CONCLUSION GENERALE
L'objectif de cette étude était d'estimer le
consentement des ménages des populations MBORORO à contribuer au
financement de l'éducation de leurs enfants. Pour ce faire, une
enquête a été effectuée dans les départements
du Nord-ouest regorgeant une bonne frange de ces populations. Cette
enquête basée sur la méthode de l'évaluation
contingente a permis d'obtenir un ensemble d'informations utiles à la
mise en oeuvre de la politique d'éducation et de scolarisation. Deux
techniques d'analyse ont été utilisées. Une
première purement descriptive et une seconde basée sur le
modèle Tobit censuré. L'analyse descriptive nous a permis
d'obtenir les montants médians des consentements à payer
souhaités par les ménages. Les résultats
économétriques ont abouti aux conclusions selon lesquelles les
consentements à payer des chefs de ménages pour
l'éducation sont influencés par le niveau d'instruction du chef
de ménage, le mariage précoce des jeunes filles, et le niveau de
vie du ménage. De façon plus spécifique, il est
montré que les chefs de ménages instruits sont plus enclins que
les analphabètes à proposer des montants élevés.
Ensuite, les chefs de ménages riches sont plus favorables que les
pauvres à des cotisations élevées. Enfin, les chefs de
ménage déclarent leur préférence pour le mariage de
leurs filles à l'éducation de ces dernières.
Les recommandations faites sur la base de ces résultats
vont dans le sens de la mise en oeuvre d'une politique économique de
planification et d'orientation des investissements et de gestion dans le
secteur de l'éducation dans cette zone sous-scolarisée. Ces
recommandations vont aussi dans le sens la mise en oeuvre d'actions
d'information et de communication en direction des chefs de ménage peu
instruits.
ENNONCÉ DES RESULTATS OBTENUS
Au terme de notre étude, les résultats suivants
sont observables : Observation 1
Les chefs de ménage sont prêts à payer
annuellement pour l'éducation de leurs enfants les sommes de 7200 FCFA,
20 000 FCFA et 24 000 FCFA respectivement pour l'enseignement primaire,
secondaire général et secondaire technique, contre les sommes de
20 000 FCFA, 50 000 FCFA et 75 000 FCFA représentant les coûts
globaux estimés de la formation dans ces cycles respectifs de
formation.
Observation 2
L'éloignement de l'école n'est pas un obstacle
à la scolarisation des jeunes MBORORO, contrairement à ce que
nous envisagions dans notre hypothèse de recherche.
Observation 3
Notre étude nous a montré que les croyances
religieuses et ancestrales restent ancrées dans les populations MBORORO,
et sont un frein à la scolarisation des jeunes MBORORO. Ces croyances
prônent le mariage précoce des jeunes filles et l'élevage
du bétail par les jeunes garçons.
Observation 4
Les populations MBORORO affirment leur totale
méconnaissance de l'enseignement technique, ce qui se traduit par un
nombre élevé de CAP nuls et de non-réponses en ce qui
concerne cet ordre d'enseignement.
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Observation 5
Le nombre moyen d'enfants par ménage
enquêté est de 7.5, ce qui est assez élevé pour des
populations à faibles revenus.
PORTEE DES RESULTATS Observation 1
Les résultats de cette observation, à savoir les
CAP faibles, impliquent que la demande en éducation des jeunes MBORORO
du nord-ouest est faible. Par contre, le coût social de leur sous
scolarisation, ses dommages et son impact restent peu élevés au
regard des autres facteurs qui influencent négativement ce CAP,
notamment le facteur religieux, le nombre d'enfants...
En outre ce résultat suggère que soit entreprise
une politique d'allègement des frais scolaires exigibles, ainsi que la
suppression des frais d'APE. Ceci peut se faire par un accroissement des
budgets de l'état en faveur du secteur de l'éducation.
Observation 2
Les CAP ne sont pas influencés par la distance de
jeunes MBORORO à l'école. La recherche des pâturages, les
migrations saisonnières, l'instabilité de ces populations ne sont
pas la cause de leur sous-scolarisation.
Dans cette perspective, les écoles construites par les
autorités publiques dans les hautes montagnes où habitent ces
populations resteront désespérément vides, comme c'est le
cas actuellement. Les résultats de notre travail suggère donc que
l'accent soit mis sur la qualité et le type de formation offerts, et non
sur la quantité des établissements scolaires.
Observation 3
Les croyances religieuses et ancestrales, qui sont un frein
à la scolarisation des jeunes MBORORO, sont des aspects sensibles au
sein d'une population.
Notre étude suggère donc de mettre en oeuvre des
actions de sensibilisation, d'information et de communication en direction des
chefs de ménage.
Observation 4
La méconnaissance affichée de ces populations
pour l'enseignement technique implique que soit mis en adéquation les
formations offertes dans cet ordre d'enseignement et le mode de vie de ces
populations. L'on pourrait penser à des filières telles que
l'élevage, la gestion des pâturages... qui offriraient à
ces populations un moyen sortir du cycle répétitif de l'histoire,
et une opportunité d'entrer dans la modernité.
Observation 5
Malgré le faible niveau de revenus
déclaré par les chefs de ménages, le nombre d'enfants par
ménage est assez élevé. Ceci ne favorise pas la prise en
charge totale de ces enfants.
Ce résultat nous suggère une implication,
auprès de ces populations, des services des affaires sociales pour une
meilleure sensibilisation des parents sur leurs rôles et obligations
vis-à-vis de leur progéniture.
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Ce résultat nous suggère également que
soit renforcée et appliquée la législation sur le travail
des enfants, afin que seuls les enfants d'un certain âge puissent
librement faire le choix entre l'école formelle et l'élevage du
bétail.
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