5.2.2. Les facteurs de
risque
Etant donné la multiplicité des facteurs qui
contribuent pour aboutir à l'infection, une étude plus exhaustive
et de type prospectif renseignerait avec plus de précision sur le
rôle absolu et relatif joué par chacun des paramètres
étudiés.
Néanmoins, les paramètres choisis
représentent un ensemble pertinent. Leur étude, basée sur
le calcul des fréquences et des moyennes et sur l'évaluation
statistique du risque infectieux, a fourni des indications suffisamment fiables
sur le plan pratique.
Ainsi un certain nombre de facteurs ont été
associés de façon très significative à la survenue
de l'infection de la plaie opératoire :
5.2.2.1. Les facteurs de risque
liés au patient
Le risque de survenue de l'infection de la plaie
opératoire est significativement plus élevé chez les
opérés âgés de plus de 60 ans (OR = 3,61 ; IC
à 95% = [1,66 - 7,84]) que chez ceux âgés de 30 à 60
ans en prenant les opérés âgés de 1 à 30 ans
comme référence. Ce qui est superposable à l'association
trouvée par la littérature [2, 3, 4, 5, 7, 11, 19, 21,
22].
Nous avons trouvé une association entre le sexe et
l'infection de la plaie opératoire au décours de notre
étude, cependant dans la littérature, elle n'est rapportée
nulle part. Malgré, BIRINTANYA N. avait eu cette association au cours
de son étude [5]. Cela pourrait s'expliquer par le
nombre élevé de malades opérés dans le service de
Gynéco-obstétrique qui est exclusivement féminin. Une
association significative avec le service d'hospitalisation serait due au
nombre important de femmes dans notre échantillon.
Les pathologies chroniques chez l'opéré n'ont pas
été associées (p = 0,95) pour notre étude, ce qui
s'expliquerait par un bilan pré opératoire pauvre ou des fois
inexistant pour la recherche des maladies avant l'intervention chirurgicale.
Au décours de notre étude, le risque de survenue de
l'infection de la plaie opératoire est très significativement
plus élevé (0R = 1,59 ; IC à 95% = [1,28 - 2,99])
chez les opérés ayant un traitement associé que ceux
n'ayant pas un traitement associé. FRANCIOLI P. et all
[7] et d'autres auteurs [2, 3, 4] avaient
également notifié ce lien.
5.2.2.2. Les facteurs de risque
liés à l'acte chirurgical
Le rasage préopératoire influence également
le risque opératoire. Plusieurs études ont montré une
augmentation du risque lorsque les poils étaient enlevés avec un
rasoir à main par rapport à un rasoir électrique ou une
épilation. De plus, lorsqu'un rasoir à main était
utilisé, le risque était double lorsque le rasage était
effectué dans les 24 heures qui précédaient
l'opération par rapport à immédiatement avant
l'opération.
Dans notre série, Le risque de survenue de l'infection de
la plaie opératoire est très significativement plus
élevé (OR = 1,82 ; IC à 95 % = [0,32 - 0,96]) chez
les opérés ayant subi un rasage du champ opératoire par
rapport à ceux n'ayant pas subi un rasage du champ opératoire.
Ceci est conforme avec les résultats apportés par d'autres
études [7, 19].
Le risque de survenue de l'infection de la plaie
opératoire est très significativement plus élevé
(OR = 3,06 ; IC à 95% = [2,01 - 4,67]) chez les
opérés ayant une plaie sale/infectée comparativement
à ceux ayant une plaie propre. Ceci apporte une conformité
avec la littérature [2, 3, 5, 7, 21].
L'infection de la plaie opératoire rallonge la
durée du séjour postopératoire. Plus le séjour
postopératoire est long, plus le risque de survenue de l'infection de la
plaie est élevé. C'est ainsi que dans notre enquête, nous
avons trouvé que le risque de survenue de l'infection de la plaie
opératoire est très significativement plus élevé
(OR = 9,16 ; IC à 95% = [5,07 - 16,54]) chez les
opérés ayant séjourné plus d'une semaine
comparativement à ceux ayant séjourné une semaine
à l'Hôpital. Plusieurs auteurs avaient mentionné dans leurs
études [2, 5, 7, 16, 21].
Le risque d'infection de la plaie opératoire semble
particulièrement accru pour les opérations qui durent plus de
deux heures. Dans cette étude impliquant 521 opérations, le
risque liée à une opération de plus de deux heures est de
6,39 (IC à 95% = [1,96 - 20,79]). Plusieurs facteurs sont
évoqués pour expliquer cette augmentation du risque :
augmentation de la contamination de la plaie, augmentation du traumatisme
chirurgical, augmentation du nombre de sutures et de procédures
d'électrocoagulation, augmentation des pertes sanguines, diminution de
l'effet des antibiotiques prophylactiques. Ce résultat concorde avec
celui rapporté par d'autres études [2, 5, 6, 7, 16,
21].
Nous n'avions pas trouvé de différence de risque
entre les patients opérés en programmation et ceux
opérés en urgence par rapport à la survenue de l'infection
de la plaie opératoire au décours de notre enquête (p =
0,74). Cela pourrait probablement s'expliquer par la disponibilité d'un
kit d'urgence remboursable au niveau du bloc opératoire. Ce qui
permettra à tous les patients opérés d'accéder aux
premiers soins au bloc. Une antibioprophylaxie chirurgicale efficace doit
permettre de réduire de façon significative le risque d'infection
de la plaie opératoire. C'est un point de vue unanimement
partagé par les auteurs [3, 5, 7, 14, 21, 22]. Notre
étude a que le risque de survenue de l'infection de la plaie
opératoire est très significativement plus
élevé : 7,14 (IC à 95% = [0,04 - 0,47]) chez les
opérés n'ayant pas reçu une antibioprophylaxie en per
opératoire. Il en de même pour les classes d'antibiotique
utilisées. Ce risque a été de 2,52 (IC à 95% =
[1,52 - 3,91]) pour les opérés traités avec les autres
familles d'antibiotiques comparés à ceux mis sous les
â-lactamines.
Le risque lié à la mise en place d'un drain a
été de 8,98 chez les opérés ayant reçu un
drain comparativement à ceux n'ayant pas été drainé
(IC à 95% = [5,36 - 15,03]). Dans la littérature, des
études ont rapporté le même résultat [7,
16].
Les opérés ayant un rythme de pansement d'un jour
sur quatre (pansement au 5ème jour) ont un risque de 8,33 (IC
à 95% = [0,08 - 0,20]) d'avoir leurs plaies infectées par rapport
à ceux ayant un pansement d'un jour sur deux (pansement 48 ème
Heure). FANCIOLI P. et all [7] avaient tiré la
même conclusion.
Un séjour préopératoire prolongé
augmente le risque d'infection en dehors de la présence d'autre facteur
de risque. Dans notre série, le risque de survenue de l'infection de la
plaie opératoire est plus élevé (OR = 1,46 ; IC
à 95% = [0,83 - 2,59]) chez les opérés ayant
séjourné plus d'un jour à l'hôpital avant
l'opération comparés à ceux ayant séjourné
un jour avant l'acte chirurgical, en prenant comme référence les
opérés séjournant moins d'un jour mais la
différence n'est pas significative. Cette association non significative
a été mentionnée par MAKOUTODE M. [3].
Cependant dans la littérature d'autres auteurs ont
trouvé ce lien significatif [2, 5, 7]. Cette
différence pourrait s'expliquer par la difficulté liée
à la détermination de la date d'admission avant l'acte
opératoire dans notre étude.
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