III. Les abords du patrimoine bâti dans la
politique patrimoniale algérienne
Avec une certaine compréhension de la politique
culturelle et la politique patrimoniale de l'Algérie, en se basant sur
la recherche de la place et de l'importance du patrimoine bâti dans la
sauvegarde et la promotion de l'identité nationale, on se trouve
maintenant en position de discuter ce que la notion des abords du patrimoine
bâti signifie dans cette politique, sur le plan législatif et
réglementaire et sur le plan de leur application. Il est
nécessaire, donc, d'analyser ce point en passant par la
définition des abords dans la loi-cadre de la politique patrimoniale
nationale, leur protection et sa nature, tout en la comparant avec la
réalité des abords du patrimoine bâti en Algérie.
III.1. La définition de la notion des abords dans
le cadre législatif de la politique patrimoniale algérienne :
La loi-cadre 98/04 marque un intérêt aux abords
des monuments historiques sous la référence de « zone de
protection ». La première indication du mot « abords »,
dans la même loi, était dans l'article 17 expliquant la
nécessité d'une zone de protection autour du monument historique
classé ou inscrit pour le protéger de toute agression visuelle.
L'article précise que le rayon de protection est d'un minimum de 200
mètre, où le législateur est complètement conscient
de l'indissociabilité entre le monument historique et ses abords,
«L'arrêté de classement s'étend aux immeubles
bâtis ou non bâtis situés dans une zone de
109
La protection des abords du patrimoine bâti dans la
politique patrimoniale CHAPITRE algérienne et
leur place dans les actions d'urbanisme QUATRIEME
protection qui consiste en une relation de
visibilité entre le monument historique et ses abords desquels il est
inséparable. Le champ de visibilité dont la distance est
fixée à un minimum de deux cents (200) mètres peut
être étendu afin d'éviter notamment la destruction des
perspectives monumentales comprises dans cette zone » (ART.17).
Les abords peuvent être des espaces bâtis ou non
bâtis d'une étendue pouvant excéder les 200 mètre
lorsqu'il s'agit de la protection d'une perspective monumentale. Le changement
du rayon et en fonction de l'appréciation du ministre de la tutelle
après avis de la commission nationale des biens culturels. L'enjeu de
cette protection est entièrement visuel, en introduisant la notion de
« champ de visibilité », qui ne soit pas proprement
définie dans cette loi, ainsi que la notion de «perspective
monumentale » qui implique une valeur visuelle et esthétique
exceptionnelle, encore sans aucune élaboration de sa signification sur
le plan réglementaire.
Les abords sont, donc, pour la politique patrimoniale
algérienne, cet espace bâti ou non bâti qui soit
automatiquement considéré comme une zone de protection lors du
classement ou de l'inscription d'un monument historique ou d'un site, afin de
protéger le monument ou le site en question de toute atteinte visuelle.
En comparant cette définition avec la première partie portant la
connaissance de toutes les valeurs possibles des abords du patrimoine
bâti, on trouve que la définition des abords dans la politique
patrimoniale algérienne soit assez réductrice de la vraie valeur
des abords. Un grand manque de précision des notions relatives aux
abords est aussi constaté, tel le champ de visibilité, les
perspectives monumentales et l'absence de toute indication de la notion de
covisibilité en se contentant par l'indication de «relation de
visibilité entre le monument historique et ses abords », ce qui
garde uniquement l'aspect géométrique de la protection des abords
en éliminant son aspect optique (voir chapitre premier). De plus et le
plus important, la loi définit les abords comme un espace sans vie et
sans dynamique, il s'agit juste d'une assiette dans laquelle le monument se
situ. Cela est aussi contradictoire, du fait que la loi mentionne et affirme sa
position en reconnaissant que le monument historique et ses abords sont
inséparables, mais elle échoue d'expliquer la nature de cet
aspect « inséparable » et elle le met uniquement dans le cadre
visuel.
Malgré ces insuffisances, la loi exige la protection
des abords, pour éviter toute atteinte visuelle sur le monument
classé ou inscrit. Comment la loi 98/04 protège les abords du
patrimoine bâti ?
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LA BASILIQUE ST-AUGUSTIN ET SES ABORDS A ANNABA
Pour une reconnaissance politique et sociale des valeurs des
abords du patrimoine bâti en Algérie
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