1.2 La place de l'épargne dans les produits
d'assurance et de banque
Les métiers de banque et d'assurance possèdent
des éléments communs parmi lesquels on peut citer la relation de
proximité, les similitudes dans la nature de la clientèle, la
technicité des produits et la maîtrise des techniques
financières. Pour bien comprendre la convergence entre les deux
entreprises, il convient d'analyser la substituabilité des produits
proposés par chacun des deux secteurs et de comparer les produits
d'assurance qui se rapprochent des produits d'épargne bancaire.
Aujourd'hui, les assureurs ont compris qu'il fallait
moderniser leur gamme, et ont ainsi conquis une part beaucoup plus importante
du marché de l'épargne, en proposant des produits modernes qui
pallient les inconvénients pesant sur les formules classique d'assurance
vie. Ces produits sont plus proches de l'épargne bancaire. Les produits
d'assurance vie peuvent se substituer désormais aux produits
d'épargne bancaire. C'est l'une des motivations des banques à se
lancer dans la commercialisation des produits d'assurance.
Tableau 5 : Les termes sensiblement
équivalent utilisés par les banquiers et les assureurs
Banque
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Assurance
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Épargne
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Prime
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Retrait
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- Avance
- Rachat partiel
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Intérêt compte d'épargne
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- Bénéfices financiers - Bénéfices
techniques
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Clôture de compte
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Rachat total du contrat
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Frais de tenue de compte
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Chargement de gestion
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Source : Recoupements personnels
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Chapitre 3
LE RAPPROCHEMENT ENTRE LES DEUX
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1.3 Domaine de complémentarité
Du point de vue de l'offre, il existe des ressemblances dans
la gamme des produits proposés, dans les possibilités de
distribution, dans l'administration et la logistique.
Décidément, la banque et la compagnie
d'assurance se trouvent aujourd'hui dans une ère de
complémentarité tout azimut. L'activité bancaire et
assurantielle dissimulent plusieurs éléments
complémentaires et le rapprochement des deux métiers permettra
une réelle diversification pour les deux entités2.
? Rapports différents au temps
Le début d'une période d'épargne est
lourde pour l'assureur, en effet les charges y afférentes ; a la
constitution de provisions mathématique au passifs du bilan s'ajoutent
le paiement des commissions à l'apporteur d'affaires (l'assureur
individualise le coût d'acquisition de chaque affaire). Au delà
d'un certain nombre d'années d'une épargne effective, l'assureur
vie aura déjà amorti ses frais et il passe à une phase
bénéficiaire de son exploitation.
Dans la banque, la situation est différente ; le
banquier n'individualise pas le prix de revient de chaque affaire et
généralement, il n'a pas d'intermédiaire à
rémunérer les frais d'acquisition sont tout simplement confondus
avec les frais annuels de fonctionnement des agences, donc chaque nouvelle
affaire contribue immédiatement à accroitre le résultat
financier du poste concerné.
Dans une phase de conjoncture économique favorable
où les institutions accroissent leur chiffre d'affaires, les
résultats de la banque vont accroitre immédiatement alors que
ceux de l'assurance vont se dégrader. Plus tard la situation se
renversera puisque le profit de la banque va en diminuant alors que celui de
l'assurance augmentera. Ce mécanisme nous démontre la
complémentarité entre les deux institutions.
2 DANIEL Jean-Pierre, Les enjeux de la bancassurance,
Editions De Verneuil, Paris, 1995, p.128.
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LE RAPPROCHEMENT ENTRE LES DEUX
ACTIVITÉS
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? Sensibilité complémentaire aux taux
d'intérêts
Selon KEREN Vered 3, les périodes
d'inflation et de désinflation produisent des effets opposés pour
les banques et les compagnies d'assurance, ainsi peuvent-elles s'épauler
l'une à l'autre.
Généralement, la période d'inflation est
plutôt favorable à l'activité bancaire, alors que la
désinflation bénéficie au secteur de l'assurance.
Tableau 6 : Impact des périodes d'inflation et
de désinflation sur la banque et la
société
d'assurance.
Périodes d'inflation
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Périodes de désinflation
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Effets sur la banque
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FAVORABLE
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DEFAVORABLE
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· Diminution de la valeur relative des annuités de
remboursement.
· Croissance de l'activité Crédit.
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· Hausse de la valeur relative des annuités de
remboursement.
· Stagnation de l'activité crédit.
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Effets sur la compagnie d'assurance
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DEFAVORABLE
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FAVORABLE
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· Diminution du chiffre d'affaires de l'assurance vie.
· Le rachat des contrats d'assurance vie.
· La hausse de la valeur
nominale des indemnisations de la branche dommage.
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· La hausse de la valeur du portefeuille obligataire due
à la baisse des taux d'intérêts.
· La valeur relative des indemnisations de la branche
dommage diminue.
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Source : recoupements personnels
3 KEREN Vered, La bancassurance, Editions Que Sais-je ?, Paris,
1997, pp.21 à 26.
La bancassurance : Une nouvelle dynamique en marche pour la
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? Complémentarité au niveau du front
office
Auprès du grand public, le banquier
bénéficie d'une image de marque très importante, en effet,
le banquier entretient des contacts réguliers avec son client. Il lui
fournit quotidiennement des petits services allant des retraits de fonds
jusqu'à l'autorisation d'un découvert bancaire, en passant par le
règlement des chèques et opérations de caisse.
Moins fréquemment, le métier de l'assureur est
généralement peu apprécié du public, le contact est
plutôt accessoire qu'il s'agisse de l'assurance vie ou de l'assurance
dommages, même dans le cadre d'un contrat de santé, où les
échanges sont plus fréquents, les remboursements des frais
maladies se réalisent par la voie postale, sans aucune relation
personnelle entre les deux partie.
En outre, lorsque le contact a lieu, c'est en principe lors
d'occasions peu propices pour développer des relations de confiance.
Dans ce cadre, le banquier a une meilleure relation avec le client que
l'assureur, à cet effet, il s'agit d'une complémentarité
dans l'image de marque des deux institutions.
Également, les banques ont bien réussi
l'intégration de la technologie au niveau de leurs réseaux.
D'ailleurs, l'automatisation, la télématique ainsi que le
développement de la banque à réseaux ou de
proximité, nous permettent de parler d'une certaine industrialisation
des services. C'est par là où réside
l'intérêt aux assureurs de bénéficier d'un certain
effet de synergie en s'alliant avec une banque pour profiter des progrès
technologiques sans trop investir.
On peut que conclure qu'une complémentarité au
niveau du front office peut se réaliser.
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