L'abstentionnisme électoral au Cameroun a l'ère du retour au multipartisme( Télécharger le fichier original )par Augustin TALA WAKEU Université de Dschang-Cameroun - Master en Science Politique 2012 |
SECTION 2 : LA MULTIPLICATION DES SOURCES DE LA NON-INSCRIPTION INVOLONTAIREContrairement à la non-inscription volontaire, la non-inscription involontaire ne dépend pas d'une manifestation claire de la volonté des citoyens. Ici, les citoyens sont confrontés à un certain nombre de difficultés qui les empêchent de se fait inscrire sur les listes électorales. Le degré de politisation des citoyens n'est pas déterminant pour la non-inscription car que les citoyens soient dotés de la compétence politique ou pas, elle sera limitée face aux facteurs auxquels ils sont confrontés. C'est ainsi que nous pouvons distinguer la non-inscription inhérente au non accomplissement de certains actes et celle inhérente aux actions de certains acteurs. PARAGRAPHE 1 : LES PRATIQUES D'EXCLUSION PAR LE NON ACCOMPLISSEMENT DE CERTAINS ACTESLes citoyens souhaitant s'inscrire sur les listes électorales doivent accomplir un certain nombre d'actes car si le droit de s'inscrire est reconnu aux citoyens en âge de voter (20 ans)75(*), il n'a de sens que si d'autres formalités sont remplies. Dans le cas contraire, le citoyen (n'ayant pas accompli ces autres formalités) n'a pas droit à l'inscription sur les listes électorales. C'est ainsi que le citoyen n'a pas droit à l'inscription s'il ne possède pas de carte nationale d'identité, s'il ne connaît pas la procédure et si sa résidence n'est pas implantée à son lieu d'incription. A-L'EXCLUSION CONSECUTIVE AUX PROBLEMES DE CARTES NATIONALES D'IDENTITELa possession de la carte nationale d'identité est cruciale dans l'inscription sur les listes et c'est justement pour cette raison que ceux qui ne l'ont pas ne sont pas autorisés à s'inscrire. A cet effet, le responsable communal d'ELECAM de Dschang déclare que : « Notre principal problème est le défaut de carte nationale d'identité et particulièrement dans les zones rurales et pour ceux qui en ont, elles ne sont plus valides. D'ailleurs, certains possèdent encore des cartes en cartons. Ce qui se justifie par son coût élevé »76(*). On comprend alors pourquoi le défaut de carte est préjudiciable aux inscriptions sur les listes, puisque certains citoyens en zones rurales malgré leur volonté ne peuvent s'inscrire. Ce défaut de cartes est parfois lié à celui du défaut d'actes de naissance étant donné que, dans les zones rurales certains citoyens n'ont pas d'actes de naissance surtout ceux qui ne sont pas nés dans les centres de santé. Cette situation fut observée dans la région du Sud.77(*) Or, on ne peut se faire établir de cartes sans actes de naissances. En réalité, le coût élevé de la carte d'identité ne la met pas à la portée de toutes les bourses (5000F.cfa et parfois plus). De même, l'éloignement des lieux d'identification78(*) constitue un autre obstacle majeur aux inscriptions. C'est par exemple le cas dans la localité de Nanga-Eboko où les citoyens sont obligés de parcourir des kilomètres après avoir déboursé 2000F.cfa pour le transport seulement lorsque la route est praticable avec le risque de ne jamais entrer en possession de ladite carte79(*). En effet, on ne s'inscrit pas officiellement avec le récépissé de la carte sauf si on y joint son acte de naissance80(*). En conséquence, l'obstacle majeur aux inscriptions sur les listes électorales réside au niveau de l'obtention de la carte nationale d'identité81(*). C'est ce que confirme d'ailleurs M. Adji Massao, Délégué régional d'ELECAM de l'Extrême-Nord lorsqu'il déclare que « le potentiel électoral est en principe les jeunes en âge de voter et les femmes, mais malheureusement, ils sont peu à s'inscrire justement parce qu'ils ne possèdent pas de cartes nationales d'identité82(*) ». Mais il ne faut pas conclure que posséder une carte nationale suffit à se faire enregistrer sur une liste car le citoyen doit suivre un certain nombre de règles et résider dans la circonscription ou dans la commune où il veut s'inscrire. * 75 Lire l'article 11 du code électoral camerounais. * 76 Déclaration faite lors de l'entretien qu'il nous a accordé le 25/11/2010. * 77Information relayée sur la CRTV, au journal de 20h30min, le 08/02/2011. * 78Lire à ce sujet Rapport Général de l'ONEL., 2002, op. cit. p. 22. * 79 Information relayée par équinoxe tv, en date du 06/11/2011(journal télévisé de 20h00min) * 80 Selon le responsable communal d'ELECAM de Dschang. * 81Lire à ce propos le cameroon tribune n°8918/5117, du 23/08/2004, p. 10. * 82Voir à ce sujet le site www.Septentrion.Info. Il a tenu ces propos au mois d'Avril. Consulté le 28/06/2011. |
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