité croissante, dans une école refondée de manière inclusive (au sens de la loi d'orientation du 08 juillet 2013 (M.E.N, 2013)), il est prescrit que l'acte d'enseignement soit organisé non seulement pour permettre une réussite optimale au moment de l'apprentissage, mais aussi, pour poser les conditions de la transposition de cette

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réussite (atteindre une finalité disciplinaire en E.P.S). Nous retrouvons cette pensée au niveau européen avec la notion de compétence clés.18

La valorisation des C.M.S dans notre enseignement de l'E.P.S procède de cette intention : jouer sur « l'apprenance » (Carré, 2005) via les C.M.S pour produire des effets sur les apprentissages. La méthode et surtout les relations entre élèves au sein des situations d'enseignement-apprentissage, font office de variable de commande, c'est-à-dire des variables qui permettent de provoquer l'efficacité, qui provoquent de véritables transformations (Paris & Artigue, 1988 ; Marsenach, 199119).

C'est au pôle « savoir » que nous nous intéressons ; pôle qui questionne ce qui se transmet y compris les savoirs-être, charnière ici désignées par notre intention de recherche. Le triangle didactique peut être utilisé pour questionner le pôle savoir à l'aide des relations qu'il entretient avec ses deux autres composante.

Cette atteinte du disciplinaire grâce aux C.M.S relève d'un déplacement lié à ma lecture des enjeux contemporains de l'Instruire-Éduquer-Former. Aussi, l'entrée-accompagnement dans les apprentissages disciplinaires à l'aide des apprentissages liés à la subjectivation de l'élève est un processus qui fait sens chez l'enseignant que je suis. L'assujettissement de l'agent au cadre fixé par l'institution est teinté de la lecture qu'il fait de la commande et des enjeux, à son niveau de responsabilité, dans sa temporalité. Notre choix procède d'une inclinaison vers l'Instruire et l'Éduquer davantage que vers le Former. L'analyse critique de la notion de compétence, de réussite scolaire et d'hétérogénéité m'aura influencé dans ce domaine. Ces tensions sont inhérentes à la fonction d'enseignant. La prise de décision entraîne nécessairement des tensions entre intentions prisées et publiques, à court terme et à long terme, didactiques, pédagogiques et axiologiques (Portugais. J, 1999)20.

Cette réflexion sur les tensions autour des pôles du triangle didactique et notamment du savoir, a accompagné le développement du concept de « déjà-là intentionnel » qui est une des trois instances du déjà-là décisionnel à l'origine de toute décision en enseignement - apprentissage. Entre intentions relatives à l'instruction, à l'éducation et à la formation, les tensions repérées rendent compte, et s'inscrivent dans une logique propre au sujet

18 Parlement européen, le 26 septembre 2006 : « une compétence est une combinaison de connaissances, d'aptitudes (capacités) et d'attitudes appropriées à une situation donnée. Les compétences clés sont celles qui fondent l'épanouissement personnel, l'inclusion sociale, la citoyenneté active et l'emploi. »

19 ARTIGUE M. (1988) Ingénierie didactique, Recherches en Didactique des Mathématiques, Vol 9, n°3 MARSENACH J. (1991) Éducation Physique et Sportive. Quel enseignement ? Paris, INRP.

20 PORTUGAIS. J (1999). Esquisse d'un modèle des intentions didactiques. Actes des secondes journées didactiques de La Fouly, 57-88.

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enseignant (singulier, assujetti et divisé dans et par son inconscient). Les décisions qui en découlent relèvent d'arrangement, de compromis, parfois de compromissions élaborées entre concessions et renoncements (Carnus, 2002)21.

« Il est donc clair dans ce contexte que l'intention d'enseigner des connaissances identifiées à l'avance est première sur toute construction et tout choix de situation, c'est d'ailleurs cette intention reconnue par les élèves eux-mêmes qui rend légitime l'aventure dans laquelle le professeur et les élèves s'engagent, avec les incertitudes qui y sont liées. » (Ratsimba-Rajohn, 1982, p.65-113).

