II. Historique de la
pragmatique
La pragmatique est une discipline récente, son
étude ayant débuté au XIXème siècle avec le
courant philosophique américain représenté par William
James, John Dewey et Richard Rorty.Elle instaure un champ de recherche pour
diverses disciplines : la psychologie, la philosophie, la sociologie, la
linguistique et bien d'autres. Le terme pragmatique dérive du grec
signifiant « action, manière d'agir, accomplissement d'une
action ». La possibilité d'étudier l'acquisition du
langage est essentiellement issue des théories pragmatiques,
interactionnistes du développement et des théories de l'esprit.
Cela nous a permis la compréhension du langage en contexte
social.Bernicot, J., Venezario, E. , Musiol,M. & Bert-Erboul, A. (2010)
expliquent que le fait de mieux connaître le rôle des interactions
verbales dans l'acquisition du langage permet des interventions ou
remédiations lorsqu'il y a des pathologies ou des difficultés
d'acquisition.
Martine Bracops (2006) développe que « Les
notions clés de la pragmatique correspondent à des concepts
longtemps ignorés ou négligés par la philosophie du
langage et de la linguistique : la notion d'acte, car le langage est
action en ce sens qu'il permet d'instaurer un sens, mais aussi d'agir sur le
monde et sur autrui ; la notion de contexte, car l'interprétation
du langage ne saurait faire abstraction de la situation concrète dans
laquelle les propos sont émis ; et la notion de
désambigüisation car certaines informations extra-linguistiques
sont indispensables à la compréhension sans équivoque
d'une phrase » (p.14).
Charles Morris sera le premier à définir la
pragmatique comme étant l'étude du rapport entre les signes et
les usagers du signe.
1. Charles Sanders
Pierce
La pragmatique linguistiquea ainsi émergé au
début du XIX siècle avec Charles SandersPeirce et son
étude du processus sémiotique. Il a défini une triade du
signe constituée d'un representamen, d'un objet et d'un
interprétant. Le signe est la chair du langage, avant même que la
syntaxe ne l'organise. Le representamen est le signe brut qui désigne
l'objet avant qu'il soit interprété : il est
l'équivalent du signifiant de Saussure. L'objet se rapporte au
réel, c'est ce dont on parle, ce que le signe désigne.
L'interprétant est l'image mentale, le concept que l'on se fait de
l'objet. Il est propre à chacun, selon son expérience personnelle
et professionnelle ou sa culture par exemple. Ainsi, le representamen
« bombe » peut correspondre à différents
objets selon les critères précédemment cités. Par
exemple, un soldat produira l'interprétant « arme »
ou « explosif », un cavalier pensera
« casque », un jeune homme pourra penser « belle
femme » et une ménagère « produit
d'entretien ».
La définition triadique du signe de Peirce permet donc
de rendre compte de la polysémie des mots (Dardier, 2004).
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