III.2. Les biais liés à la MEC
La Méthode d'Evaluation Contingente s'expose à
des difficultés d'analyse importantes. Ces difficultés
découlent non seulement de limites opératoires (ex: lourdeur du
dispositif d'enquête) mais aussi de multiples biais qu'elle peut
impliquer (Bonnieux, 1998; Carson, 1999). Il s'agit notamment du
caractère fictif de l'échange proposé qui impose de
s'interroger sur la solidité du consentement à payer
déclaré ex ante.
La notion de biais suppose implicitement que chaque individu
valorise le bien sur la base d'un maximum de l'utilité
conformément à la théorie du consommateur. Tout
écart à ce programme d'optimisation est alors
considéré comme un biais.
Cummings et al. ont identifié six « biais »
à éviter dans ces évaluations :
·
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Le biais stratégique, qui se manifeste lorsque les
personnes interrogées donnent à dessein des réponses
fausses, sachant que dans la réalité elles ne devront effectuer
aucun paiement. Si les enquêtés perçoivent les
conséquences de l'expérience, il est possible qu'ils se
comportent stratégiquement et de ce fait ne révèlent pas
leurs vraies préférences (en se comportant comme des cavaliers
solitaires) ; le répondant à tendance à exagérer
(resp. à réduire) la disposition à payer (resp. à
accepter) une compensation selon son anticipation de l'avenir.
· Le biais du point de départ (ou biais initial)
ou encore biais d'encrage, qui est lié à l'influence des premiers
ordres de grandeur (« enchère ») suggérés par
l'enquêteur (« accepteriez-vous de payer telle somme? »).
L'enquêté peut se sentir enfermé dans une certaine
fourchette; il faut dès lors veiller à ce que les valeurs
exprimées soient à la fois « libres » et «
réalistes ».
· Le biais informationnel découle de la nature de
l'information fournie à l'enquêté: information sur
l'importance de l'éducation, sur les comportements à adopter, les
dépenses à engager, etc.
· Le biais instrumental, qui traduit la
sensibilité des valeurs révélées en fonction des
moyens de paiements proposés (majoration d'impôts, droit
d'entrée, augmentation du prix de certains biens et services tels que
l'électricité ou l'eau, etc.): on accepte plus facilement
certaines formes de paiement que d'autres.
· Le biais hypothétique, qui est dû
à l'absence de conséquence financière du choix
exprimé: sur un marché réel, une erreur de choix ou de
calcul est sanctionnée par une perte; sur un marché
hypothétique, il n'en est rien. Selon Barde (1992), la méthode
des marchés hypothétiques comporte des difficultés
liées en particulier aux problèmes de « mise en condition
» des personnes interrogées, dont certaines refusent parfois de
jouer le jeu. On peut ainsi douter de la précision de ces
évaluations en raison même du caractère hypothétique
des situations. Un problème essentiel est de s'assurer que les
enquêtés sont bien incités à dire la
vérité.
Ce biais survient lorsque l'individu ne peut pas se projeter
dans la situation d'une transaction hypothétique. Il est dû au
manque de familiarité avec le marché hypothétique et le
manque d'informations sur le bien ou le service.
· Le biais opérationnel, enfin, qui correspond au
degré de cohérence entre le marché hypothétique et
le marché réel. Il importe que l'enquêté ait une
connaissance aussi bonne que possible des biens qu'on lui demande
d'évaluer. On établit ainsi une liste de « conditions
opérationnelles de référence » qui définissent
les nécessaires « passerelles » avec la
réalité.
On notera par ailleurs que les sommes
révélées peuvent également varier selon que l'on
demande combien l'on consentirait à payer pour obtenir une
amélioration ou quel montant l'on exigerait en compensation des dommages
subis.
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