2.1.4. Les conditions édaphiques
Les sols de forêts claires sont
généralement peu profonds et peu riche en nutriments (azote,
phosphore et matière organique). Dans la région
zambézienne, le pH est généralement acide, aux environ de
4-5 (Timberlake, Chidumayo et al. 2010).
Selon Freson et al. (1974), en relation avec la
densité de la canopée, l'épaisseur de la couche
supérieure de matière organique diffère selon les
différentes successions de végétation : 5-10 cm pour le
muhulu, 2-3 cm pour le miombo et 0-1 cm pour les savanes. Le pH a quant
à lui tendance à s'acidifier au plus le couvert est important.
Bell (1984) a démontré qu'en fonction de
l'infiltration de l'eau dans le sol et de la charge en éléments
minéraux nutritifs, la biomasse végétale, sa
qualité et du coup la structure de la formation variaient (figure 5).
Figure 5: Diagramme simplifié des relations
sol-végétation (Bell 1984)
2.1.5. L'importance du feu
Comme dit précédemment, le miombo est un
pyroclimax, ce qui signifie que le feu est une des ses principales
composantes.
Même si des feux naturels peuvent survenir, l'origine
des feux est principalement anthropique : soit des feux se propageant suite
à la préparation des terres, lors de la confection de «
makala »2ou pour la collecte de miel, soit des feux
sont volontairement répandus pour la chasse (mammifères ou
oiseaux) ou pour la production de pâturage pour le bétail (Frost
1996). Il existe deux types de feux : les précoces et les tardifs. Les
feux précoces ont lieu au début de la saison sèche, saison
la plus propice à la propagation des feux. Les feux tardifs ont lieu,
quant à eux, à la fin de cette même saison. Les
différentes composantes du feu, telles que son comportement, son
intensité, sa fréquence et son timing affectent l'impact de
celui-ci sur la structure et la composition de la végétation
(Frost 1996; Bellefontaine, Gaston et al. 1997; Smith and Allen 2004;
Timberlake, Chidumayo et al. 2010).
2 Charbon de bois
8
Pour exemple, une expérience a été
menée par Sène (1976) dans une forêt homogène aux
alentours de Lubumbashi. Les résultats obtenus sont
présentés au tableau 1.
Tableau 1 : Effets des différents types de feux
sur les strates de végétation d'une forêt claire aux
alentours de Lubumbashi (Katanga, RDC) (Sène (1976
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Feux précoces
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Feux tardifs
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Absence de feux
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Matière végétale
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HERBACEE
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partiellement détruite
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totalement détruite; stock des semences très
entamé
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s'amoncelle dangereusement perpétuant les risques toute la
saison sèche. Inflammabilité extrême en avril-mai
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ARBUSTIVE
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chute des feuilles et nécrose des ramures et bourgeons
terminaux.
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détruite jusqu'à la base qui peut rejeter
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évolution vers flore riche et relativement bien fournie
mais sérieux risques de feux tardifs.
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ARBORESCENTRE
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léchée par les flammes. Ecorce noircie.
Reconstitution fréquente du couvert si le feu précoce a
été pratique au moment opportun (avant arrêt de la
végétation)
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gravement brûlée, blessures au tronc, coulée
de résine. Inflorescences détruites chez des fruitiers forestiers
ayant un important rôle alimentaire en période de soudure. Mort
d'un pourcentage important d'arbres de petits diamètres.
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évolution identique que ci-dessus et mêmes risques
sérieux de feux tardifs.
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Sol
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Encore partiellement Couvert. Plages totalement couvertes.
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Absolument dénudé, quasi- cuisson des horizons
superficiels.
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Sol couvert protégé mais au total plus
vulnérable que lors des feux précoces.
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9
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