V. La perception
La perception est un concept polysémique. Elle est,
d'abord, définie comme une représentation intellectuelle par
Descartes qui la considère comme un acte ou une opération de
l'intelligence. Le terme est donc assez subjectif et renvoie à
l'intellect. Ensuite, le concept est pris comme une sensation de
l'extérieur qui se fait par l'un au moins des cinq (5) sens ou le
mélange de ces cinq sens. Spinoza nous donne quatre modes de perception
: « La perception par les sens », « la perception par
l'expérience », « la perception par le raisonnement
déductif » et « la perception par l'intuition ».
Aussi elle peut signifier une représentation
évocatrice de la réalité : chacun à sa perception
des choses. La perception est une faculté bio physique ou psychologique
ou bien culturelle qui relie l'action du vivant à l'environnement par
l'intermédiaire des sens (Wikipédiat). C'est donc le processus de
recueil et de traitement de l'information sensorielle ou sensible ou la prise
de conscience qui en résulte. Elle est individuelle car on ne saurait
percevoir à la place d'un autre.
En outre le recours à la perception vient de
l'idée que certains jugements ne peuvent se faire que par la personne
concernée par la chose à apprécier. De ce fait, A. Colin
considère que la recherche sur la perception du paysage montre que les
individus qui vivent un paysage en ont une connaissance plus approfondie et que
leur perception est liée également aux rapports sociaux qu'ils
entretiennent dans le territoire concerné. Ces individus s'inscrivent
dans une appréciation de l'environnement « vécu » qui
est beaucoup plus approfondi que celui « vu ». Il est de toute
évidence que les populations locales décrivent mieux les
différents phénomènes qui les gangrènent et les
solutions les plus adaptées. Car la perception comme le souligne
Socé (2008) est un acte de terrain et elle est difficilement
appréhensive par une personne étrangère19.
C'est dans ce cadre que les producteurs sont mieux à
même de décrire leur niveau de vulnérabilité face
aux péjorations du climat. Ils sont, aussi, beaucoup plus
indiqués dans l'appréciation des différentes
stratégies d'adaptation mises en place pour
19 Ndiogosse Socé, perception des
indicateurs de changements climatiques chez les populations pastorales de la
zone Sylvio pastorale : cas des communautes rurales de Thieul et de Deali,
mémoire ENEA, 2008. 125p.
Mémoire de fin de formation, Tamsir Ousmane DIAGNE, ESEA
2013
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Analyse de la perception de la vulnérabilité et
des stratégies locales d'adaptation aux variations et changements
climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa.
leur permettre de faire face aux effets négatifs des
variations et changements climatiques.
Enfin, la perception s'inscrit dans une démarche Botton
up. Le contraire est la méthode up down qui voudrait que les
études d'un milieu soit concoctées depuis la capitale par des
experts qui sauraient mieux décrire, caractériser ou identifier
le niveau de vulnérabilité de ce milieu et de préconiser
des solutions. Cette méthode a largement montré ses limites. La
perception est un processus « down up » qui part du producteur et
revient à lui. Ce sont eux qui identifient leur niveau de
vulnérabilité et ce sont eux qui donnent les recommandations les
mieux adaptées pour leur résilience.
Mémoire de fin de formation, Tamsir Ousmane DIAGNE, ESEA
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Analyse de la perception de la vulnérabilité et
des stratégies locales d'adaptation aux variations et changements
climatiques. Cas des exploitations agricoles de la CR de Keur Moussa.
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