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Les défis du terrorisme au Sahel. Aqmi,une menace stratégique?

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par Rodrigue NANA NGASSAM
Université de Douala - Cameroun - Master II en science politique- option : études internationales 2013
  

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b) La notion de Terrorisme

On a tendance parfois à penser que le terrorisme est un phénomène nouveau : ne lit-on pas aujourd'hui qu'il constitue la plus grande menace du 21e siècle ?29(*) Bien entendu, cette idée pourtant répandue ne doit pas nous faire oublier que le phénomène du terrorisme est un phénomène ancien, aussi vieux que la guerre. Le mot « terrorisme » est attesté en 1792, pour désigner la doctrine des partisans de la terreur remontant à la Révolution Française et le régime de la terreur dont, les promoteurs n'hésitaient pas à revendiquer la paternité. « Nous les terroristes », disaient ainsi Robespierre et Saint Just. C'est à la suite de cet épisode historique que le terme de terrorisme a été forgé. Il correspondrait au départ, au régime de la terreur c'est-à-dire à la période allant de mai 1973 à juillet 1974, chute de Robespierre et des Thermidoriens. Si, étymologiquement, le mot a fait son apparition dans les dictionnaires30(*) après la Révolution Française, pour la plupart des observateurs, comme Walter LAQUEUR, Bruce HOFFMAN, Arnaud BLIN et Gérard CHALIAND, l'usage de la terreur à des fins politiques existait bien avant. Et pourtant, depuis les années 70, la problématique « terroriste » suscite une vraie inflation littéraire et se hisse au premier rang des préoccupations mondiales au point d'ailleurs d'éclipser des problèmes autrement plus destructeurs comme la pauvreté, l'analphabétisme, le sous-développement et le sida31(*).

Dans la mesure où le terrorisme est un phénomène à la fois complexe et multiforme, il est extrêmement compliqué de trouver une définition qui décrive bien la problématique32(*). En effet, la question du terrorisme a été abordée sous des angles si différents si bien que jusqu'à présent et de façon inhérente, elle est sujette à controverse. Comme le note Isabelle Sommier : « L'étiquette terroriste jette l'anathème. Elle renvoie à l'inacceptable, l'illégitime, l'inhumain »33(*). De son côté, Brian Jenkins souligne que : « Ce qu'on appelle le terrorisme semble donc dépendre du point de vue de celui qui emploie le terme. L'usage du mot implique un jugement moral ; et si une des parties réussit à attacher le label terroriste à la partie opposée, c'est qu'il est indirectement parvenue à persuader les autres d'adopter son point de vue »34(*). Le concept est flou parce que la nature des actions terroristes, les mobiles, les moyens utilisés et les cibles sont pluriels et divers. Il pose en plus la question du lien entre l'acte politique (la motivation) et l'acte terreur (le moyen), celle de la violence légitime (supposée exercée par les Etats) et illégitime (exercée par des individus ou les organisations sub-nationales non étatiques) et celle du comportement éthique (est ce que le lâchage de la bombe atomique sur Hiroshima est plus éthique ou légitime que le 11 septembre ?), et celle du public cible (la cible de la terreur est-elle la cible principale ? La vraie cible n'est-elle pas souvent soit un pays, soit l'audience mondiale que l'on cherche à alerter, informer ou influencer ?)35(*). Toutefois, existe-il une définition universelle du terrorisme ?36(*)

