4.3. Définition théorique économique du
modèle
Les deux hypothèses impliquent que les changements dans
le sentiment de l'investisseur ne sont pas entièrement compensés
par les arbitragistes. Delong et al (1990) ont utilisé un modèle
à générations imbriquées comportant deux
actifs : l'un risqué ; l'autre certain. L'actif certain
noté s (safe) avec une offre complètement élastique. Donc,
toute unité de cet actif peut être transformée, à
chaque période, en une unité de bien de consommation. Pour
simplifier, le prix de cet actif est égal à 1 à chaque
période. L'autre actif incertain noté u (unsafe) qui ne peut pas
être transformé directement en biens de consommation. Le prix de
cet actif risqué au temps t est . Les
agents sont de deux types : les investisseurs rationnels noté i qui
font des anticipations rationnelles et les noises traders notés n qui
fondent leurs décisions sur des signaux erronés. La proportion de
noise traders dans l'économie est u, les investisseurs rationnels sont
en proportion 1-u. Les noises traders ainsi que les arbitragistes rationnels
décident de faire des investissements dans les actifs de type s ou u
lorsqu'ils sont jeunes. Ils vont transformer s en biens de consommation et
vendent l'actif u à la génération suivante au prix . Cette
vente représente leur richesse finale qui sera consommée
lorsqu'ils seront âgés. La décision de faire des
investissements pendant la période de jeunesse est relative aux
croyances des investisseurs dans le prix des actifs risqués au temps t+1
à maximiser la fonction d'utilité espérée avec
w la richesse finale. Le tableau suivant clarifie ce paragraphe.
1ère période
|
2ème période
|
Jeunes investisseurs
|
Investisseurs âgés
|
L'investissement dans les actifs u et s
*s transformé en biens de consommation
*u vendu à la 2ème
génération au prix
|
Financement de consommation
|
Les investisseurs rationnels anticipent correctement le prix
alors que les noise traders commettent une erreur dans leur anticipation
représentée par qui
suit une loi normale
~N(ñ*,ó ²ñ).
On remarque donc que la différence dans les croyances
implique un choix différent entre les noises traders et les
investisseurs rationnels, d'où la notation de pour
la quantité d'actif risqué choisie par les investisseurs
informés, et celle
choisie par les noises traders. Si la distribution des rendements est normale,
le maximum d'utilité espérée d'une unité d'actif
risqué est équivalent à maximiser avec
la richesse finale espérée et ów² la variance de la
richesse d'une période à l'autre.
Dans le modèle de Delong et al (1990), les
arbitragistes savent parfaitement et correctement la distribution des
rendements des actifs risqués. Ils tendent à prendre davantage
des erreurs faites par les noises traders pour maximiser l'utilité
espérée. La différence entre
le prix anticipé de l'actif risqué et sa valeur fondamentale par
le sentiment de noise traders et on le note par ñ. Après un
ensemble d'interactions (voir l'article de Delong et al), le prix de l'actif
risqué prend cette forme :
L'interprétation de cette formule est comme
suit :
En absence de noise traders, le prix d'actif risqué est
égal à sa valeur fondamentale qui est égale à 1.
C'est typiquement le cas de l'efficience de marchés financiers. Dans le
cas différent, le prix varie de sa valeur fondamentale. La
deuxième partie de la formule reflète l'impact du sentiment de
noise traders dans le prix actuel. Si l'investisseur non informé est
optimiste quant à l'avenir alors le prix actuel est au dessus de sa
valeur fondamentale. En cas de pessimisme, le prix sera au dessous de sa valeur
fondamentale. Nous sommes donc face à l'impact du changement de
sentiment des investisseurs dans les formations des prix. Ce qui va influencer
la variation du rendement. C'est le cas de la finance comportementale. Cette
relation entre le rendement et le sentiment a été
approuvée par de nombreux théoriciens, celle-ci sera le point
discuté dans la partie empirique. La troisième partie
reflète l'impact de l'erreur moyenne des investisseurs non
informés sur le prix de l'actif risqué. Il existe donc une
relation positive entre ces deux termes. Plus cette erreur est importante, plus
le prix de l'actif est élevé. La quatrième partie est
négative puisqu'elle représente la part de risque. L'incertitude
sur les croyances de noise traders rend l'actif plus risqué, ce qui
diminue son prix.
La présence de noise traders conduit alors à une
divergence significative entre le prix de l'actif et sa valeur fondamentale. En
plus, ils peuvent avoir des rendements supérieurs que les rendements
obtenus par les arbitragistes. L'espérance mathématique de la
différence des rendements globaux est sous la forme :
Delong et al (1990) interprètent cette équation
en se basant sur la direction et le changement de sentiment de noise traders
dans l'évaluation des actifs. Ils montrent ainsi que quatre effets du
sentiment affectent le rendement et la volatilité des noises traders.
L'effet « price pressure » a toujours un impact
négatif sur l'excès du rendement puisqu'il est à mesurer
quand le niveau de sentiment est à la hausse. L'augmentation du
sentiment est accompagnée avec une tendance d'augmentation de la
demande d'actif risqué. Ainsi son prix augmente et par la suite le
rendement diminue. L'effet « hold more » exerce deux
réactions contradictoires selon la nature de changement de sentiment.
Quand le sentiment est à la hausse les noise traders possèdent
plus d'actifs risqués, le rendement espéré augmente alors.
La rémunération est à la hauteur du nombre des
unités des actifs risqués qu'ils détiennent. Dans le cas
contraire où le changement du sentiment est à la baisse, le
rendement diminue.
L'effet « friedman »a un impact
négatif sur le rendement à cause du mauvais
« timing » des noise traders. Leur intervention sur le
marché est au moment où ils sont susceptibles de subir une perte
au capital. L'effet « create space » : une hausse des
perceptions erronées de noise traders concernant le risque d'actif
augmente l'incertitude de prix et réduit l'aversion au risque des
investisseurs informés. Par conséquent pour tirer profit des
erreurs de noise traders, les investisseurs rationnels doivent supporter un
risque plus élevé. Le bénéfice s'explique par les
transactions à court terme des investisseurs informés. En guise
de conclusion, le rendement anticipé des actifs risqués
dépend en moyenne et en variance du sentiment de noise traders. Le
rendement des actions fluctue avec les fluctuations de sentiment de noise
traders. L'impact d'un changement positif du sentiment est plus puissant qu'un
changement négatif.
|