111.3. Moyens et methodes d'action des CDR pour la defense
de la revolution
La finalité de l'action des CDR était le
triomphe de la révolution. Dans tous les domaines, leur action devait
traduire l'efficacité de la révolution et sa victoire. Ce
triomphe impliquait la domination du CNR puisque la notion de pouvoir n'est
évidente que lorsqu'il y a commandement d'un côté et
obéissance de l'autre. On rejoint donc la vision webérienne du
pouvoir : « Le pouvoir est toute chance de faire triompher, au sein
d'une relation sociale, sa propre volonté, m-eme contre des
résistances, peu importe sur quoi repose cette chance
».79
Les moyens que les CDR ont eu à utiliser pour
permettre la suprématie du CNR étaient doubles : il s'est agi
d'une part de l'usage de l'influence et de la séduction, et d'autre part
de la coercition.
77 Kwamé NKRUMAH, 1972, La lutte des
classes en Afrique, Paris, Présence africaine, page 98.
78 Pierre ENGLEBERT, 1986, La révolution
burkinabè, Paris, L'Harmattan, page 107.
79 Max WEBER, 1971, Economie et
société, Paris, Plon.
L'essentiel dans cette partie de notre approche est de faire
ressortir les outils et les voies offerts aux CDR pour agir dans la
révolution.
111.3.1. Les moyens financiers
Si nous faisons recours au Statut général
des CDR, au Titre V, chapitre I, les CDR disposaient de ressources
financières pour la réalisation de leur travail
révolutionnaire. Ces ressources étaient de trois
catégories : ressources spécifiques, ressources
budgétaires et ressources extraordinaires.
Les ressources financières étaient pourvues par
des cotisations dont les taux étaient fixés par le SGN-CDR, des
ventes de journaux, de timbres, d'insignes et de cartes, par des recettes
issues de manifestations culturelles, sportives et artistiques, des produits
d'activités socio-économiques et enfin par des contributions
volontaires.
Quant aux ressources budgétaires, l'Article 102
stipulait que chaque année, la loi de finances devait fixer une part du
budget national revenant aux CDR.
Pour le cas des ressources extraordinaires, elles provenaient
des subventions spéciales accordées par l'Etat, des produits
d'emprunts autorisés, et des dons et des legs.
De façon globale, on peut convenir que les
dispositions financières en faveur de l'action des CDR ont
fonctionné malgré des cas de mauvaise gestion80
remarqués dans les bureaux de certains CDR. Des réalisations
socio-économiques attestent cette réalité et jouaient un
rôle symbolique de prestige, preuves de la volonté de la
révolution d'agir dans le sens de l'intérêt populaire.
Par exemple au secteur 29, notre enquête nous a permis
de découvrir que c'est grâce aux cotisations et à la
main-d'oeuvre gratuite constituée par les CDR que les écoles B et
C ont été construites. Aussi la garderie populaire du secteur
a-t-elle été bâtie grâce à des financements
canadiens obtenus par les CDR. On peut ajouter comme exemple, les permanences
CDR, véritables bastions de la révolution.
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