Il faut dire tout de suite qu'une des tâches
premières des CDR fut la sauvegarde de la révolution. La position
du CNR sur cette question ne souffrait pas d'ambiguïté : «
Les CDR ont pour t7che d'organiser la lutte contre les menées
contrerévolutionnaires de reconquête du paradis perdu en vue
d'écraser completement la résistance des réactionnaires
nostalgiques du passé. Et c'est lO. que résident la
nécessité et le role des CDR comme point d'appui des masses O.
l'assaut des citadelles réactionnaires et
contre-révolutionnaires ».75
La défense de la révolution devait être
effective sur le plan politique, économique, social et militaire. Tout
ce que les CDR posaient comme action, selon l'entendement du CNR, devait
contribuer à sauvegarder la révolution et à l'affermir.
Sur le plan politique, la stratégie de défense
pour les CDR était d'être des écoles de formation politique
dans lesquelles le peuple pouvait apprendre, discuter et comprendre les
décisions du CNR. C'est dire que les CDR devaient être des
propagateurs de l'idéologie révolutionnaire. Il fallait donc
mobiliser les masses autour du CNR et de sa politique à travers «
une propagande et une agitation intrépides
».76
74 « Voix du peuple, voix de Dieu
», adage latin qui stipule qu'on établit la vérité
sur l'opinion du plus grand nombre, la vérité appartient au
peuple.
75 CNR, 1983, DOP : « Pour une juste
compréhension de la nature, du rQle et du fonctionnement des CDR
», page 23.
76 CNR, 1983, DOP : « Pour une juste
compréhension de la nature, du rQle et du fonctionnement des CDR
», page 26.
Ceci remet en exergue la préoccupation de
popularité et de légitimation du CNR qui en avait besoin pour
rendre prégnante sa révolution. Selon Kwame NKRUMAH, les bases
d'une révolution ne sont jetées que lorsque les structures
organiques et l'Etat ont amené les masses à souhaiter un
bouleversement des structures de la société.77 Il y
avait donc nécessité pour le CNR de capitaliser sa base populaire
afin de se réaliser politiquement et socio-économiquement.
En étant le pivot de l'oeuvre socio-économique
du CNR, les CDR avaient à renforcer la révolution en faisant
aboutir des initiatives économiques, gages de l'efficacité de la
révolution et témoignage de sa préoccupation constante de
conduire le peuple au bonheur. En oeuvrant ainsi, ils devenaient de vrais
éléments catalyseurs pour canaliser le dynamisme et l'élan
populaires pour le succès de la révolution.
Notons enfin, que le fait que le CNR ne constituait pas un
parti politique avait réellement, comme l'indique le DOP, fait des CDR
le principal fondement du pouvoir révolutionnaire, une force
structurée de protection dont la révolution était
tributaire. Avis que Pierre ENGLEBERT ne dédit pas en écrivant :
« La création d'un tel support s'imposait dans la mesure oft la
longue période de clandestinité des partis
révolutionnaires n'a pas favorisé l'adhésion des citoyens
et dans la mesure oft le pouvoir issu d'un coup d'Etat n'a pas
bénéficié auparavant de l'accueil des Voltaïques,
comme un mouvement de libération nationale, d'une organisation
structurée ayant la révolution comme finalité
».78 Il restait maintenant les moyens et les méthodes
appropriés pour agir...