En réalité ce que nous appelons communément terrorisme est avant tout une méthode, une tactique de combat. Celle qui caractérise la confrontation du « faible au fort »37(*). Qu'on le nomme « Terrorisme de guerre »38(*) ou « Terrorisme de guérilla »39(*), celui-ci a toujours pour but de conférer de la puissance et un avantage tactique à des acteurs qui en seraient dépourvus s'ils entraient dans une confrontation directe, symétrique avec une armée régulière40(*). Gérard CHALIAND et André BLIN vont jusqu'à estimer que le terrorisme relève de la même stratégie que celle mise en lumière par le grand stratège Chinois Sun TSU « Celle de vaincre sans combattre par la victoire sur les esprits »41(*). Ainsi, c'est d'ailleurs en tant que méthode qu'Alex SCHMITT et Albert JONGMAN définissent « le terrorisme comme méthode répétée d'action violente inspirant l'anxiété, la peur et qui est employée par des individus, des groupes (semi) clandestins ou des acteurs étatiques pour des raisons particulières, criminelles ou politiques ou au contraire de l'assassinat. La cible initiale de l'acte de violence est généralement choisie au hasard (opportunité) ou de manière sélective (symbolisme) parmi une population donnée et sert à propager un message ... »42(*). Cette définition recoupe largement celle de Jean Marie BALANCIER pour lequel le terrorisme est « une séquence d'actes de violence, dûment planifié et fortement médiatisée, en prenant délibérément pour cible des objectifs non-militaires afin de créer un climat de peur et d'insécurité, d'impressionner une population et d'influencer ses décideurs, dans le but de modifier des processus décisionnels (céder, négocier, payer, libérer, réprimer) et satisfaire des objectifs (politiques, économiques, criminels) préalablement définies »43(*). Pour Arnaud BLIN, « un acte terroriste est un acte politique dont le but est de déstabiliser un gouvernement ou un appareil politique, où les effets psychologiques recherchés sont inversement proportionnels aux moyens physiques employés et dont la cible principale, mais non exclusive, est la population civile »44(*). Pour cet auteur, les terrorismes ont une chose en commun dans l'histoire : « le projet politique, réaliste ou pas qui anime pratiquement tous les groupes employant la technique terroriste »45(*). « A ce projet politique se greffe une idéologie qui peut prendre plusieurs formes : marxiste, anarchiste, fasciste, nationaliste et fondamentaliste religieux »46(*). Définir ce concept demeure une nécessité sinon, il risquerait d'englober toute violence politique. Les textes législatifs, nationaux et internationaux, peuvent nous apporter des premiers éléments de réponse. De même que les définitions relevées dans la littérature académique.

L'ONU quant-elle est incapable de s'accorder sur une définition. Le groupe de personnalité de haut niveau47(*) sur Les Menaces, les Défis et les Changements établi par le Secrétaire Générale a opté pour une définition mettant l'accent sur les civils comme cible privilégié de groupes ayant pour but « d'intimider une population, ou d'obliger un gouvernement ou une organisation internationale à agir ou à ne pas agir » et a défini un nombre d'éléments clefs, renvoyant aux définitions figurant dans la convention de 1999 pour la répression du financement du terrorisme et à la résolution 1566 (2004) du conseil de sécurité48(*).

Comme nous l'avons souligné, l'examen de cette littérature montre la grande difficulté qu'il y a à définir le terme. Et Walter LAQUEUR faisait ce constat il y a près de 30 ans qu'une « définition du terrorisme politique qui se risquerait à vouloir dépasser la simple constatation de l'emploi systématique du meurtre, des coups et blessures et sabotages, ou les menaces de ces actes en vue de parvenir à des fins politiques, soulèverait forcément d'interminables controverses »49(*). Jean François GAYRAUD et David SENAT constatent de leur côté que l'analyse des définitions montre qu'elles tombent dans deux travers : «  Soit elles sont tautologiques, soit elles sont une longue suite d'énumération et se relèvent ainsi plus descriptives qu'explicatives »50(*). Cette difficulté à asseoir une définition consensuelle et universelle de la notion de terrorisme est symétrique à la tendance doctrinale d'opérer par classification ou catégorisation des formes de terrorisme51(*) selon les deux auteurs. Ils concluent donc qu'une « définition consensuelle du terrorisme apparaît dès lors impossible »52(*).

* 29 Arnaud BLIN, Terrorisme : Histoires, formes et médiatisation, Questions Internationales, dossier, décembre 2004, p.1.

* 30 Le terme «  terrorisme » n'apparaît pour la première fois dans le supplément du Dictionnaire de l'Académie Française qu'en 1798. Il est défini justement comme un mode de gouvernement.

* 31 Khader BICHARA, Terrorisme islamiste localisé. Terrorisme islamiste globalisée. Essai de définitions. CERMAC, 15 mars 2005, p.1.

