La sauvegarde des abords des monuments historiques et des
sites classés ou inscrits constitue, du point de vue juridique, une
protection à long terme. Cependant, cette protection ne fait pas
maintenir en état les lieux, sans assurer ni leur aménagement, ni
leur devenir futur. Car aucune organisation n'est finalement
créée dans ce secteur « tampon »19 qui doit
permettre le libre exercice des activités urbaines dans un cadre
architectural, relativement, contraignant. De plus en plus, l'impératif
de protection des abords se heurte à d'autres impératifs tout
aussi valables : nécessité d'implanter des équipements
collectifs d'intérêt général, création de
voies de circulation ou même la suppression d'ilots dépourvus du
confort moderne que leur vétusté a rendus insalubres. Ce beau
schéma de protection ne peut, donc, être efficace qu'à une
seule condition : s'il ne constitue pas aux yeux de la population un ensemble
de contraintes, dont l'intérêt n'est pas évident,
La protection des abords des monuments historiques semble
être compatible avec un développement urbain
accéléré. Cette sauvegarde ne peut plus prendre la forme
d'interdictions imposées aux concepteurs de projets, mais plutôt
revêtir l'aspect actif et dynamique d'une assistance qui leur serait
directement apportée, avant la réalisation du projet
définitif. Par ailleurs, elle doit être organisée selon des
directives précises définies en étroite collaboration avec
les élus locaux.
Malgré que le terme employé soit le «
périmètre » de protection, les abords sont des espaces
mesurables à partir d'un rayon, il s'agit donc d'un cercle de protection
d'une surface
18 Ibid.
19 BLEYON Jean-Benoît, op. Cit.
P79.
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LA BASILIQUE ST-AUGUSTIN ET SES ABORDS A ANNABA
Pour une reconnaissance politique et sociale des valeurs des
abords du patrimoine bâti en Algérie
très importante. Par exemple, le rayon de 500
mètre équivaut à une superficie de 78,5 h autour du
monument historique. En Algérie, le rayon de 200 mètre
équivaut à une superficie de 12,5 h. Ces « cercles » de
protection sont établis selon trois dimensions ;
géométrique (rayon limité), optique (notion de
visibilité et de covisibilité) et une dimension spécifique
au caractère du monument historique et de ses abords. Cependant, dans
des pays ou des villes où le nombre de monuments historiques
classés ou inscrits est important, la superficie des abords
protégés est très importante et peut être
considérée comme une contrainte à l'urbanisation et
à l'innovation architecturale et urbaine. Le paysage urbain aussi, peut
être affecté par ces très grandes surfaces de protection.
Dans ce cas, le paysage urbain peut être une véritable vitrine de
la culture de la nation, mais excessivement, le même paysage peut se
trouver figé et sans aucun issu vers le développement et
l'avenir. Malgré que l'enjeu de cette protection soit
complètement visuel, ses effets les plus importants sont perceptifs.
L'étude de la perception des abords du patrimoine bâti est
absolument nécessaire.