La liberté d'opinion et le droit d'expression des travailleurs dans les entreprises au Burkina Faso( Télécharger le fichier original )par Marius WOBA ENAM - DESS 2010 |
B- Les traits du syndicalisme burkinabèLa situation du syndicalisme burkinabè est d'abord marquée par le pluralisme syndical. Ce pluralisme va lui conférer un certain nombre de traits qui marquent sa force et sa faiblesse. 1- La multiplicité des centrales et syndicats des travailleurs autonomesD'une manière générale, les travailleurs s'organisent en syndicats qui sont structurés en syndicats de base ou professionnels, fédérations, confédérations, unions ou centrales syndicales, syndicats autonomes. Le syndicat de base est une organisation syndicale à l'échelon primaire, c'est-à-dire, limité à une entreprise ou à une corporation. Elle ne comporte pas en son sein d'autres organisations jouissant de la personnalité morale. La fédération syndicale est une union syndicale horizontale, c'est-à-dire, regroupant au moins deux syndicats de base d'un même secteur ou branche d'activités. La confédération ou centrale syndicale est une union verticale regroupant au moins deux organisations syndicales de différents secteurs ou branche d'activités. Le Burkina compte sept (7) centrales syndicales reflétant des tendances internationales et au moins 40 syndicats autonomes. Les centrales syndicales sont 35(*): Plusieurs des ces centrales syndicales entretiennent des rapports de collaboration avec des centrales syndicales de pays étrangers (notamment de France, d'Allemagne, de Suisse) ou mondiales (Confédération Internationale des Syndicats Libres : CISL ; Fédération Syndicale Mondiale : FSM ; Confédération Mondiale du Travail : CMT). Certains d'entre elles sont adhérents de l'Organisation de l'Unité Syndicale Africaine (OUSA) dont le siège est à Accra et a été créée en avril 1973. 2- Les traits du syndicalisme des travailleurs burkinabèLe syndicalisme burkinabè peut être caractérisé par un certain nombre de traits dont : la constance du pluralisme, les divisions sur les bases doctrinales, d'où une certaine politisation, la prévalence du syndicalisme dans la fonction publique et une certaine faiblesse tenant à divers facteurs dont l'étroitesse du marché des adhérents potentiels, les salariés. Le pluralisme syndical est une des constantes du syndicalisme burkinabè. Ce pluralisme a constitué une force pour le mouvement syndical, en ce qu'il a contribué à sauvegarder l'autonomie des syndicats par rapport aux pouvoirs politiques. Il a aussi contribué à préserver de manière générale le pluralisme politique en offrant un refuge aux activités politiques dans les périodes où les activités des partis politiques sont interdites ou gelées. Mais ce pluralisme à pour envers un éparpillement des syndicats qui se partagent un marché de salariés publiques et privés étroit et faiblement syndiqués. Le deuxième trait du syndicalisme burkinabè (provenant de l'héritage français) est la division reposant sur les divergences doctrinales et l'alliance plus ou moins ouverte entre partis politiques et syndicats, ainsi que le clivage entre syndicalisme révolutionnaire et syndicalisme réformiste. Si les étiquettes révolutionnaire ou réformiste sont souvent ouvertement revendiquées, les alliances ou affinités avec les partis politiques sont plutôt niées pais apparaissent comme une données constantes. Ces alliances ou affinités ne sont pas en soi condamnables car en favorisant le pluralisme syndical, elles ont par là permis au syndicalisme burkinabè de résister au désir de pouvoirs politiques de se subordonner les syndicats. Les positions doctrinales et politiques qui sont un facteur de combativité, peuvent contribuer au déclin d'un syndicat en fonction des bouleversements politiques. La cristallisation des alliances et affinités est à l'origine des scissions et de la multiplication du nombre de centrales syndicales et des syndicats autonomes. Elle rend aussi pratiquement impossible toute tentative de réaliser un optimum d'unification des syndicats ou même une unité d'action autre que sporadique. A la faiblesse due à l'inefficacité de l'éparpillement s'ajoutent deux autres causes : la faiblesse des effectifs des adhérents et la faiblesse financière. Ces deux éléments sont difficiles à quantifier, les intéressés eux-mêmes se refusant à un minimum de transparence (ils n'avancent pas ouvertement leur nombre d'adhérents). En outre, les syndicats sont beaucoup plus présents dans la fonction publique, même si l'essor du secteur privé dans ces dernières décennies permet une plus grande possibilité d'extension vers ce secteur. La prédominance du syndicalisme dans le secteur public peut expliquer en partie la politisation des syndicats. En plus la confusion entre personnel politique et personnel syndical et de l'instrumentalisation des syndicats dans la lutte politique, la plus grande part des actions de revendications s'adresse à l'Etat qui est leur plus gros employeur. Le syndicalisme burkinabè avec ses traits plus que défavorables à l'action syndicale, conduit les travailleurs, dans le but d'exercer leur droit d'expression direct comme collectif, à utiliser leur droit de grève. * 35 Réf. Annexe Encadré n°6 |
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