* 32 Arnaud BLIN, Terrorisme : Histoires, formes et médiatisation, Questions Internationales, dossier, décembre 2004, p.1.

* 33 Isabelle SOMMIER, Le Terrorisme, Flammarion, paris, 2000, p. 84.

* 34 Brian JENKIS cité par Bruce Hoffman, La Mécanique Terroriste, Calmann-Lévy, 1999, p. 39.

* 35 Khader BICHARA, op.cit., P.1.

* 36 Voir Jean Marc SOREL, « Existe-t-il une définition universelle du terrorisme », in Katherine BANNELIER, Thomas CHRISTAKIS, Olivier CORTEN et Barbara DELCOURT (Sous la dir.), Le Droit International face au terrorisme après le 11 septembre 2001, préface de Gilbert GUILLAUME, Pédone, 2002, Coll. CEDIN-PARIS I, Cahiers Internationaux, n° 17, p. 35-68.

* 37 Gwenaëlle CALCERRADA, La « Tactique du faible au fort » : Apports et limites des explications structurelles et stratégiques du terrorisme par la discipline des Relations Internationales, IEP de Bordeaux, SPIRIT, 26 août 2010, p. 2.

* 38 Michel WALZER, De la guerre et du terrorisme, Bayard, 2004, 254 p.

* 39 Jacques BAUD, La guerre asymétrique ou la défaite du vainqueur, éd. du Rocher, coll. L'Art de la guerre, 2003, 212 p.

* 40 Stephen DI RIENZO, « Terrorisme : Une forme inédite d'expression de la puissance », in Politique Etrangère, été 2006, n° 2, p. 375-384.

* 41 Gérard CHALIAND et André BLIN, Histoire du Terrorisme : De l'antiquité à Al-Qaïda, éd. Bayard, paris, 2004.

* 42 Alex SCHMITT and Albert JONGMAN et Al.: Political Terrorism: a new guide to actors, authors, concepts, data bases, theories and literature, New Brunswick, Transaction Books, 1988.

* 43 Jean Marie BALANCIER : « Les Milles et un visage du terrorisme contemporain », in Questions Internationales, Documentation Française, n° 8, 2004, p.6.

* 44 Arnaud BLIN, Terrorisme : Histoires, ... loc.cit., p. 2.

* 45 Arnaud BLIN, ibid., p. 3.

* 46 Arnaud BLIN, idem.

* 47 Groupes de personnalités de haut niveau mis en place par Le Secrétaire Général des Nations Unies pour dresser un état des lieux complet sur les menaces, les défis et le changement. Ce groupe était présidé par Anand PANYARACHUN, ancien Premier Ministre de la Thaïlande, et comprenait : Robert Badinter (France), Joao BAENA Soares (Brésil), Gro Harlem BRUNDLAND (Norvège), Mary CHINERY HESSE (Ghana), Gareth EVANS (Australie), David HANNAY (Royaume-Uni de Grande Bretagne et d'Irlande du Nord), Enrique IGLESIAS (Uruguay), Amr Moussa (Egypte), Satish NAMBIAR (Inde), Sadako OGATA (Japon), Yevgeny PIMAKOV (Fédération de Russie), Qian QIQIAN (Chine), Salim SALIM (République Unie de Tanzanie), Nafis SADIK (Pakistan), et Brent SCOWCROFT (Etats-Unis d'Amérique).

* 48 Voir un Monde plus sûr : Notre affaire à tous, publication des Nations Unies, numéro de ventes F.05.2.5.

* 49 Walter LAQUEUR, Le Terrorisme, PUF, paris, 1979, p. 89.

* 50 Jean François GAYRAUD et David SENAT, Le Terrorisme, coll. Que Sais-Je ? PUF, Paris, 2002, p. 33.

* 51 Sur les classifications des formes de terrorisme, voir Jean François GAYRAUD / David SENAT, op.cit., p. 43-50.

* 52 Voir Jean François GAYRAUD / David SENAT, op.cit., p. 32.

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"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand