B. Le constat français de l'impact des EMR sur
l'environnement
Les contraintes environnementales causées par les parcs
énergétiques en mer ont fait l'objet de nombreuses études
étrangères durant les dernières années. Suite aux
appels d'offres débutés en 2011, la France a également
lancé des recherches sur le sujet, qui ont fait l'objet d'un premier
rapport très détaillé (360 pages) du ministère de
l'écologie, du développement durable et de l'énergie en
2012127. Il a été complété le 25 mars
2015 par un rapport de l'Agence de l'environnement spécifique aux
impacts des éoliennes sur le site de Courseulles-sur-mer. Il ressort de
ces documents que les effets des EMR sur l'environnement ne sont pas les
mêmes selon qu'elles sont en phase d'installation (1) ou d'exploitation
(2).
1) Impact lors de l'installation des
EMR
Un constat unanime a été fait concernant les effets
néfastes relatifs au bruit causé par
127 « Energies marines renouvelables : étude
méthodologique des impacts environnementaux et socio-économiques
», ministère de l'écologie, 2012
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l'installation des EMR, en particulier en ce qui concerne les
éoliennes posées. Il a été relevé que le
battage des pieux, permettant de fixer celles-ci au fond marin, atteignait
à 1 mètre de l'éolienne 150 dB, à raison de 30
coups par minutes pendant plusieurs heures
pour l'installation de chaque éolienne. Les
études ont relevé que de tels travaux influaient sur le
comportement des espèces marines, parfois jusqu'à 30 km autour du
site, et étaient perçues par elles dans les 100 km à la
ronde. De plus, le battage causerait des blessures auditives pouvant
entraîner la mort jusqu'à 3 km de distance.
Il est en outre avéré que la majeure partie des
espèces marines ont recours constamment aux fréquences
sous-marines pour communiquer, s'alimenter et se repérer. Les travaux
sur le site de Horns Rev I ayant duré 6 mois, l'équilibre
environnemental existant pourrait s'en trouver fortement bouleversé de
manière durable, au détriment, notamment, de la pêche.
L'installation des éoliennes flottantes serait en
revanche moins perturbatrice, leur rattachement à un point fixe
étant équivalent en termes de décibels au passage d'un
navire. Elles n'ajouteraient donc qu'un bruit supplémentaire dans un
environnement sonore marin déjà passablement surchargé.
Quant aux autres installations EMR, des analyses plus approfondies devront
être réalisées à l'avenir, celles-ci n'étant
encore qu'au stade de prototypes.
2) Impact en phase d'exploitation
Le sujet le plus discuté concerne les effets de
l'implantation d'éoliennes sur les oiseaux. L'impact est difficilement
quantifiable dans la mesure où chaque espèce réagit
différemment, certaines évitant les parcs, d'autres s'y
engouffrant. Si, d'après les études, 99% en moyenne des oiseaux
parviennent à éviter la collision avec les éléments
dynamiques des éoliennes, ce sujet à été l'un des
principaux motifs avancés en 2014 pour justifier l'abandon de la
deuxième phase de construction du site de London Array, qui
prévoyait l'installation de plus de 200 turbines
supplémentaires.
Les éoliennes en mer, lorsqu'elles sont
exploitées, produisent également un bruit. Si les risques de
blessures causées par le bruit d'une éolienne est nul, la faune
marine peut néanmoins le percevoir dans un rayon de plusieurs centaines
de mètres voir plusieurs dizaines de kilomètres selon les
espèces. Les éoliennes auront donc pour effet de les faire fuir
vers le large. Cela aura pour conséquence de provoquer une perte d'aire
d'alimentation pour les oiseaux, ce qui, selon l'Agence de l'environnement, est
une
donnée au moins aussi importante que le risque de
collision avec les rotors. En effet, les oiseaux devront aller plus loin vers
le large pour s'alimenter, ce qui représentera une dépense
supplémentaire mettant en danger les plus faibles.
Enfin, la production d'électricité est
également source d'ondes électromagnétiques. Si celles-ci
ne semblent pas affecter la faune marine, bien que les connaissances sur le
sujets soient encore faibles, elles provoquent assurément des
perturbations sur l'environnement humain les ondes provoquent de nombreux
problèmes sur le traitement des données radar, le mouvement des
pales entraînant la génération de faux échos. Sont
notamment concernés les radars CROSS sur le sauvetage en mer ainsi que
les radars de navigation dans les ports et les voies navigables.
Ces études restent majoritairement limitées aux
éoliennes et délimitent encore avec imprécision les effets
des EMR sur l'environnement. Elles seront donc complétées et
affinées avec la multiplication des parcs et l'utilisation de nouvelles
technologies.
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