L'abstentionnisme électoral au Cameroun a l'ère du retour au multipartisme( Télécharger le fichier original )par Augustin TALA WAKEU Université de Dschang-Cameroun - Master en Science Politique 2012 |
B- LES MISES EN GARDE CONTRE LES TENTATIVES DE PERTURBATION DU PROCESSUS ELECTORALLa participation constituant l'un des enjeux principaux de l'élection, le pouvoir ne perd pas l'occasion de rappeler et de veiller à ce que les élections se passent dans la paix et que personne ne soit violenté ou menacé dans l'exercice de son droit étant donné que le vote s'inscrit dans un espace réglementé qui protège l'électeur des violences du monde extérieur (Ihl, 1993 : 3). Le code pénal camerounais à son article 116 punit ceux qui, par attroupements, clameurs ou démonstrations menaçantes, troublent les opérations électorales ou portent atteinte à l'exercice du droit ou à la liberté de vote. Cela suppose que le geste électoral nécessite une ambiance calme et qu'aucun discours ou rumeur qui peut contrarier (Ihl, 1993 :5) l'électeur ou les autres acteurs politiques n'est toléré. Dans cette logique, le gouvernement fît des menaces de sanctions à l'égard de l'opposition, des pressions (Owona Nguini, 1997 :700) afin qu'elle prenne part aux élections législatives de 1992, présidentielle de 1997 et qu'elle ne perturbe pas surtout le déroulement du scrutin, en exerçant les actes de violence sur les citoyens désireux de voter. De même, cette menace est valable pour ceux qui seraient tentés d'exercer la violence sur les votants. Ainsi, cette stratégie de rétribution et de coercition du gouvernement va porter des fruits, car elle permettra la participation de 32 partis politiques en 1992 (Owona Nguini, 1997 : 702) et amenera le taux de participation aux législatives de 1992 à 60,58% malgré le boycott des principaux partis de l'opposition. De plus, au-delà de la loi pénale qui condamne toute personne qui, par voie de fait ou menace d'un dommage particulier quelconque, détermine un électeur à s'abstenir269(*) et de toute autre mesure ; il faut ajouter que le jour de l'élection les forces de l'ordre sont déployées sur l'ensemble du territoire comme mesure préventive, afin d'anticiper et de mettre fin à tout acte de violence perpétré contre le processus électoral. De même, M. René Sadi n'a pas hésité à dénoncer l'attitude de l'opposition qui selon lui soutient officiellement la campagne contre les inscriptions sur les listes électorales270(*). Toutes ces mesures sans être négligeables, n'ont pas à ce jour stimulé une très forte participation électorale ce qui suppose que le problème de l'électeur est peut-être ailleurs. Le déficit de légitimité qui plane sur les acteurs politiques et les institutions qu'ils incarnent a poussé ces derniers et bien d'autres à prendre des mesures afin de tenter de neutraliser l'abstentionnisme électoral. C'est ainsi que diverses mesures ont été entreprises pour lutter contre ce phénomène. Cependant, si ces mesures produisent des résultats, il n'en demeure pas moins que les taux de l'abstentionnisme électoral restent toujours importants au Cameroun, traduisant l'apathie des citoyens. Ce qui implique que, les actions entreprises ne sont peut-être pas celles que les citoyens attendent ou qu'elles ne sont pas à la hauteur du phénomène. * 269 Il s'agit de l'article 123 du code pénal Camerounais qui puni d'emprisonnement de 3 mois à 2 ans, et d'une amende de 10000 à 100000fcfa, ou l'une de ces deux peines seulement celui qui, par voies de fait ou menace d'un dommage particulier quelconque...L'électeur à s'abstenir. * 270 Voir à ce propos le site www.Cam.Be. Consulté le 28/06/2011. |
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