D'après le document du GTPCA les principes
directeurs102 de la politique culturelle nationale sont :
Respect des droits de l'homme et des libertés
fondamentales.
Souveraineté de l'état algérien.
Démocratie participative et renforcement du rôle de
la société civile dans l'action et la
décision culturelle.
Transparence des critères visant l'élaboration et
la mise en place des actions
culturelles.
La décentralisation culturelle.
Démocratie et démocratisation de la culture.
ioo Kessab Ammar, op. Cit. loi Ibid.
1°2 KESSAB Ammar et al, op. Cit. P5.
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La protection des abords du patrimoine bâti dans la
politique patrimoniale CHAPITRE algérienne et
leur place dans les actions d'urbanisme QUATRIEME
Une culture de «vivre ensemble », tout en
s'inscrivant dans une dynamique de respect de l'Autre, d'ouverture d'esprit, de
tolérance, de solidarité, et en accord avec les libertés
fondamentales et les droits de l'Homme
Une évaluation, aussi bien quantitative que
qualitative, basée sur des indicateurs clairement définis doit
être menée ponctuellement.
Le développement durable, La culture est
considérée aujourd'hui comme le quatrième pilier du
développement durable, et de ce fait, va être placée au
coeur de toutes les politiques publiques.
Dans la période coloniale, le patrimoine culturel
passait par trois phases importantes expliquées comme suit :
103 Ibid. P17.
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LA BASILIQUE ST-AUGUSTIN ET SES ABORDS A ANNABA
Pour une reconnaissance politique et sociale des valeurs des
abords du patrimoine bâti en Algérie
· Les explorations scientifiques pour
l'appropriation du territoire : avec l'action militaire, la
métropole décidait de réaliser des explorations sur le
territoire algérien avec des architectes, des archéologues et des
dessinateurs. Les rendus de ces explorations étaient basés sur le
dessin (surtout les travaux de Ravoisié de 1840 à 1842),
où l'intérêt premier était la découverte
archéologique, particulièrement, celle datant de la
période romaine. L'antiquité romaine était, plus eu moins,
l'obsession de l'administration française pour la raison de
l'appropriation territoriale de la France en Algérie. Les ruines
romaines acquéraient un rôle idéologiquelo4
fondamental, en rattachant l'Algérie à « son passé
» en accentuant sur une période précise pour
légitimer sa présence en Algérie. «Le rapport au
monument devint alors une préoccupation du présent (.), celle de
l'édification d'une nouvelle France simultanément jeune et
ancienne, en même temps moderne et porteuse d'une tradition solidement
ancrée, nous dirions même ancrée dans le sol. Cette
édification passait par l'organisation territoriale mais aussi par la
nécessité de constitution d'un fonds patrimonial (.) les
monuments acquéraient un rôle considérable : celui de
servir de trace et de référence. Par le biais des fouilles
archéologiques, du dessin, des relevés architecturaux,
commença l'appropriation des dimensions culturelle et historique de ce
territoire «redevenu le patrimoine de la civilisation
»105. Les ruines, ce type de patrimoine bâti, devint
un référent culturel, historique et l'ultime symbole de la
légitimité française en Algérie. Le patrimoine
bâti acquérait une fonction politique. Autres monuments ou
vestiges datant d'autres périodes, surtout arabo-musulmane,
étaient l'objet de destruction et de transformation106
· L'institutionnalisation du patrimoine
: «Si la commission des Monuments historiques est
instituée en 1837 en France, à la même époque que la
commission scientifique de l'Algérie, elle ne verra officiellement le
jour qu'en 1880. Et ce, grâce à Laborde qui, lors d'une
réunion concernant l'Algérie, à laquelle assistaient
Vitet, Golbéry, Mérimée, Taylor et Leprévost,
réclama la nomination d'une commission «chargée de
procéder au classement des monuments
1°4 RISLER Camille, op. Cit. P30.
1°5 OULEBSIR Nabila, «la découverte des
monuments de l'Algérie, les missions d'Amable Ravoisié et
d'Edmond Duthoit (1840-1880) », revue du monde musulman et de la
méditerranée, N° 73-74, Paris, Edisud, 1994, P59.
