CONCLUSION PARTIELLE
Ce chapitre a montré que l'Internet inaugure
l'ère de la démocratie directe et redonne le pouvoir aux
citoyens. Les TIC ouvrent de nouvelles perspectives aussi bien à la
communication politique, aux citoyens qu'aux acteurs politiques. Car les TIC et
les combinaisons d'outils inhérents permettent aux acteurs politiques
d'augmenter leur visibilité, de communiquer de manière la plus
rapide ; et offrent aux citoyens une chance de participer à des
décisions pour la gestion des affaires publiques en vue d'une meilleure
démocratie.
Ainsi, l'Internet émerge alors comme un nouvel espace
de dialogue et de débat, ouvert, transparent et innovant, permettant de
traiter des questions politiques. Dans cette logique, l'usage et
l'appropriation des TIC par les citoyens et les acteurs politiques sont des
conditions sine qua non de la cyberdémocratie.
30 S. PROULX. « Penser les usages des
technologies de l'information et de communication aujourd'hui : enjeux,
modèles, tendances », dans L., VIEIRA et N., PINEDE, Enjeux et
usages des TIC, aspects sociaux et culturels, Tome 1, PUB, Bordeaux, 2005,
p.8.
31 CENCO, Manuel de référence
d'éducation civique et électorale, Tome I, Modules I
à IV, Ed. du Secrétariat Général, Kinshasa, 2004,
p. 47.
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CHAPITRE II : LA CYBERDEMOCRATIE EN RDC
INTRODUCTION
Les réalités politiques actuelles de la RDC sont
l'aboutissement de tout un processus qui marque la vie de la nation depuis
plusieurs décennies. Il est utile de se situer dans l'histoire du pays
pour bien saisir les enjeux de la démocratie et de la possible
cyberdémocratie en RDC. C'est l'objectif poursuivit dans ce chapitre.
Nous brosserons d'abord un aperçu sur le processus démocratique
en RDC ; ensuite nous aborderons les défis et les enjeux de la
cyberdémocratie en RDC, nous parlerons enfin de la configuration des
partis politiques en RDC.
II.1. BREF APERÇU SUR LE PROCESSUS DEMOCRATIQUE
EN RDC
1.1. La Genèse (1990-2001)
Le processus de transition politique en RDC est dicté
par le souci de repositionnement du Président Mobutu, en rapport avec le
bouleversement qu'entraînerait la chute du mur de Berlin et
d'éventuelles retombées de la déroute du communisme sur
son pays et sur son pouvoir.
Les consultations populaires ont révélé
les critiques du peuple vis-à-vis du régime, formulées
dans deux mémorandums particulièrement virulents adressés
au Chef de l'Etat31 à savoir : celui des affaires
étrangères (avril 1990) qui recommande la dissolution du
Mouvement Populaire de la Révolution (MPR) et de ses structures, la
convocation d'une Conférence Nationale et menace le président du
sort réservé au Président roumain CEAUCESCU et celui des
Evêques catholiques (mai 1990) : un texte des prêtres de Kinshasa
dénonce le massacre des étudiants de Lubumbashi (du 11 au 12 mai
1990) en le replaçant dans un contexte de dictature.
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Tirant les leçons de ces consultations populaires,
Mobutu prononça, le 24 avril 1990, un discours au cours duquel il
annonça des mesures de réforme politique : l'abandon du
rôle dirigeant du MPR, parti unique, la séparation du parti et de
l'Etat, la réhabilitation de la séparation des pouvoirs entre
l'exécutif, le législatif et le judiciaire, le retour au
pluralisme syndical et au pluralisme politique (limité à trois
partis politiques afin d'épargner au pays le désordre d'un
multipartisme intégral des années 1960), la dépolitisation
de la fonction publique, de la territoriale, des forces armées, de la
gendarmerie..., la révision de la constitution, etc.
Pour le peuple congolais assoiffé de la
démocratie digne de ce nom, l'annonce de cette ouverture politique fut
une source d'espoir et d'espérance.
Cependant, le discours du 24 avril 1990 fut vidé de son
contenu par le discours dit de clarification, le pays entra de nouveau dans une
phase de contestation, de revendications et de protestations ouvertes qui
précipita la convocation de la Conférence Nationale Souveraine
(CNS).
On se souviendra que les années qui suivirent la CNS
furent marquées par un climat politique nerveux dû non seulement
à l'évincement du Gouvernement d'Etienne Tshisekedi issu de la
CNS, mais aussi et surtout au génocide rwandais de 1994 et à
l'afflux massif des réfugiés rwandais à l'Est du Congo.
C'est à partir de cette région du pays que partira en 1996 une
guerre inter-rwandaise dont on profitera pour évincer le régime
de Mobutu.
Aidé par l'Occident et les pays voisins (Rwanda,
Burundi, Ouganda, Erythrée, Zambie...) Laurent-Désiré
KABILA, avec son Alliance des Forces Démocratiques pour la
Libération du Congo (AFDL) prendra le pouvoir le 17 mai 1997 et mettra
fin à une longue transition marquée par une dictature
sanglante.
Contre toute attente, Laurent Désiré Kabila fut
assassiné dans son Palais le 16 janvier 2001, dans des circonstances non
encore éclairés à ce jour.
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