Les défis du terrorisme au Sahel. Aqmi,une menace stratégique?( Télécharger le fichier original )par Rodrigue NANA NGASSAM Université de Douala - Cameroun - Master II en science politique- option : études internationales 2013 |
III - Construction de la problématiqueLa définition des concepts (III.1) et l'analyse des différents points de vue des auteurs sur la question du terrorisme au sahel (III.2), nous permet d'aboutir à notre question de recherche (III.3). III. 1 - Cadre conceptuelLe sujet s'articule autour des concepts de terrorisme, sahel et AQMI. Ces concepts et expressions centrent l'analyse sur le danger que représente le phénomène du terrorisme dans la région sahélienne et souligne l'importance pour les Etats de la région, de l'Afrique et même de la Communauté Internationale de la nécessité de prendre les décisions qui s'imposent pour faire face à cette nouvelle menace qui secoue le continent Africain. Une clarification de ces concepts et expressions est de ce fait nécessaire non seulement pour déterminer le sens dans lequel ils sont employés dans cette étude, car comme le soulignait Aristote : « si les hommes prenaient la peine de s'entendre au préalable sur le sens des mots qu'ils allaient employer, il y aurait très peu de discussion entre eux »19(*), mais également pour cadrer l'étude. a) L'organisation AQMIAQMI est l'abréviation usuelle pour : « Al-Qaïda au Maghreb islamique »20(*). C'est une organisation complexe, officiellement franchise d'Al-Qaïda à l'échelle Maghrébine et sahélienne et, officieusement, levier utilisé par de multiples acteurs au gré de leurs intérêts stratégiques ou criminels21(*) . Il s'agit d'un mouvement islamique armé d'origine algérienne issu de la mutation du Groupe Salafiste pour la Prédication et le Combat (GSPC), lui-même issu de l'unification des Groupes Islamiques Armés (GIA)22(*). Crée en septembre 1998, le Groupe Salafiste pour la Prédication et le Combat (GSPC) a progressivement supplanté les « GIA » sur la scène du « terrorisme islamiste » en Algérie23(*). D'abord cantonné dans une seule région du pays (la Kabylie), où il était relativement peu actif, il a acquis une notoriété internationale avec l'enlèvement d'une trentaine de touristes européens au Sahara, au premier semestre 200324(*). Depuis lors, il a multiplié attentats et actions dans le Nord du pays et dans la bande sahélo-saharienne où il s'est étendu, ciblant principalement les forces de sécurité, puis des civils et des cibles étrangères, au point d'être considéré comme une menace potentielle pour l'Afrique et pour l'Europe. Si les liens entre les islamistes algériens et Al-Qaïda ne sont pas nouveaux25(*), le rapprochement entre le GSPC algérien et la nébuleuse terroriste Al-Qaeda coïncide avec la création du front islamique mondial de Ben Laden26(*). De 2003 à 2005, le groupe à laquelle succède HASSAN HAHAB (son fondateur), ABDERAZAK El PARA (arrêté au Tchad en mars 2004), NABIL SAHRAOUI (tué en juin 2004), puis ABDELMALEK DROUKDEL cherche à établir des contacts avec Al-Qaïda qui domine à cette époque l'actualité mondiale. Un peu plus tard, le 11 septembre 2003, NABIL SAHRAOUI, émir du GSPC à travers un communiqué, fait la déclaration suivante : « Nous prêtons allégeance à Cheikh Oussama BEN LADEN (...) Nous poursuivons notre jihad en Algérie. Nos soldats sont à ses ordres pour qu'il frappe par notre entremise où il voudra et partout où il voudra. Tout en décidant de rallier Al-Qaeda et de prêter allégeance à Ben Laden, nous conseillons à nos frères de tous les autres mouvements jihadistes partout dans le monde, de ne pas manquer à cette union bénie (...) L'organisation d'Al-Qaeda est la seule habilitée à regrouper tous les moudjahidines, à représenter la nation islamique et à parler en son nom »27(*). Le 24 janvier 2007, ABDELMALEK DROUKDEL annonce la disparition du GSPC et l'adoption de la nouvelle dénomination d'Al-Qaeda au Maghreb islamique28(*). AQMI est aujourd'hui une organisation terroriste qui fait peur et qui constitue une menace à la paix et à la sécurité internationale. A ce titre, l'organisation a été placée sur la liste officielle des organisations terroristes des Etats-Unis, de l'Australie, de la Russie etc. Elle est considérée par l'Organisation des Nations Unies (ONU) comme proche d'Al-Qaeda, et de ce fait, sanctionnée par le Conseil de Sécurité de ladite organisation. * 19 Aristote cité par François Xavier MBOME, In : Méthodes des Sciences Sociales, Cours Magistral 2eme année de Droit Public, Université de Yaoundé II, année académique 1999-2000. * 20 Mathieu GUIDERE, La tentation internationale d'Al-Qaïda, IFRI, Centre des études de sécurité, Focus Stratégique n° 12, décembre 2008, p. 10. * 21 Mehdi TAJE, La réalité de la menace d'AQMI à l'aune des révolutions démocratiques au Maghreb, Géostratégiques n° 32. 3e Trimestre 2011, p. 281. * 22 Voir à ce sujet Mehdi MEKDOUR, « Al-Qaïda au Maghreb Islamique-Fiche Documentaire », Note d'analyse du GRIP, Bruxelles, 25 août 2011, p. 2. * 23 Voir François GEZE et Salima MELLAH, « Al-Qaïda au Maghreb Islamique ou la très étrange histoire du GSPC », Algéria-Watch, 22 Septembre 2007, p.1. * 24 François GEZE et Salima MELLAH, op.cit., p.1. * 25 Jean François DAGUZAN, « Sécurité au désert : Les trafics illicites, le crime organisé et les activités terroristes », CIDOB, 25 octobre 2010, p.2. * 26Salima MELLAH, Le Mouvement islamiste algérien entre autonomie et manipulation, dossier n° 19, http://www.algéria-tpp.org/tpp/pdf/dossier_19_mvt_islamiste.pdf. p. 78. (Consulté le 10 juin 2012 à 10h30). * 27 Mehdi MEKDOUR, op.cit., (Supra, note n° 22), p. 2. * 28 Didier ANNE-LISE, « L'Afrique du Nord » in Xavier RAUFER (dir), Atlas de l'islamisme radical, CNRS Editions, paris, 2007, p. 267. |
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