1°6 KOUMAS Ahmed et NAFA Chéhrazade, «
l'Algérie et son patrimoine » : dessins français du
XIXe siècle, Paris, Monum Editions du patrimoine, 2003,
P72.
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La protection des abords du patrimoine bâti dans la
politique patrimoniale CHAPITRE algérienne et
leur place dans les actions d'urbanisme QUATRIEME
intéressants que renferme l'Algérie».
Vitet et Mérimée rappelèrent l'utilité des
études réalisées, lors de l'exploration scientifique, par
Ravoisié sur l'architecture et l'archéologie de l'Algérie
et proposèrent que ces travaux soient exploités par les membres
qui devaient s'occuper de l'inventaire et de la restauration des monuments
d'Algérie. Le service des Monuments historiques en Algérie fut
finalement créé en 1880 »107. Après
la phase de l'exploration scientifique en Algérie, la prise en charge du
patrimoine découvert avait perdu son intérêt, du fait que
l'objectif des explorations était atteint avec la
«légitimation» de la présence française sur le
sol algérien. De plus, l'administration coloniale se détachait
complètement de tous les travaux de sauvegarde et de restauration des
monuments historique de l'Algérie. Ces derniers devenaient l'objet des
destructions, des transformations et même les cités romaines
devenaient des carrières à la disposition des constructeurs. Des
nombreuses manifestations et critiques, même mondiales, étaient
émergées au milieu de 1870108 contre la destruction du
patrimoine bâti de l'Algérie, grâce au huitième
volume de « Corpus inscriptionum latinarum » de
l'archéologue allemand Gustav Wilmanns, envoyé par
l'académie de Berlin109 Ces réactions contre la
politique de destruction ont poussé la métropole de prendre la
décision d'envoyer des architectes capables de relever, dessiner et
inventorier les monuments historiques de toutes les périodes historiques
de l'Algérie. L'architecte Duthoit était sollicité, par
l'administration française, et envoyé en Algérie dans le
but de la sauvegarde des monuments historiques de l'Algérie. Duthoit
sera le premier architecte en chef"° de la commission des
monuments historiques en Algérie créée en 1880. L'un des
changements les plus importants, après l'institutionnalisation du
patrimoine bâti de l'Algérie, était l'importance
donnée aux monuments historiques de la période arabo-musulmane et
la période ottomane.
· La conscience patrimoniale et
l'intérêt à un « orient raisonné » :
après l'institutionnalisation du patrimoine en
Algérie et avec les dessins de Dauzats et Ravoisié, une
conscience patrimoniale commençait à émerger. «
l'image
107 Ibid.
108 OULEBSIR Nabila, « les usages du patrimoine » :
monuments, musées et politique coloniale en Algérie
(1830-1930), Paris, Editions de la maison des sciences de l'homme,
2004, P179.
109 Ibid.
"° KOUMAS Ahmed et NAFA Chéhrazade, op. Cit. P72.
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LA BASILIQUE ST-AUGUSTIN ET SES ABORDS A ANNABA
Pour une reconnaissance politique et sociale des valeurs des
abords du patrimoine bâti en Algérie
construite par ces deux artistes donne à voir un
discours spatialisé. La sélection et l'appropriation d'un
passé modèle, l'Antiquité, permettent d'assurer une
maitrise des facteurs historiques et civilisationnels de cette contrée
encore peu connue dans les premières années de la conquête
»111 Avec les travaux de Duthoit sur les monuments
historiques et de l'art arabe et islamique, un nouveau «passé
modèle» était émergé. « La politique
culturelle indigène » de la colonisation française en
Algérie avait encouragé ce modèle pour illustrer ledit
changement d'attitude et d'idéologie culturelle en Algérie, par
la manifestation de l'intérêt à «construire un
orient raisonné »112 en conciliant les origines
arabes et islamiques de la population autochtone avec le modèle
européen français, qui soient représentés par
l'architecture néomauresque comme l'architecture officielle de
l'Algérie. En cette phase, le patrimoine bâti datant de la
période islamique n'était pas entièrement conservé,
mais juste ce que la commission des monuments historiques prenait comme une
oeuvre importante. Il est aussi nécessaire de mentionner qu'à la
fin de la colonisation et la libération de l'Algérie, la France
avait légué un patrimoine bâti d'une grande importance
qu'il soit du style classique ou du néomauresque.