II. Paysage et identité, une
représentation
La représentation paysagère est une
«image» issue d'un regard et d'une perception d'une
réalité physique. Mais comment une image puisse-t-elle
représenter une identité sociale et territoriale ? Pour
répondre à cette question, on propose une explication de la
notion d'image, qui soit, de plus en plus médiatisée, tout en
cherchant sa relation avec les notions relatives à l'identité
sociale et territoriale, tel le lieu, la mémoire collective, les
pratiques sociales et le patrimoine.
II.1. La notion d'image
Un terme ayant des acceptions nombreuses et des
différentes réalités : une peinture, photographie, carte,
illusion, vue aérienne ou une modélisation tridimensionnelle. Le
mot image est, souvent, associé à la métaphore, vision,
reflet, conception, idée, rêve... c'est le regard et les
intentions de l'observateur sur une certaine matérialité, qui
créent l'image, elle est, donc, le sujet de la tripartition79
du monde en trois catégories : le matériel, le mentale et le
social. L'image est le produit mental d'une perception d'un objet
matériel sous influence sociale et culturelle d'appartenance. Kevin
Lynch considère l'image comme l'oeuvre de l'interaction de l'observateur
avec son milieu. Cela donne à l'image deux supports80 : un
support physique (matériel) du milieu et un autre émotif et
sensoriel (mental) relatif au vécu et au souvenir de l'observateur.
Lynch décompose l'image en trois81 composants principaux :
l'identité, la structure et signification. L'identité ici, veut
dire l'unicité, la singularité et l'authenticité de la
partition matérielle de l'image. La structure est la façon dans
laquelle l'objet matériel de l'image se présente au regard de
l'observateur, c'est-à-dire, l'organisation et l'ordre des constituants
physiques, suivant une structure sociale. Le dernier composant est la
signification, qui soit mentale et subjective, mais suit les schèmes
culturels et des modèles esthétiques conçus et
appréciés collectivement. Le travail de lynch était
largement critiqué
79 BACKHAUS Norman et al, op. cit. P28.
80 LYNCH Kevin, op. cit. P5.
81 Ibid. P9.
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LA BASILIQUE ST-AUGUSTIN ET SES ABORDS A ANNABA
Pour une reconnaissance politique et sociale des valeurs des
abords du patrimoine bâti en Algérie
surtout par les géographes, qui trouvaient son approche
insuffisante82 car elle ne prend pas en considération la
signification fonctionnelle et symbolique de l'espace urbain.
Walmsley et Lewis propose une autre approche, qui cherche des
éléments composants de l'image et leur interaction, la
spatialisation de l'image et sa temporalité. Ils complètent leur
approche en indiquant qu'une image ne peut présenter qu'un seul type
d'expression cognitive, indissociablement du cadre culturel. De ce fait, la
spatialisation de l'image peut être un espace géographique, mais
le fait qu'il soit vécu, authentique et ayant une identité, il
devient un lieu. La temporalité implique la continuité temporelle
de l'image et sa capacité de maintenir sa signification face aux
changements physiques du lieu. La temporalité implique aussi l'ancrage
de l'image dans la mémoire, individuelle ou collective. Dans ce cas,
l'image peut avoir une valeur identitaire pour l'individu ou pour la
société, cas il s'agit d'une expérience humaine d'une
réalité visible et perceptible, produisant une mémoire et
un souvenir qui, avec d'autres expériences, construit une signification
identitaire. L'mage, ou la représentation paysagère, peut
même avoir une valeur patrimoniale pour les gens qui partagent un
même lieu qui rappelle une mémoire collective et représente
un intérêt historique, social et culturel.
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