II.3. Paysage et mémoire
On peut déduire, de ce qui précède, qu'un
paysage urbain a quatre86 dimensions : deux en plan et une en
volume, qui constituent ensemble « la forme urbaine ». Il y a «
une quatrième dimension, celle de la signification, de la perception
et de la représentation, perpétuées par une mémoire
qui, parallèle aux tribulations physique du lieu, en constitue la
personnalité, l'identité »87. C'est, donc,
la mémoire qui fait durer la représentation mentale, dans le
temps, et qui marque l'identité du paysage.
Expérience
Lieu
Physique
Représentation
·
Paysage
1
Temps
1 Mémoire
Schéma.6. Le lieu, la spatialité de l'image et la
mémoire, sa temporalité. Source : traitement personnel.
85 Ibid.
86 MORISSET K. Lucie, "la mémoire du paysage
», Laval, 2001, Les presses de l'université Laval, P10.
87 Ibid.
78
LA BASILIQUE ST-AUGUSTIN ET SES ABORDS A ANNABA
Pour une reconnaissance politique et sociale des valeurs des
abords du patrimoine bâti en Algérie
Ce qui nous intéresse dans ce contexte théorique
est «comment se manifeste la symbolique collective du paysage ?
»88 Tout en passant par l'intérêt à la
mémoire collective. La société est un pole du paysage, du
fait que les membres de la société, habitant et partageant un
même lieu, peuvent être les concepteurs de ce paysage et c'est eux
qui le pratiquent. Les valeurs sociales structurent, souvent, la configuration
matérielle et spatiale du paysage urbain et, donc, elles participent
à la conception mentale de la représentation paysagère que
les membres de cette société peuvent l'apprécier d'une
façon commune, surtout si cette représentation marque un
événement ou une période récitant l'histoire de la
société et s'associe à une mémoire collective. D'un
point de vue de pratique du paysage, « les rites sociaux créent
des significations partagées, des visées communes, des
identifications et des morales collectives »89. Ces rites
conçoivent un caractère spécifique du paysage, ils
contribuent à son identité. Mais le plus important, qu'il s'agit
de la manière de pratiquer le paysage, qui soit unique à cette
société ou même à une nation. Le fait de participer
à ces rites comme membre de la société, crée une
image représentative et identitaire, qui soit ancrée dans la
mémoire collective, qui la fait durer dans le temps, même si ces
rites deviennent menacés par l'extinction ou déjà
éteints. Ce ci ne marque pas uniquement l'identité de la
société, mais aussi l'identité du territoire en rapport
avec la manière de son occupation et son aménagement et, aussi,
avec les pratiques faites sur ce territoire, qui marquent sa
singularité. Cette réflexion est, fortement, associée au
patrimoine, soit matériel ou immatériel.
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