Les défis du terrorisme au Sahel. Aqmi,une menace stratégique?( Télécharger le fichier original )par Rodrigue NANA NGASSAM Université de Douala - Cameroun - Master II en science politique- option : études internationales 2013 |
C- Le renforcement des capacités judiciaires régionalesUne ratification préalable de l'ensemble des outils internationaux concernant la lutte contre le terrorisme (1) de même que la formation du personnel en charge de la lutte contre ce fléau ((2), permettrait une plus grande réactivité dans le traitement des menaces terroristes. 1- Une ratification préalable de l'ensemble des instruments internationaux relatifs à la lutte contre le terrorisme Du fait de son essaimage dans presque toutes les régions du monde, la coopération internationale est devenue une nécessité absolue contre le terrorisme. Les attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis confirment à notre sens que l'on peut juguler les actes terroristes que dans une réelle coopération au niveau mondial, dont la mise est tributaire d'une coordination réalisée par le truchement de l'ONU, compte tenu de son caractère universel. S'il est vrai que dans les années 70 et 80, les débats sur le terrorisme ont été hésitants, voire infructueux, les Etats semblent aujourd'hui d'accord pour dire « qu'un rôle central revenait à l'organisation des Nations-Unies (...) »453(*). D'ailleurs, depuis la fin de la guerre froide, le terrorisme est devenu une préoccupation constante du Conseil de Sécurité qui y voit une menace contre la paix et la sécurité internationale. Cela a conduit le Conseil à prendre une batterie de mesures obligatoires engageant tous les Etats membres à une forte action de prévention et de répression du terrorisme. Conscients de graves problèmes que pose le terrorisme, l'urgence de ratifier les instruments universels contre le terrorisme ainsi que la Convention des Nations Unies contre la criminalité organisée et ses protocoles est nécessaire aujourd'hui. Ces instruments constituent un cadre privilégié de coopération juridique internationale entre Etats mais aussi avec tous les Etats parties auxdits instruments internationaux. Les distances et les barrières s'estompent dans le monde aujourd'hui, ce qui fait de la lutte contre le terrorisme une responsabilité globale partagée, qui exige de la solidarité internationale. Les pays du sahel qui sont sur la ligne de front dans la lutte contre le terrorisme dans la région, doivent adoptés des dispositifs ou des stratégies nationales, régionales et même internationales de lutte contre le terrorisme. Ils doivent mettre en oeuvre les mécanismes ou outils de lutte contre le terrorisme existant, tels que la Stratégie Mondiale de l'ONU en matière de lutte contre le terrorisme, la Stratégie de lutte contre le terrorisme de la CEDEAO ou de l'UE ou encore de l'UA. Renforcer les capacités en matière d'application de la loi et la coordination entre chaque pays et ses voisins. Les Etats du sahel ont donc intérêts à ratifier les 16 instruments internationaux aujourd'hui en vigueur et les incorporés dans leur législation afin d'améliorer leurs systèmes judiciaires qui pour la plupart sont défaillants en matière de répression du terrorisme. Ceci est d'autant justifié que la formation du personnel en charge de la lutte contre le terrorisme requiert une maîtrise de ces instruments afin d'éradiquer de manière satisfaisante, le terrorisme et le crime organisé. 2- La formation du personnel en charge de la lutte contre le terrorisme La lutte antiterroriste dans ce 21e siècle de menaces, doit prendre en compte l'aspect formationel des personnes en charges de la sécurité. Un personnel mieux formé à faire face à la menace terroriste et au crime international est apte à répondre efficacement au terrorisme. Les experts doivent suivre une formation et disposer de l'équipement approprié. Il en va ainsi des personnes en charge de surveiller les frontières, les responsables du renseignement, les professionnels du système judiciaire et de l'application de la loi. Le manque de formation et de perfectionnement professionnel ainsi que des ressources nécessaires sont autant de facteurs qui entravent les efforts pour contrecarrer la menace terroriste au sahel, en Afrique, en Afghanistan, au Pakistan et au-delà. La connaissance et le savoir faire sont autant d'atouts qui peuvent permettre d'anticiper et de prévenir le terrorisme. Une formation est nécessaire afin de renforcer les capacités et le savoir faire des fonctionnaires judiciaires, de façon à ce qu'ils puissent mettre en oeuvre efficacement les mesures antiterroristes existantes dans la région du sahel. Etant donné l'importance du maintien en poste des fonctionnaires ayant suivi une formation, des plans doivent être élaborés afin d'assurer un faible taux de roulement du personnel. De plus, la corruption qui est un facteur à l'existence du crime organisé doit être combattue par les Etats pour qu'elle arrête de gangrener la région. Comme l'a dit Hubert Védrine, lors du discours qu'il a prononcé le 10 novembre 2001 devant l'Assemblée Générale des Nations Unis, « nous ne gagnerons durablement la lutte contre toutes les formes de terrorisme que si nous sommes capables de les priver de leur terreau, de leur retirer les prétextes dont elles se nourrices fallacieusement (...) »454(*). * 453 Rapport du Comité Spécial de l'AGNU crée par la Résolution A/51/210, 8e session, 2004, A/59/37, p. 5. * 454 Cité par Brigitte Stern, « Le contexte juridique de l'Après 11 septembre 2001 », in K. Bannelier et al. (dir) in Le Droit International Face au Terrorisme, Paris, Pedone, 2002, p. 10. |
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