Pour une reconnaissance politique et sociale des valeurs des abords du patrimoine bàąti en Algérie. La basilique St-Augustin et ses abords à Annaba.( Télécharger le fichier original )par Hocine AOUCHAL Université de Constantine 3 - Magistère option: stratégies de préservation du patrimoine 2013 |
Conclusion
CHAPITRE TROISIEME...
CHAPITRE TROISIEME :Le monument historique et ses abords, une
représentation paysagère de
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Typologie du paysage |
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Par rapport au relief |
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Paysage de plaine |
Paysage de plateau |
Paysage du littoral |
Paysage de montagne |
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Paysage plus ou moins plat sans un relief marquant, souvent jugé comme monotone et statique. |
Vaste étendue de terrains plats et élevés. Il marque une certaine diversité paysagère avec ses vallées et ses |
Une large étendue qui marque la rencontre de la terre avec la mer. |
Un paysage avec des fortes dénivellations de peut avoir une valeur écologique ou même touristique et de loisir, |
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Par rapport à l'intervention humaine |
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Paysage naturel |
Paysage rural |
Paysage urbain |
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C'est un paysage dans lequel l'homme n'est pas intervenu, où il n'y a que des éléments naturels. C'est le sujet de l'écologie et de la géomorphologie. Il peut |
C'est un paysage avec peu d'habitations groupées ou champs d'agriculture ou des |
C'est un paysage avec un habitat dense et différentes fonctions qui se dégagent du paysage: fonctions de circulation (voies de communication); liées
à |
Tab.2. Typologie du paysage en fonction de ses constituants dominants. Source : traitement personnel.
Cependant, la distinction typologique des paysages ne peut être aussi simple, car dans un même paysage on peut trouver plusieurs natures des constituants. Un paysage peut être :
ü De littoral, urbain, touristique: station balnéaire.
ü De plaine, rural, agricole: village.
ü De plaine, urbain et industriel: grande ville de plaine.
ü De montagne, rural, agricole: village en montagne.
ü De montagne, urbain et industriel: grande ville.
ü De montagne industriel: une vallée industrielle.
ü De montagne, urbain, touristique: une station de ski.
ü Paysage urbain ou rural, culturel : à caractère patrimonial « exceptionnel ».
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LA BASILIQUE ST-AUGUSTIN ET SES ABORDS A ANNABA
Pour une reconnaissance politique et sociale des valeurs des abords du patrimoine bâti en Algérie
Pour plus de clarté dans ce processus de compréhension du paysage, on se réfère à la recherche de J.0 Wieber, dans le cadre académique du laboratoire «ThéMa» des universités de Franche-Comté et de Bourgogne, qui propose un système de définition du paysage, conçu en une relation entre « quatre boites »65 :
· La boite « production » : le paysage est un signe et une apparence d'un système de forces en action. Des objets de nature abiotique, biotique et anthropique en relation ouverts à la vision et à la perception.
· La boite «paysage visible » : concernant le paysage objet dont sa vision produit une image prête à l'interprétation.
· La boite « perception » : qui évalue l'image produite selon les conditions individuelles et ensuite selon les constructions collectives relatives à la société.
· La boite « utilisation » : concernant les objectifs de la définition.
UtiSisation
Perceprion
Proche: inn
Paysage visible
T
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f]a f7
EÎ
1.
T
Enveloppe conceptuelle
Production
A : abiotique, B : biotique, C: anthropique Paysage visible
a : objets, ET : Mi-nom d'Image Perception
: conditions individuelles, G : censtnrrtinns eallectivsa
Utilisation
CIV : coilsomwatioafveote. R : recherche.
An : artialisation, Ac : action
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D~L7 d'objets y grigna es A voir
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Fig. 1. Le système de défmition de la notion de paysage. Source : WIEBER J.C. et al. «Paysage »,
laboratoire ThéMa, P3.La figure ci-dessus explique l'organisation relationnelle de ces boites. On déduit aussi qu'il suffit d'appliquer le système conceptuel de définition à une portion du territoire pour que l'enveloppe en devienne géographique. Suivant ce système, le paysage devient plutôt existentiel du fait de son statut spatial et temporel. Les paysages sont inscrits dans l'espace, ils sont partout dans l'espace géographique, du moins, comme paysage visible qui n'a jamais
65 WIEBER J.C. et al, «paysage », Bourgogne, laboratoire ThéMa, P2.
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Le monument historique et ses abords, une représentation paysagère de l'identité CHAPITRE
sociale et territoriale TROISIEME
passé à la boite de perception sensorielle et d'expérience humaine. Les paysages évoluent avec le temps, ils sont en perpétuel changement, total ou partiel, ce qui peut exprimer une évolution historique importante. Sans oublier que la perception du paysage dépend des saisons, de la lumière (jour et nuit) et les phénomènes météorologiques.
