2.6. Diagnostic d'infection de
la plaie opératoire
Cliniquement, le diagnostic d'infection repose surtout sur la
présence d'un écoulement purulent au niveau du site chirurgical.
Ceci peut être associé à un oedème, un
érythème, une déhiscence de la plaie ou à la
formation d'abcès. Toutefois, les signes et symptômes locaux
peuvent être absents, de même que ces mêmes signes ne signent
pas nécessairement la présence d'une infection. De plus, les
infections profondes ne se manifestent pas nécessairement par des signes
au niveau de l'incision. Lors de toute suspicion d'infection, des
prélèvements doivent être réalisés pour
examen microscopique direct, cultures et antibiogramme. Il est très
important que cet envoi soit accompagné de bons renseignements cliniques
notamment sur le niveau et le type de prélèvement : la
présence de bactéries isolées à partir d'un frottis
superficiel d'une plaie n'a pas du tout la même signification clinique
qu'un prélèvement profond ou un écoulement purulent franc.
Relevons également qu'un écoulement stérile à la
culture ne signifie pas nécessairement l'absence d'infection,
particulièrement chez les patients recevant des antibiotiques.
Les infections du site chirurgical se développent en
général quelques jours à quelques semaines après
l'opération. Dans plus de 90 % des cas, une infection se sera
manifestée dans les 30 jours suivant l'acte chirurgical. Il faut faire 2
remarques à ce sujet : d'une part, le raccourcissement des
séjours hospitaliers a pour conséquence que beaucoup d'infections
du site chirurgical ne se manifestent qu'après la sortie de
l'hôpital, et ne seront donc pas relevées sans un système
de surveillance se prolongeant au-delà de la sortie. C'est la raison
pour laquelle, pour l'obtention de données
épidémiologiques, on pratique en général une
surveillance pendant les 30 jours postopératoires, et 30 à 60 %
des infections ne sont détectées qu'après la sortie du
patient. D'autre part, certaines infections clairement en rapport avec l'acte
chirurgical peuvent survenir bien au-delà de cette période,
particulièrement lors de la mise en place de matériel
prothétique. Pour ces cas-là, la période d'observation
doit être prolongée à un an.
Les infections du site chirurgical sont
subdivisées en :
- Infections incisionnelles :
Présence de pus (ou de nombreux polynucléaires
altérés) au niveau de l'incision chirurgicale ou entre
l'aponévrose et la peau même en l'absence d'isolement d'un germe.
Elles sont subdivisées en infections incisionnelles superficielles et
profondes lorsqu'elles impliquent la peau, le tissu sous-cutané, les
muscles ou les fascias.
- Infections profondes : appelées
maintenant infections d'organes/de cavités du site chirurgical si elles
impliquent des structures ou des organes plus profonds. Présence de pus
(ou de nombreux polynucléaires altérés) :
- En présence d'un drain placé sous
l'aponévrose ;
- Ou découvert par méthode invasive ou non (y
compris la ré intervention) sur le site anatomique de
l'intervention ;
- Ou sur un site différent, à condition que
l'infection soit considérée comme liée à cette
intervention (par exemple endocardite après chirurgie cardiovasculaire,
abcès sous phrénique après intervention abdominale)
[7].
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