6.3. L'influence du sol et du feu
Nous émettrons quelques réserves à propos
des résultats ressortant des analyses de ces paramètres. En
effet, pour les sols, 53 points de sondage ont été
effectué, les données du reste de la zone ont donc
été extrapolées. Ce faible taux d'échantillonnage
rend ces données, à une si petite échelle,
imprécises. Les données des périodes de feu ont quant
à elles été récoltées lors d'un entretien
avec le gestionnaire, mais aucune carte ou document de gestion n'existe
à ce jour. Les limites des zones sont donc assez difficiles à
visualiser et la carte présentée dans ce document contient sans
doute quelques erreurs de précision.
Néanmoins, quelques résultats ressortent de ces
analyses. La couleur du sol semble avoir peu d'influence sur les espèces
ou les groupements végétaux. Seul le sol gris se démarque.
Ces sols gorgés d'eau supportent principalement les savanes
arborées, voire boisée et sont caractérisés par la
présence des Acacia spp. En comparant avec la
littérature, nous constatons une influence de la couleur du sol sur la
végétation dans plusieurs études, ce qui n'a pas pu
être détecté dans cette étude (Lawton 1978; Backeus,
Pettersson et al. 2006).
La profondeur semble avoir des effets plus marqués sur
les espèces végétales. En effet, nous retrouvons les
espèces caractéristiques des savanes boisées sur des sols
d'une profondeur allant de 40 à 80 cm. Sur les sols moins profonds, nous
retrouvons des espèces caractéristiques des forêts
anciennes, tels que Marquesia macroura, Brachystegia spiciformis
ou Brachystegia taxifolia. Sur les sols d'une profondeur
supérieure à 80 cm, nous retrouvons entre autres les Uapaca
spp., Julbernardia globiflora, mais également
Pterocarpus tinctorius, espèce abondante des forêts
anciennes. Ces résultats sont en contradiction avec certaines
études. Smith et al. (2004) décrivent Marquesia
macroura comme une espèce aimant les sols profonds, mais Lawton
(1978) décrit un groupement avec extrêmement peu de Marquesia
macroura, justifiant cette faible présence par le sol profond. Les
Uapaca spp. quant à eux seraient habitués aux sols
chargés et de faible profondeur (Lawton 1978; Smith and Allen 2004). A
nouveau, notre étude n'a pas mené aux mêmes
observations.
La charge caillouteuse nous indique, comme pour les sols peu
profonds, une présence des espèces de forêts anciennes.
Cela correspond à l'habitat des grands Brachystegia
(Brachystegia spiciformis et Brachystegia taxifolia).
Cependant, il est dit du Marquesia macroura qu'il affectionne les sols
perméables. Dans ce cas-ci, son implantation dépendrait donc de
l'importance de la charge, donnée que nous n'avons pas (Smith and Allen
2004). L'absence de charge, au contraire, semble ne faire ressortir aucune
espèce.
Les effets du feu sur la végétation n'ont pu
être détectés ici, probablement dû au fait que cette
étude ne porte que sur une courte durée et/ou qu'ils sont
masqués par d'autres paramètres. Idéalement, des
expériences de mise à feu sur des parcelles similaires à
différentes périodes, permettrait d'estimer cet effet. Par
exemple, une mise à feu à divers
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moments serait un bon moyen de comparer l'impact du feu sur la
production ou l'abondance de la strate herbacée. Selon Chidumayo (2004),
la fréquence du feu aurait un effet sur la surface terrière des
arbres. De tels effets n'ont pu être détectés suite
à notre étude.
Les études s'accordent généralement sur
le fait que l'historique des terres a un impact plus important sur la
végétation que la fréquence du feu ou même le type
de sol (Lawton 1978; Chidumayo 2004; Backeus, Pettersson et al. 2006;
Mwase, Bjornstad et al. 2006).
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