Le terme d'espace protégé est, souvent,
utilisé pour désigner les espaces naturels, tels les parcs
naturels. Cependant, le même terme est utilisé aussi pour les
espaces et zones à caractère culturel, en relation avec le
patrimoine bâti.
« Les espaces protégés sont des
ensembles urbains ou paysagers remarquables par leur intérêt
patrimonial au sens culturel du terme, notamment aux titres de l'Histoire, de
l'architecture, de l'urbanisme, du paysage, de l'archéologie».
(Selon un rapport du ministère de la culture et de la communication
français, 2012).
Ces espaces peuvent être l'environnement
immédiat d'un monument historique ou un site, classé ou inscrit,
ou une zone étendue englobant des éléments bâtis et
paysagers de natures et d'époques différentes.
10 BLEYON Jean-Benoît, « l'urbanisme et la
protection des sites » : la sauvegarde du patrimoine architectural
urbain, Paris, 1979, ED. Librairie générale de droit et
de jurisprudence, P66.
20
LA BASILIQUE ST-AUGUSTIN ET SES ABORDS A ANNABA
Pour une reconnaissance politique et sociale des valeurs des
abords du patrimoine bâti en Algérie
En Algérie, et selon la loi
98/04 relative à la protection du patrimoine culturel, laquelle
définit le patrimoine bâti (immobilier) comme l'ensemble des
monuments historiques, des sites archéologiques et des ensembles urbains
ou ruraux, on peut distinguer 4 types d'espace protégé :
Les abords des monuments historiques : ce
sont des périmètres de protection qui s'étendent aux
immeubles bâtis ou non bâtis dans l'environnement des monuments
historiques. Le rayon de ces périmètres est d'un minimum de 200
mètres et il est étendu selon la décision du ministre
chargé de la culture dans l'objectif de protéger le champ de
visibilité du monument historique classé ou inscrit.
Les sites historiques ou archéologiques :
suite à des découvertes et des fouilles, les sites
archéologiques sont les périmètres sans fonction active,
qui témoignent des actions de l'homme ou des actions conjuguées
de l'homme et de la nature et ayant une valeur significativement historique,
scientifique, archéologique, religieuse, artistique, ethnologique ou
anthropologique. Ces sites sont gérés par un Plan de Protection
et de Mise en Valeur pour les Sites Archéologiques (PPMVSA).
Les secteurs sauvegardés : sont les
ensembles urbains ou ruraux caractérisés par la
prédominance en habitat et par leur homogénéité
historique et esthétique. Ils sont gérés par un Plan
Permanent de Sauvegarde et de Mise en Valeur pour les Secteurs
Sauvegardés (PPSMVSS).
Les parcs culturels : «sont classés
en parc culturel les espaces caractérisés par la
prédominance et l'importance des biens culturels qui s'y trouvent et qui
sont indissociables de leurs environnement naturel » (Art. 38). Ces
parcs sont gérés par un Plan Général
d'Aménagement du Parc Culturel (PGAPC).
En France, et comme en beaucoup
d'autres pays européens, les espaces protégés peuvent
être de 4 types" :
Les abords des monuments historiques :
présenter et mettre en valeur les monuments historiques, est une
opération dépendante de la qualité de ses abords. Cet
espace,
il
·
Ministère de la culture et de la communication, «les
différents types d'espaces protégés », 2012-017,
Paris, Le
sous-directeur des monuments historiques et des espaces
protégés, 8P.
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Percevoir le patrimoine bâti autrement : le monument
historique et ses abords ; un CHAPITRE
lieu. PREMIER
urbain ou paysager, est une étendue de 500
mètres de rayon dont le monument historique est le centre. Ce
périmètre est automatiquement reconnu après le classement
ou l'inscription du monument historique. Tous travaux de construction,
transformation ou modification de nature à affecter l'aspect d'un
immeuble, se situant dans les abords d'un monument historique, sont soumis
à une autorisation émise par l'ABF (Architecte des
Bâtiments de France), afin de protéger le champ de
visibilité et la lecture historique des monuments historiques.
Les secteurs sauvegardés : la loi
Malraux de 1962 est à l'origine de la création des secteurs
sauvegardés pour l'objectif de préserver les centres urbains et
éviter la destruction massive des quartiers anciens. Les secteurs
sauvegardés correspondent aux ensembles urbains et aux quartiers
historiques les plus remarquables du point de vue de patrimoine architectural,
urbain, historique ou esthétique. Ils sont gérés par un
Plan de Sauvegarde et de Mise en Valeur (PSMV), se substituant au Plan Local
d'Urbanisme (PLU) pour cette zone.
Les Zones de Protection du Patrimoine Architectural,
Urbain et Paysager (ZPPAUP) qui sont en transition en Aires de mise en Valeur
de l'Architecture et du Patrimoine (AVAP) : Le dispositif des aires
de mise en valeur de l'architecture et du patrimoine (AVAP) est issu de la loi
dite « Grenelle II » du 12 juillet 2010 et est amené à
remplacer d'ici au 14 juillet 2015 celui des zones de protection du patrimoine
architectural urbain et paysager (ZPPAUP) introduit en 1983 et dont
l'application reste transitoirement en vigueur. L'AVAP, servitude
d'utilité publique annexée au plan local d'urbanisme (PLU),
délimite un territoire présentant un intérêt
culturel aux titres, selon les cas, de l'architecture, de l'urbanisme, du
paysage, de l'histoire ou de l'archéologie. L'AVAP conserve cependant
les objectifs d'origine de la ZPPAUP de délimiter un
périmètre à l'intérieur duquel tous les travaux
sont étroitement contrôlés, notamment via l'avis de
l'architecte des bâtiments de France, dans le cadre de l'instruction des
demandes d'autorisation requises. Dès que la mise à
l'étude de l'AVAP est décidée par la collectivité,
un « diagnostic architectural, patrimonial et environnemental » est
conduit dont l'objet est, d'une part, de fonder les objectifs et les
dispositions de l'AVAP et, d'autre part, de garantir la prise en compte
d'objectifs de développement durable.
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LA BASILIQUE ST-AUGUSTIN ET SES ABORDS A ANNABA
Pour une reconnaissance politique et sociale des valeurs des
abords du patrimoine bâti en Algérie
Les sites : Le dispositif des sites
classés ou inscrit apparaît au début du XXe siècle,
d'abord par une loi du 21 avril 1906, puis par la loi du 2 mai 1930 ; ces lois
se fondent sur la notion de patrimoine naturel et s'intéressent plus
particulièrement aux monuments naturels et aux sites mais d'un point de
vue historique et culturel.
A l'échelle mondiale, le
patrimoine bâti devient, de plus en plus, une partie d'une image
représentative de la nation au lieu d'un objet ponctuel. On parlait des
villes historiques qui gardent encore leur cachet historique et culturel, en
tout ou en partie. Ensuite, venant de la France, la notion de lieu de
mémoire s'est émergée et répandue dans le monde
entier en identifiant des espaces entiers, souvent associés au
patrimoine bâti, comme des surfaces qui cristallisent la mémoire
collective de la nation. Dans cette perspective, l'UNESCO, et en 1992,
créait une nouvelle catégorie du patrimoine mondial, celle des
paysages culturels. Ces paysages font partie des espaces protégés
mais avec appréciation de l'interaction et de l'indissociabilité
entre l'oeuvre construite par l'homme et son paysage environnant, qui
créent ensemble un paysage exceptionnel représentant la
population. Cela est hautement significatif en matière de l'importance
des abords du patrimoine bâti.