Les abords, un mot employé en pluriel qui signifie
l'entourage d'un monument ou d'un lieu. Dans le domaine du patrimoine, les
abords sont le contexte ou le cadre construit ou naturel d'un monument
historique.
A partir des années 185012, la question sur
le rôle de l'« entourage » des monuments était
abordée par des précurseurs de l'idée des abords des
monuments historiques, qui sont apparus en France comme Montalivet et
Viollet-le-Duc dans ses Entretiens sur l'architecture (septième
entretien, 1867). Mais le premier qui a abordé la question des abords
d'une façon systématique, est l'architecte urbaniste viennois
Camillo Sitte en dénonçant «la maladie moderne de
dégagement» (Der Stiidtebau, 1889) et en analysant la relation
esthétique qui lie indissociablement le monument à son cadre
urbain.
A partir de 1913, la France était le leader de la
protection des abords des monuments historiques. Dans les années trente,
le problème des abords était posé dans son ampleur
théorique et pratique avec deux contributions pionnières. La
première contribution faite par
12 MERLIN Pierre et CHOAY Françoise, «dictionnaire
de l'urbanisme et de l'aménagement », Paris, 1988, Presse
universitaire de France, P2.
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Percevoir le patrimoine bâti autrement : le monument
historique et ses abords ; un CHAPITRE
lieu. PREMIER
l'architecte belge Victor Horta qui tentait d'établir
un ensemble de lois visuelles et de principes d'harmonisation pour un
traitement contemporain et non muséographique de l'« entourage
» des monuments historiques. La seconde était la contribution du
professeur italien Giorgio Nicodemi, qui soulignait la diversité
typologique des «paysages urbains dans lesquels s'inscrivent les
monuments »13. Il concluait : «les
problèmes de l'ambiance (produite par les abords) sont du
domaine de l'urbanisme... il ne s'agit pas de mettre les monuments hors de la
vie, ce serait les vouer à une mort prochaine, il faut savoir les
comprendre et leur donner toujours une place vivante dans la ville vivante
». Cependant, la protection des abords n'était acquise que
depuis la loi française de 1943 en exigeant des permis de construire
particuliers dans les abords des monuments historiques, classés ou
inscrits, afin de protéger l'aspect historique de l'ensemble. Dans les
années soixante, la protection des abords était
développée par l'introduction de deux variables visuelles ; la
première est celle de critère de visibilité (protection du
champ de visibilité, constitué par des immeubles nus ou
bâtis et qui soient visibles depuis le monument) et la deuxième
est celle de critère de covisibilité (les immeubles nus ou
bâtis soient visibles en même temps que le monument). En 1964, et
vu la contrainte d'aménagement et de construction dans les abords des
monuments classés ou inscrits et vu le grand nombre de monuments
historiques en France, une section de la Commission des monuments historiques,
dite la commission des abords était née.
Ce nouveau phénomène, et malgré son
importance dans la conservation du patrimoine bâti, causera des
problèmes en matière d'urbanisme.