IX.I.2. Le succes de la scolarisation et de
l~alphabetisation
Le CNR a mené une véritable croisade contre
l'ignorance et l'obscurantisme. L'évolution en hausse des pourcentages
dans le secteur de l'éducation attestée par l'aboutissement du
taux de scolarisation de 16% en 1983 à 32% en 1988 et la construction de
932 nouvelles écoles presque autant qu'entre 1960 et 1983,
définissent aisément les progrès
enregistrés.583 L'évolution des chiffres au niveau du
secondaire fut aussi éloquente : 76 872 élèves en 1988
contre 32 397 en 1983.584 Tous ces résultats ne pouvaient
être possibles en dehors de la politique participative des CDR qui a
réussi la mobilisation effective de la population autour des
priorités du CNR en
582 Henri KABORE : entretien du 03 août 2004
à son domicile au secteur 29.
583 Pascal ZAGRE, 1994, Les politiques
économiques du Burkina Faso : une tradition d'autoajustement
structurel, Paris, Karthala, page 158.
584 Ibidem.
197 matière d'éducation. La construction de bien
d'écoles dans les secteurs sur fonds propres des habitants montre bien
que l'oeuvre des CDR dans ce département est méritoire.
Les campagnes d'alphabétisation qui ont
accompagné ces efforts au niveau de l'éducation classique ont
certainement contribué au déclin du mythe de l'ignorance en
Afrique. L'expérience du Burkina Faso révolutionnaire illustre
que la victoire sur le fléau de l'ignorance qui est l'indice de
pauvreté le plus souvent brandi par les institutions internationales est
bien possible pour peu que l'Etat y mette de sa détermination politique.
Sous l'encadrement des CDR, on estime à 35 000 le nombre de responsables
d'associations, de coopératives et de groupements villageois
alphabétisés dans 9 langues nationales.585 Ce qui est
surtout salutaire, c'est l'acquisition des connaissances qui ont permis surtout
aux producteurs de pouvoir mieux gérer leurs affaires et mieux
communiquer avec leurs partenaires. Une possibilité de dialogue qui
fluidifiait les échanges et concourait à un certain dynamisme
socio-économique.
IX.1.3. L'amélioration des conditions de vie et de
sante
Il s'agit des différentes initiatives
développées pour conférer aux populations de meilleures
conditions d'existence notamment en matière de santé. La RDP
avait hérité en 1983 d'une situation de désolation sur le
plan sanitaire avec un taux de mortalité des plus aigues du monde
(220/00) et un taux de mortalité infantile expressif
(1870/00).586 « Sur 100 Burkinabé qui
mouraient, 40 succombaient a la rougeole,
33 a la méningite cérébro-spinale et
12 au paludisme. La pénurie d'eau, de médicaments et la
malnutrition étaient des fléaux particulièrement vivaces
[...]. La malnutrition frappe 50% des enfants et 80% de la population n'ont pas
acces a une formation sanitaire ».587
Le CNR fit preuve de détermination pour
l'amélioration de cette situation. Les CDR facilitèrent son
action sur le terrain non seulement par la construction d'infrastructures
sanitaires, mais encore en étant les ferments d'une éducation
sanitaire à la base. Les CDR incitaient les gens à participer aux
différentes campagnes de vaccination et leurs interpellations
incessantes à la salubrité avaient assuré de meilleures
conditions sanitaires au bonheur des populations, par exemple, la construction
des latrines publiques. A cela s'ajoute la disposition de l'eau potable
à laquelle les CDR avaient aussi contribué. La construction de
468 CSPS,588 de 148
585 Basile GUISSOU, 1995, Burkina Faso : un espoir
en Afrique, Paris, L'Harmattan, page 118.
586 Pascal ZAGRE, 1994, Les politiques
économiques du Burkina Faso : une tradition d'autoajustement
structurel, Paris, Karthala, page 157.
587 Ibidem.
588 Le CSPS est l'association de trois formations
sanitaires (dispensaire, maternité, centre de santé maternelle et
infantile). L'ambition du CNR était d'atteindre 1 CSPS pour 20000
habitants. D'après Pascal ZAGRE, le bilan de 1989 avait recensé
463 CSPS, soit 1 pour 18900 habitants.
198 dispensaires, de 63 centres médicaux et des 9
centres hospitaliers régionaux589... à laquelle les
structures populaires avaient pris part a constitué un véritable
soulagement pour les populations.
Enfin, la création de la SONAPHARM et la vulgarisation
des dépôts pharmaceutiques dans les secteurs et la révision
en baisse des coûts de produits facilitaient l'accès aux soins.
« La capitale qui ne comptait que trois pharmacies au début du
processus révolutionnaire, s'est dotée en un tour de main d'une
trentaine de pharmacies dix fois plus qu'en 23 ans d'indépendance
».590 Dans l'ensemble, on a assisté à une
réelle promotion du bien-être social.
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