IX.1.5. La diminution du banditisme
Y a-t-il eu flux ou reflux du banditisme entre 1983 et 1987 ?
Voilà un autre champ de polémique. Les différentes
dérives et pratiques déviationnistes dont la
responsabilité incombait aux CDR a suscité des conclusions
suivant lesquelles ils ont constitué des cadres de promotion d'une
criminalité tolérée par le pouvoir. Ainsi, d'aucuns
estiment qu'ils n'ont point contribué à la baisse du
phénomène du banditisme dans la société. Les avis
semblent facilement ne se cramponner que sur les agissements déviants et
négatifs des CDR.
Nous ne nous reconnaissons pas du tout dans de telles
déductions qui de notre avis confessent un certain esprit partisan,
subjectiviste et fixiste. Il est évident qu'on ne peut pas nier des
faits d'exactions ou d'abus perpétrés par les CDR. Mais, on ne
peut pas non plus dire qu'ils ont failli totalement à leur mission
d'assurer la discipline et la sécurité des populations.
En effet, les différentes patrouilles organisées
au niveau des secteurs dissuadaient beaucoup les professionnels du vol ou du
crime. Il était pratiquement impossible d'après les informations
que nous avons eues pour un réseau de se constituer, d'opérer et
de rester dans l'anonymat total, dans la mesure où la
sécurité était assurée par des
éléments locaux des secteurs : « C'était une
sécurité populaire d'apres Achille TAPSOBA difficile a
déjouer ».598
596 Sylvy JAGLIN, 1995, Gestion urbaine
partagée à Ouagadougou : pouvoirs et périphéries,
Paris, Karthala, page 324.
597 Achille TAPSOBA : entretien du 27 juillet 2005
à l'Assemblée nationale.
598 Idem.
Il est vrai qu'on a pu assister à une reconversion de
certains bandits parce que ne pouvant plus développer leurs anciennes
méthodes de vol. D'autres mêmes avaient déposé leurs
armes pour intégrer les structures populaires et chercher des occasions
pour opérer de l'intérieur à l'insu de la population avec
une couverture. Ce sont ces personnes qui se sont illustrées surtout
dans les rackets, les exactions et les abus sur les gens. Mais, le plus
souvent, elles étaient débusquées, puis poursuivies.
Il faut noter que le CNR n'était pas inconscient des
exagérations de ses structures. La première conférence des
CDR avait reconnu la justesse de ces accusations et le président Thomas
SANKARA était monté au créneau pour fustiger les
dérives militaristes et autres égarements. Cette disposition du
CNR à la critique sévère de ses propres relais politiques
dissuadait beaucoup de tout comportement abusif. Les dissolutions de bureaux
suivies d'élections libres et directes dans les secteurs, le temps et
l'expérience avaient permis un réajustement des comportements des
CDR au point qu' en 1987, on se plaignait moins des CDR qu'au début du
processus.599
Soulignons enfin qu'en tant que garants de la morale
révolutionnaire dans les secteurs, ils avaient réussi dans une
certaine dimension à promouvoir une certaine équité, le
respect d'autrui et de ses biens. Les TPC étaient à cet effet de
véritables écoles de redressement des mauvais comportements. Il y
avait moins de bagarres et d'injures. Au total, on peut dire qu'on a pu
remarquer une nette diminution des délits et crimes.
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