Cette présentation institutionnalisée de la compétence ne doit pas faire oublier que pour la recherche en éducation et en formation, la compétence reste une notion ambiguë, voire une énigme (Dolz & Ollagnier, 2002). Sa composition est de l'ordre du prescrit. Elle est issue du langage des praticiens. L'infiltration de la notion dans le domaine scientifique manque encore d'étayage. Cela fait courir d'une confusion entre ce qui relève de la théorie et de la pratique. Cela affaiblit la qualité des allers-retours théorie-pratique propres à la démarche épistémologique (Bachelard, 1938). Les différents acteurs de l'éducation nationale désignent-ils le même objet lorsqu'il évoque la compétence (l'élève, le processus d'apprentissage, les savoirs) ?

Cet alignement des opinions au service d'une action éducative commune valorise les aspects utilitaires du savoir. Nous remarquons surtout que la compétence, ce terme consensuel au niveau de politiques globalisées, n'est pas pensé épistémologiquement.

Or pour Bachelard (Bachelard, 1938, p.14), «En désignant les objets par leur utilité, elle (l'opinion) s'interdit de les connaître. On ne peut rien fonder sur l'opinion : il faut d'abord la détruire. Elle est le premier obstacle à surmonter. Il ne suffirait pas, par exemple, de la rectifier sur des points particuliers, en maintenant, comme une sorte de morale provisoire, une connaissance vulgaire provisoire. (...) Rien ne va de soi. Rien n'est donné. Tout est construit.»

Par exemple, Crahay (2006)22 préférerait parler d'apprentissage plutôt que de compétence, d'égalité des acquis, plutôt que d'égalité des chances.

21 CARNUS, M.F. (2002). Croyances, conceptions, intentions et pratiques effectives dans l'enseignement de la gymnastique : Le cas de l'ATR et du repérage, in J.F. Robin et A Durny (dir), Travaux d'actualité en activités gymniques et acrobatiques, Dossiers EPS, Paris, 57, 160-164.

22 CRAHAY M. (2006), « Dangers, incertitudes et incomplétude de la logique de la compétence en éducation », Revue française de pédagogie n°154

DOLZ J & OLLAGNIER E, (2002) L'énigme de la compétence en éducation, Bruxelles, De Boeck Supérieur «Raisons éducatives»

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La compétence vient renouveler le questionnement entre justice et égalité ; elle interroge les modèles de justice sociale qui organise nos fonctionnements sociaux. La notion de compétence dont on ne peut ignorer qu'elle s'origine dans le lexique de l'entreprise (Chomsky, 1971a) renvoie à un élève adaptable, insérable socialement. Notre démarche s'oriente dans le sens de la justice plus que de l'égalité. Cette pensée provient de la notion d'inclusion scolaire. Nous considérons comme importante l'analyse critique de la notion de compétence dans ce travail, et tout particulièrement celles relevant de l'E.P.S et de la maîtrise de soi en contexte scolaire.

Nous remarquons comme les C.M.S participent à l'incorporation des normes scolaires, partie propédeutique de la norme sociale. L'école participe ainsi à son rôle social (Goirand, 1989), celui de l'incorporation de la culture. Et, quoi qu'on en pense, la culture contemporaine valorise la notion de compétence, afin que l'élève, fort de son portefeuille de compétence, soit employable.

Nous retrouvons ici l'instrumentation de l'école dont parle Charlot, (1999) lorsqu'il évoque que l'on va à l'école davantage pour être formé que pour apprendre.

Cependant, notre propos fait sienne l'hypothèse que « fondamentalement le savoir est libérateur » (Goirand, 1989), et que, par le langage, l'accès à la lucidité, aux apprentissages moteurs, à la conscience de « ce que je sais », « ce que je réussis » et « ce que je dois encore travailler », les élèves acquièrent également la compétence à s'émanciper, tant des doutes, des questionnements relatifs à l'apprendre, que des travers aliénant que l'on associe parfois à cette notion polymorphe.

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"L'imagination est plus importante que le savoir"   Albert Einstein