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VIH/sida: défi au développement de l'Afrique. Une étude de l'impact économique et social de la pandémie au Rwanda

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par Michel Segatagara KAMANZI
Université pontificale grégorienne - Licence en sciences sociales 2003
  

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2.2 La situation de l'Afrique subsaharienne

2.2.1 L'expansion de l'épidémie

L'Afrique subsaharienne est la zone la plus touchée par le VIH/SIDA avec environ 66,1% du total des infections du VIH dans le monde. Dans les premières années de l'apparition de l'épidémie, la plus haute prévalence se concentrait dans les régions que traversent les principales routes de transport commercial du continent : Ouganda, Tanzanie, République Démocratique du Congo et Côte d'Ivoire. Les premiers infectés furent les militaires, les routiers, les travailleurs immigrés, les hommes d'affaires et les prostituées ; ces derniers portèrent ensuite le virus dans leurs communautés et leurs familles19. Le SIDA s'est par la suite répandu dans ces pays et à travers toute la région de l'Afrique subsaharienne.

18 Source: ONUSIDA, Rapport sur l'épidémie mondiale de VIH/SIDA, Genève, juin 2004, p.10.

19 P.LAMPTEY, M. WIGLEY, D.CARR, AND Y. COLLYMORE, «Facing the HIV/AIDS Pandemic», in Population Bulletin, vol.57, No.3, September 2002, p.10.

En 1986, on estimait entre 5 et 10% le taux des adultes infectés par le VIH en Ouganda et au Burundi ; pour 10 autres pays de la région, les taux variaient de 1 à 5%. En 2001, on estimait qu'au moins 5% des adultes étaient infectés par le VIH dans des nombreux pays d'Afrique subsaharienne20. En juin 2004, l'OMS et l'ONUSIDA ont estimé à 25 millions le nombre des personnes vivant avec le VIH/SIDA en Afrique subsaharienne. Les nouvelles infections pour l'année 2003 sont estimées à 3 millions et le nombre de décès à environ 2, 2 millions. Le même rapport estime que 6,9% des jeunes filles (entre 15 et 24 ans) vivent avec le VIH tandis que 2,1% environ des jeunes garçons de la même tranche d'age vivent avec le VIH 21.

2.2.2 La situation des différentes régions du continent

a) Afrique australe

La forte prévalence du VIH/SIDA se concentre surtout dans la région sud du continent. Certains pays de l'Afrique australe ont déjà dépassé le seuil de 30% de prévalence dans leur population adulte. C'est le cas du Botswana avec 37,8%, où les personnes vivant avec le SIDA sont estimées à 350.000 (adultes et enfants) pour une population totale de 1,554 millions d'habitants ; le Botswana est le deuxième pays qui enregistre le taux le plus élevé du monde entier. La situation de ce pays est d'autant plus inquiétante que les estimations de la prévalence du VIH parmi les femmes enceintes en milieu urbain est passé de 39% à 45% entre 1997 et 2001, et, selon les estimations de l'ONUSIDA, la prévalence est encore plus élevée parmi les jeunes femmes ; ce qui entraînera une ultérieure hausse de la prévalence pour toute la population adulte22. L'Afrique du Sud, avec un taux de prévalence (chez les adultes) estimé à 21,5%, est le pays qui compte le plus grand nombre des personnes vivant avec le VIH/SIDA, environ 5,3 millions (adultes et enfants). Le Swaziland enregistre le taux de prévalence le plus élevé chez les adultes (38,8% à la fin de l'année 2003 selon l'ONUSIDA).

b) Afrique de l'Est

20 Ibid.

21 ONUSIDA, Rapport sur l'épidémie mondiale de VIH/SIDA, Genève, juin 2004, p.30.

22P.LAMPTEY, M. WIGLEY, D.CARR, AND Y. COLLYMORE, «Facing the HIV/AIDS Pandemic», in Population Bulletin, vol.57, No.3, September 2002, p.10.

Les taux de prévalence sont aussi élevés dans la région Est du continent. Cependant, durant ces dernières années, l'Ouganda a pu diminuer sensiblement l'extension de l'épidémie sur son territoire, en faisant baisser de moitié le taux de prévalence du VIH dans la population adulte. La prévalence est passée de 10% au début des années 1990 à un taux de 4,1 % en juin 2004. Une baisse significative est enregistrée parmi les femmes enceintes ; le taux de prévalence chez les femmes enceintes de Kampala, par exemple, a baissé pendant huit années consécutives, de 29,5% en 1992 à 11,25% en 2000. Ces résultats ont fait de l'Ouganda un exemple pour les pays du continent, et montré que la maîtrise de l'épidémie du VIH/SIDA est possible. Mais tous ne partagent pas l'avis concernant le succès de l'Ouganda dans la lutte contre le SIDA ; et, selon certaines presses, le gouvernement ougandais semble exagérer les résultats accomplis dans la lutte contre le VIH/SIDA23.

c) Afrique centrale et Afrique de l'Ouest

Les pays de l'Afrique centrale et ceux de l'Afrique de l'Ouest ont, pour leur part, enregistré un développement plus lent de la pandémie. En Afrique de l'Ouest, le faible taux de prévalence est attribué en partie à la présence d'un autre type de virus (VIH-2) beaucoup moins virulent que le type I répandu sur le reste du continent. Toutefois, l'ONUSIDA dans son rapport 2004, constate une progression récente et rapide du VIH dans certains pays de l'Ouest de l'Afrique comme le Burkina Faso, le Cameroun, la Côte d'Ivoire, le Nigeria et le Togo où les taux de prévalence des populations adultes semblent avoir déjà dépassé les 4 %. Le Cameroun avec 6,9% en fin 2001 et le Nigeria avec 5,4% (soit environ 3, 6 millions de personnes vivant avec le SIDA en fin d'année 2004) enregistrent les plus grandes progressions de la prévalence du VIH dans leurs populations adultes. Dans les autres pays de la région les taux sont restés relativement stables durant la dernière décennie, et on y retrouve les taux les plus bas du continent, notamment au Sénégal (0,8% de la population adulte en juin 2004) et au Mali (1,9% de la population adulte en fin 2004).

23 Cf. « AIDS in Uganda. Was the miracle faked? No, but possibly exaggerated», in The Economist, August 17th 2002, pp. 38-39.

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