5.2.6. Vérification des hypothèses
5.2.6.1. Hypothèse 1 : Les pratiques
pédagogiques insuffisantes du M-E à
l'ENI/TT sont liées au faible niveau de
formation des formateurs dans ce domaine.
Au terme de cette analyse, il paraît opportun de
souligner que la mise en oeuvre du ME est très faible, soit 16 %,
à l'ENI/TT (figure 5) parce que les formateurs ne sont pas suffisamment
formés en la matière. Ainsi, pour 48 % des participants, la
formation est insuffisante voire très insuffisante chez 35 % d'entre eux
(figure 1). Dans 48 % des cas, les agents n'ont été formés
qu'une seule fois (tableau 14). La durée de la formation varie de un
jour, soit 52 %, à plus de sept jours, soit 4 % (tableau 15). Une
écrasante majorité des formateurs, soit 76 %, ne savent pas
filmer une leçon de M-E (tableau 16).
Les résultats obtenus confirment donc notre
première hypothèse de départ.
On s'accorde aujourd'hui à reconnaître que le M-E
facilite beaucoup la formation des futurs maîtres à travers un
certain nombre d'apports.
Parmi les apports du M-E, nous pouvons citer la
décomposition de l'acte d'enseigner en des aptitudes distinctes et
facilement maîtrisables et l'organisation du travail qui est rendue plus
facile du fait que le M-E se déroule à l'intérieur du
centre de formation et non dans les écoles disséminées un
peu partout.
Le M-E assure une meilleure articulation
théorie-pratique et le développement des capacités des
futurs maîtres à analyser des situations pédagogiques,
à s'auto-évaluer, à s'autocritiquer et à se
corriger. Il permet aussi une pratique sécurisante, sans risques sur les
plans pédagogique et psychologique. Il offre une évaluation
efficace et systématique et inaugure une nouvelle conception du
contrôle qui, loin de se dérouler sur un ton négatif, est
en général constructif puisque le superviseur, au lieu
d'évaluer les résultats du futur maître, essaie d'aider ce
dernier sur des questions identifiées à l'avance.
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La structure du M-E offre également un cadre
idéal pour la recherche et l'expérimentation. C'est ainsi que de
nombreux paramètres peuvent y être étudiés (la
durée de la leçon, le contenu, les élèves et les
méthodes). De même, avant d'entreprendre des
expérimentations d'une certaine envergure dans les écoles, on
peut analyser les problèmes et les difficultés y afférents
dans le cadre du M-E.
Bref, l'utilité du M-E dans la formation des
enseignants n'est plus à démontrer en cette ère des
Technologies de l'information et de la communication en éducation
(TICE). Selon Tsafak (2003) : « [...] le Micro-enseignement constitue un
support audiovisuel cardinal dans la formation des formateurs qui coïncide
si heureusement avec toutes les techniques et technologies modernes relatives
» et « concoure à la formation professionnelle des
élèves professeurs » (p. 17).
Malgré tous ces avantages du M-E, la DFIC ne met pas
les moyens suffisants pour former les formateurs des ENI en quantité et
en qualité dans le domaine du M-E.
5.2.6.2. Hypothèse 2 : La non-disponibilité
des ressources matérielles à l'ENI/TT
contribue à un faible niveau de mise en oeuvre
du M-E.
L'analyse et l'interprétation des différents
résultats attestent que même formés dans le domaine du M-E,
les formateurs ne peuvent pratiquer régulièrement le M-E car ils
ne disposent pas d'infrastructures nécessaires à sa mise en
oeuvre. Ainsi, ce sont 65 % des répondants qui affirment que les salles
de M-E ne sont pas dut tout adaptées à la réalisation des
séances de M-E (figures 6) car il leur manque de baie vitrée.
Elles doivent être réhabilitées (figure 7).
Par ailleurs, quand les ressources existent, elles sont peu
accessibles aux formateurs. Ce qui du coup confirme aussi notre deuxième
hypothèse.
Mais le problème de fonctionnement de salles de M-E ne
date d'aujourd'hui et n'est pas spécifique au seul cas de l'ENI/TT. En
effet, entre février et mars 2003, le Professeur Tsafak de
l'Université de Yaoundé I (Cameroun) a mené une
étude sur l'évaluation de quatre institutions de formation des
formateurs au Congo (Brazzaville) pour le compte de l'Organisation des nations
unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO).
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Cette étude a fait un certain nombre de constats
concernant les salles de M-E. C'est ainsi qu'à l'ENI de Brazzaville, il
manquait l'atelier pour l'entraînement des futurs maîtres à
la pratique de l'enseignement. À l'ENS de Brazzaville, c'est le
laboratoire même de M-E (constitué d'une salle de régie et
de moniteurs) qui avait disparu.
À l'allure des évènements, si l'on n'y
prend garde, ce qui est arrivé à l'ENS de Brazzaville peut aussi
arriver à l'ENI/TT s'il ne l'est pas déjà. En dehors du
fait les salles ne sont pas du tout adaptées à la
réalisation des séances de M-E, l'état dans lequel
végètent ces salles et le matériel de M-E laisse à
désirer. Plusieurs appareils ne fonctionnent pas et les salles
utilisées à d'autres fins.
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