Le dilemme « d'espace de protection et d'espace
protégé » continue. Les abords sont cette zone de protection
établie pour protéger les monuments et sites historiques
classés ou inscrits, et en même temps, ils sont cette zone
à protéger de toute transformation, découpage et
construction additive, non autorisées.
La loi 98/04 exige des prescriptions visant la protection de
cette zone sur plusieurs articles, vu l'absence d'un chapitre consacré
aux abords. Cette protection complète les systèmes de protection
des biens culturels immobiliers. La protection des abords se fait par :
Tous les travaux sur les immeubles bâtis ou non
bâtis dans le rayon des abords, même des travaux sur les
réseaux électriques, d'eau potable ou d'assainissement, sont
soumis à une autorisation des services du ministère de la
culture. (ART.21).
Tous les permis de construire pour des nouvelles
constructions dans le rayon des abords, doivent être accompagnés
par un accord des services du ministère de la culture (ART. 23).
Tous les plans de protection et de mise en valeur des sites
archéologiques et des secteurs sauvegardés, doivent contenir des
précisions en matière de délimitation et de protection des
abords (ART.30).
Toute affectation d'usage nouvelle requiert l'autorisation
écrite préalable du ministre chargé de la culture.
Toute forme de publicité par affiches, panneaux,
dispositifs lumineux, sonores ou autres, est interdite dans et sur les
monuments et sites classés, y compris leurs champs de
visibilité.
La possibilité d'effectuer une expropriation à
utilité publique pour les immeubles se situant dans la zone des abords
(ART.46), pour des raisons : de refus des propriétaires les
prescriptions exigées pour cette zone, leur incapacité
financière de réaliser ces prescriptions et lors d'un changement
d'activité qui puisse nuire au monument classé ou inscrit
(ART.47).
Dans les dispositions pénales : tous les travaux
effectués sur les immeubles dans le rayon des abords seront
pénalisés (ART.99) et toute infraction aux dispositions
concernant la publicité ou des travaux de boisement ou de reboisement ou
d'implantation industrielle seront aussi pénalisés (ART.100),
ainsi que le refus à la
111
La protection des abords du patrimoine bâti dans la
politique patrimoniale CHAPITRE algérienne et
leur place dans les actions d'urbanisme QUATRIEME
visite des lieux par les occupants, des immeubles
classés ou inscrits ou se situant dans le rayon des abords, seront
indemnisés (ART.104).
Cette protection s'appuie sur le seul critère visuel,
malgré qu'elle ait diminué le rayon de protection de 500
mètre à 200 mètre. Cette façon d'appréhender
la protection des abords et très réductrice et même
irréalisable dans le contexte socioculturel algérien, car les
dispositions ont une fin uniquement visuelle, sans tenir en
considération l'attachement et l'engagement des habitants dans leur
lieu. La façon dans laquelle la politique patrimoniale protège
les abords du patrimoine bâti ne donne aucune explication sur les
intérêts d'une telle protection, pour la simple raison qu'elle ne
reconnait que l'intérêt visuel, qu'on a jugé incomplet et
réducteur des valeurs des abords du patrimoine bâti. Cela
n'encourage en aucun cas les occupants des immeubles se situant dans le rayon
des abords à suivre et à respecter les dispositions de protection
mentionnées ci-haut, la politique a mis les abords dans le cadre de
contrainte au lieu de les mettre dans le cadre de protection et de
l'amélioration de l'environnement bâti, surtout autour des
monuments et sites historiques classés ou inscrits.