3.2.2.1.2. La modélisation
C'est la deuxième phase de la présentation d'une
nouvelle aptitude après son identification. En M-E, elle a
essentiellement pour but de proposer au futur maître un modèle
clair du comportement à imiter et de l'amener à distinguer, dans
des échantillons de comportement pédagogique, ce qui
relève de l'aptitude et ce qui n'en relève pas ainsi que des
exemples positifs et même négatifs du comportement en question.
On distingue la modélisation symbolique (description du
comportement, des instructions écrites ou verbales, des interactions
verbales et éventuellement des indications scéniques) et la
modélisation perceptuelle (présentation du comportement
désiré en situation réelle ou par l'intermédiaire
d'un moyen technique de reproduction visuelle et/ou sonore).
Dans ses recherches sur la modification du comportement en
référence à la modélisation, Bandura (1980) note
que tous les systèmes d'apprentissage à un métier ont
été fondés sur l'imitation par l'apprenti du maître
modèle : l'apprenti doit observer un modèle et modeler son
comportement sur celui-ci. Mais le modelage ou apprentissage vicariant est un
effet de l'observation qui se distingue radicalement d'un simple
mimétisme. C'est en ce sens que Carré (2004/5) définit le
modelage comme :
[...] un travail d'observation active par lequel, en extrayant
les règles sous-jacentes aux styles de comportement observé, les
gens construisent par eux-mêmes des modalités comportementales
proches de celles qu'a manifestées le modèle et les
dépassent en générant de nouvelles compétences et
de nouveaux comportements, bien au-delà de ceux qui ont
été observés (p. 25).
Cependant, certains auteurs (Perlberg, 1970 ; Wagner, 1992)
estiment que le principe de transmission de compétences d'un enseignant
chevronné à un débutant à partir de simples
observations globales et non structurées de ses actions est trop
limité.
Ainsi, Perlberg fait remarquer que : « même si un
stagiaire a la chance de travailler avec un excellent professeur, il ne lui
suffira pas de l'observer pendant ses cours pour
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distinguer et évaluer les caractéristiques du
"modèle" proposé » (p. 35). Pour lui, les styles
pédagogiques supposés être efficaces étant
très nombreux, il faut donner aux futurs maîtres l'occasion de
dégager leurs propres styles en s'inspirant de la multitude des
modèles qui leur seront présentés. À ce sujet,
Berrier (2003) aussi affirme que les futurs maîtres :
[...] doivent construire et se construire une
expérience professionnelle sur de nombreux aspects (maîtrise des
manuels sur le marché, des programmes ministériels ;
répartition de la matière en fonction de ces programmes ;
planification de l'année, du cours ; gestion de classe ; gestion de
l'interaction avec les élèves ; etc.) [...]. Se transformer en
experts est une question de temps, et de temps passé en classe justement
; cela ne s'improvise pas du jour au lendemain (p. 114).
Selon ces auteurs (Perlberg, 1970 ; Wagner, 1992), tout mode
de formation basé uniquement sur une imitation subjective non
reliée à une dynamique personnelle d'apprentissage est
voué à l'échec. C'est pourquoi Wagner trouve la
modélisation plus efficace dans le cadre du M-E. Pour elle, « le
modèle se veut plus efficace grâce à l'identification
précise du comportement à imiter et à la
possibilité de s'essayer immédiatement après la
présentation du modèle » (p. 14).
Alors, si la modélisation a montré ses limites
dans la formation traditionnelle, c'est pour trois raisons : (i) les
comportements à observer ne sont pas identifiés à l'avance
et les observations sont globales et non structurées ; (ii) le
modèle utilisé est souvent unique et l'imitation
intégralement calquée ; (iii) après observation du
modèle, il n'y a pas, par la suite, possibilité de s'essayer dans
la même situation. Des auteurs (Altet et Britten, 1983 ; Wagner, 1992)
font même cas d'un manque de regard critique dans la définition de
ces modèles en termes d'éléments pertinents pour la
formation du futur maître et, ils concluent qu'une imitation abusive du
maître de stage fait perdre au futur maître l'occasion de
s'enrichir car il n'observe pas systématiquement d'autres
modèles.
La modélisation perceptuelle fait recours à la
technologie éducative, un autre fondement du M-E que nous allons aborder
à présent.
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