2. Charles Morris
En 1938, Charles Morris distingue la syntaxe (qui est
l'ensemble de règles qui combinent les signes entre eux), la
sémantique (qui est l'ensemble de règles qui relient un
signifiant et un signifié) et la pragmatique du langage. Il
définit la pragmatique comme l'étude des relations entre les
signes et leurs utilisateurs. Pour lui, elle consistait en l'étude des
pronoms de la première et de la deuxième personne, ainsi que des
adverbes de lieu et de temps et dont la signification se trouve essentiellement
dans le contexte de la situation et non uniquement dans le langage.
3. John Austin
En 1955, John Austin prononce les Wiliam James Lectures
et fonde la philosophie du langage, sans se douter que les Wiliam
James Lectures seront le centre de la pragmatique linguistique pendant
plus de trente ans.
Austin propose une première classification, selon
laquelle la signification des mots est influencée par le contexte dans
lequel ils sont énoncés.
« Nous voyons de plus en plus clairement que les
circonstances d'une énonciation jouent un rôle très
important et que les mots doivent être
« expliqués » pour une bonne part, par le
« contexte » où ils sont destinés à
entrer, ou dans lequel ils sont prononcés, de fait, au cours de
l'échange linguistique » (Austin, 1970, p.113.)
Il distingue deux fonctions du langage : la fonction
actionnelle qui permet d'agir sur notre environnement et la fonction
descriptive qui permet de décrire le monde qui nous entoure.
Il présente ensuite deux catégories
d'énoncés : les énoncés constatifs qui
décrivent le monde et peuvent être évalués comme
vrais ou faux et les énoncés performatifs qui servent à
accomplir des actes et peuvent être évalués en termes de
bonheur (succès) ou d'échec.
Les énoncés performatifs contiennent des verbes
performatifs tels que jurer, baptiser, promettre, ordonner qui ont pour sens
d'exécuter un acte. Ces énoncés peuvent être
explicites « je te demande de t'en aller » ou primaires
« va-t-en ».
Dans cette première classification, Austin admet
également que les phrases performatives sont à la première
personne de l'indicatif présent.
Lors de ses William James Lectures, il se rend
compte que certaines de ces phrases ne sont pas à la première
personne de l'indicatif présent et ne contiennent pas de verbes
performatifs « les jeux sont faits ».
Austin crée ensuite une deuxième
classification où il abandonne la distinction entre performatif et
constatif : c'est l'émergence de la théorie des actes du langage.
Austin admet que toute phrase énoncée sérieusement
correspond à l'accomplissement d'au moins un acte de langage. On a une
pensée et la pensée traduit le langage. Le langage est
envisagé comme un moyen d'agir.Il est aussi
envisagé dans sa fonction d'action sociale.
Il définit trois actes du
langage :
§ L'acte locutoire consiste en l'acte de dire quelque
chose. Selon Dardier (2004), il le divise en trois sous-actes : l'acte
phonétique qui est la production des sons, l'acte phatique qui est la
production des mots selon un vocabulaire et une grammaire appartenant à
une langue donnée et l'acte rhétique qui est l'articulation de
mots selon une syntaxe.
§ L'acte illocutoire consiste en l'acte produit en disant
quelque chose. Il s'apparente à l'énoncé performatif.
Austin le divise en 5 sous-actes : l'acte verdictif qui est la production
d'un jugement (condamner, estimer), l'acte exercitif qui donne un point de vue
pour ou contre une décision (ordonner, conseiller), l'acte commissif qui
engage le locuteur (promettre, garantir), l'acte exposif qui expose le point de
vue du locuteur (affirmer, nier), l'acte comportatif qui exprime une
réaction par un comportement social (remercier, critiquer). (Dardier,
2004).La force illocutoire déploie le concept où l'intention
existe à priori. Il y a une direction d'ajustement de l'acte
produit : il y a une raison pour laquelle on l'exprime.
§ L'acte perlocutoireest l'acte effectivement
provoqué par le fait de dire quelque chose.
Exemple :
L1 : « Veux-tu du
chocolat ? »
L2 : « J'ai peur de grossir. »
L2 effectue un acte locutoire par le simple fait de dire
« j'ai peur de grossir », un acte illocutoire par
l'assertion ou l'affirmation qu'il a peur de grossir et un acte perlocutoire
par la persuasion qu'il ne peut pas manger de chocolat.
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