Schéma.5. Les pôles du paysage. Source :
traitement personnel.
· Le pole « individu » ou
subjectif : il désigne la subjectivité des
émotions, des sensations et des perceptions de l'individu sur un
paysage. Le paysage, dans ce cas, ne peut pas exister sans
l'intentionnalité de l'individu, c'est-à-dire, son mouvement
conscient pour la découverte et la connaissance cognitives du paysage
ou, en général, de son environnement. Le paysage est, aussi,
affectif où l'individu est affecté par le paysage, qu'il
représente un siège d'émotions qui soient de nature
esthétique ou identitaire ou encore liées aux souvenirs.
· Le pole « culture » ou
symbolique : il rassemble les approches basées sur les
idées de schèmes, de modèles esthétiques et de
valeurs symboliques. C'est un cadre culturel auquel les individus appartiennent
et accordent des représentations significatives. Ces
représentations, malgré unitaires et d'appartenance, peuvent
être discréditées en devenant
stéréotypées ou conventuelles, suite à leur
transmission d'une génération à l'autre. Les
représentations paysagères, dans l'Europe moderne, deviennent, de
plus en plus, le noyau central dans la construction identitaire d'une
nation75, du fait que leur fonction symbolique devient porteuse de
l'identité. Ces représentations sont dépendantes de la
société.
74 BACKHAUS Norman et al, « le paysage
des Alpes » : de la représentation à
l'action, Zurich, 2007, VDF, P40.
75 WALTER François, «les figures
paysagères de la nation» : territoire et paysage en Europe
(16e-20e siècle), Paris, 2004, Editions de l'école des
hauts études en sciences sociales, P145.
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LA BASILIQUE ST-AUGUSTIN ET SES ABORDS A ANNABA
Pour une reconnaissance politique et sociale des valeurs des
abords du patrimoine bâti en Algérie
· Le pole « société
» ou intersubjectif : dans ce pole, le paysage est
défini comme un «produit social ». c'est un paysage qui
représente à la fois l'appartenance et la cohésion sociale
et aussi les pratiques liées à ce paysage. En
générale, ce pole aborde le paysage comme ressource, dans sa
valeur d'usage, comme l'agriculture ou le tourisme. Aussi, le paysage est
lié à des sentiments d'appartenance sociale, à la mesure
où le paysage est apprécié communément par toute la
société ou à la mesure où le paysage
représente une histoire sociale en déchiffrant un ensemble de
représentations paysagères, authentiquement, transmises des
générations et sociétés antérieures.
· Le pole « nature » ou
physique : ce pole est, à la fois, biotique et
physique, car on ne peut pas considérer la nature comme une
étendue absolue, du fait que sans le regard de l'homme, on n'a aucune
construction paysagère existante. «La nature, pour l'homme est
toujours une nature telle qu'il la conçoit et telle qu'il effectue en
son sein des opérations »76. L'enjeu physique peut
être expliqué selon l'analyse particulière des constituants
physiques, telle que la géomorphologie et la biologie fassent. L'enjeu
biotique ou biophysique implique l'intérêt aux interventions
humaines, d'où l'appréciation d'un «paysage urbain»
s'est émergée. Le paysage, dans ce pole, est un « milieu de
vie ».
Ces quatre pôles ne sont pas indépendants, ils
sont liés les uns aux autres, ce qui explique la ligne circulaire qui
les relie dans le schéma ci-dessus. L'individu est influencé par
une culture et il appartient à une société qu'elle
transforme, continuellement, la nature, considérée physique, en
créant un milieu biophysique où l'individu vit et existe.