Dans cette réflexion, Wieber et ses collègues du laboratoire ThéMa proposent une définition du paysage en essayant de rassembler tous ce qui était avancé : «Le paysage est apparence. Il présente une infinité d'images du monde qui nous entoure, saisies en collections ou en séquences et n'incluant ni le très proche ni le trop lointain. Il montre, en vue tangentielle, le spectacle offert par les combinaisons variées d'objets agencés partout à la surface du globe. Il est produit par des systèmes de forces complexes et évolutifs activés par la Nature et les hommes. Potentiellement visible en tout point de l'espace, le paysage n'existe vraiment que lorsqu'il est considéré comme tel, au terme d'une démarche le plus souvent artialisante, par ceux qui le perçoivent, le vivent et l'utilisent. Il n'est pas plus réductible à sa matérialité produite qu'à son idéalité issue des regards de ceux qui le voient ; la vue peut, d'ailleurs, être aidée par les autres sens. Le paysage évolue sans cesse, aussi bien dans sa production physique que dans la perception qu'on en a, soumise aux mythes et aux modes. Enfin, la diversité des approches induit la variété des définitions fréquemment partielles que l'on rencontre : le terme paysage est fortement polysémique »66. Cela explique, forcément, la différence entre ce que le paysage présente comme objet matériel et ce qu'il représente comme une image mentale.
«Fermez les yeux et rappelez-vous un paysage que vous connaissez bien. Vous en faites le tour lentement une première fois..., puis une seconde... Les images qui s'assemblent furtivement composent progressivement, consciemment ou non, une mosaïque chargée de sens : souvenirs, sentiments, émotions, informations scientifiques, événements publics, secrets, opinions, énigmes, rêves, projets,... sont associés aux couleurs, aux formes, aux fragments d'éléments saisis dans le lointain ou en gros plan, au gré des ((travellings" fantaisistes de notre imagination »67.
66 Ibid. P5.
67 PARTOUNE Christine, « La dynamique du concept de paysage », [en ligne], in Revue Education Formation, n° 275, septembre 2004, http://www.lmg.ulg.ac.be/articles/paysage/paysage_concept.html, Laboratoire de la méthodologie de la géographie de l'Université de Liège, consulté le 01/04/2013, P1
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Pour une reconnaissance politique et sociale des valeurs des abords du patrimoine bâti en Algérie
On a catégorisé, avant, le paysage selon la nature de ses constituants physiques, à partir de sa matérialité. On a considéré le paysage, principalement, comme un objet offert à la vision de l'observateur. Par contre, et comme vu à la citation ci-dessus, l'interaction entre le paysage objet et l'observateur dépasse la vision à la perception, où l'observateur interprète, juge et qu'il soit sensoriellement et émotionnellement influencé par la représentation mentale résultante. Mais que veut-on dire par la représentation mentale ? La représentation mentale est née dans le champ des sciences cognitives, où elle n'est considérée que comme un ensemble de connaissances issues d'une certaine expérience de l'environnement, l'espace ou le lieu tout en négligeant la part affective d'une telle opération. On ne peut pas séparer le vécu des émotions subjectives, car ces dernières ont un grand poids sur les décisions, les jugements ou même la compréhension du paysage. C'est dans cette dimension affective que Garnier et Sauvé (1999, P66) définissent la représentation mentale comme « un phénomène mental qui correspond à un ensemble plus ou moins conscient, organisé et cohérent, d'éléments cognitifs, affectifs et du domaine des valeurs concernant un objet particulier. On y retrouve des éléments conceptuels, des attitudes, des valeurs, des images mentales, des connotations, des associations, etc. C'est un univers symbolique, culturellement déterminé, où se forgent les théories spontanées, les opinions, les préjugés, les décisions d'action, etc. »68. Dans cette définition, on trouve, à la fois, « un objet » et « une image mentale », cela signifie le passage d'une réalité à une représentation, à partir d'une perception, mais aussi donne l'idée que le paysage est à la fois « paysage objet » et « paysage représentation mentale », un sujet.
Paysage
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Schéma.4. Le paysage entre objet et sujet. Source traitement personnel.
La représentation mentale est le résultat de trois69 gestes mentaux : percevoir le paysage, l'interpréter et communiqué à son propos. On peut déduire que le paysage soit une réalité matérielle, bâtie ou naturelle, «perceptible ». Le paysage existe donc même sans observateur. Cette réflexion sur le paysage intéresse les scientifiques en particulier, du fait qu'ils cherchent
68 Ibid. P2.
69 Ibid.
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sociale et territoriale TROISIEME
une explication du paysage. Par contre, le paysage, « sujet » ou «représentation mentale », n'est pas réel, il est intellectuellement conçu. Cette conception peut être individuelle ou même collective selon le paysage « objet » interprété. C'est une interprétation du paysage.