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Les Comités de Défense de la Révolution(CDR) dans la politique du Conseil National de la Révolution(CNR)de 1983 à  1987: une approche historique à  partir de la ville de Ouagadougou

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par Kakiswendépoulmdé Marcel Marie Anselme LALSAGA
Université de Ouagadougou - Maîtrise 2007
  

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VI.1.2. Le controle des « maquis » : la fermeture des « boites de nuits » et l'institution des bals populaires

La morale révolutionnaire devait passer aussi par les lieux de distractions ou de réjouissances. Dès le 16 octobre 1983, à l'occasion d'un concert révolutionnaire et populaire, le président du CNR définissait une nouvelle conception des cadres de recréation. Il décida de contrôler les débits de boisson et de fermer purement et simplement les boites de nuit.369

De toute évidence, le CNR pensait que ces lieux constituaient des coupelles d'expression de mentalités et de comportements qui reflétaient une société injuste et inégalitaire que la révolution avait pour mission de dissoudre. Pour se justifier, il avança trois raisons fondamentales.

Premièrement, les boites de nuit étaient des lieux de réjouissances égoïstes, de dépravation des moeurs et d'aliénation culturelle car leurs amateurs dépensaient de grosses sommes d'argent au mépris de leurs familles et se livraient à des chorégraphies importées antirévolutionnaires. Nous pouvons remarquer ici la mise en exergue de l'ascèse révolutionnaire et de l'austérité de vie que le pouvoir recommandait au peuple. Il se dégage aussi un souci de protection des rythmes et danses nationales dont la consommation devait permettre de protéger la patrie contre les agressions culturelles de l'impérialisme.

La deuxième raison principale était que les boites de nuit constituaient des pôles dans lesquels se croisaient les ennemis de la révolution notamment la bourgeoisie. La nécessité de détruire ces citadelles des contre-révolutionnaires s'imposait.

Enfin, les boites de nuit étaient des lieux d'expression de pratiques antirévolutionnaires telles que la magouille, la corruption, et des basses manoeuvres de toutes tendances.

Dans le souci de démocratiser les réjouissances, le CNR institua les bals populaires. Tout le peuple a droit aux réjouissances et celle-ci ne devait pas être conditionnée par l'importance des bourses individuelles. Dans ces messes culturelles révolutionnaires, les CDR usèrent de propagande pour véhiculer le message de la révolution.

368 Bruno JAFFRE, 1989, Burkina Faso : les années sankara, Paris, L'Harmattan, page 30.

369 Lucien WIBGA, Directeur du commerce intérieur, « Des boites de nuit » in OBSERVATEUR N° 2707 du 31 octobre 1983, page 6.

Figure 14: Thomas SANKARA jouant a la batterie lors d'une soirée en 1987. Source : Presidence du Faso /Archives nationales. Cote : 5 Fi 654

Ces bals populaires ont eu un franc succès à travers le pays ; et même de nos jours, ils continuent dans les milieux villageois lorsque le jour du marché correspond à un dimanche ou à un jour de fête. L'aspect négatif de ces bals est qu'ayant coïncidé avec la lutte pour l'émancipation de la femme, ils ont permis un certain libertinage ayant amené de nombreuses filles à tomber enceinte.

Pour donner le sens du travail bien fait dans l'assiduité, la fréquentation des débits de boisson ou des maquis pendant les heures de service fut prohibée. Mais à ce niveau, le CNR n'innova pas vraiment, car déjà sous le CMRPN, cette décision avait été adoptée. Le CNR décida également l'interdiction de la fréquentation des maquis par les mineurs.

Le respect strict de toutes ces mesures au nom d'une éthique nouvelle, celle de la révolution incombait aux CDR. Leur action pour cette cause fut à l'origine du déclin de bon nombre de boites de nuit et de maquis. Les boites de nuit les plus fréquentées étaient celle de l'hôtel Ricardo, Canal Bambou, le Promotel et le Privé.370

370 Propos de Edouard OUEDRAOGO le 09 août 2005 au siège de L'OBSERVATEUR paalga.

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