2.2 La situation de l'Afrique subsaharienne
2.2.1 L'expansion de l'épidémie
L'Afrique subsaharienne est la zone la plus touchée par
le VIH/SIDA avec environ 66,1% du total des infections du VIH dans le monde.
Dans les premières années de l'apparition de
l'épidémie, la plus haute prévalence se concentrait dans
les régions que traversent les principales routes de transport
commercial du continent : Ouganda, Tanzanie, République
Démocratique du Congo et Côte d'Ivoire. Les premiers
infectés furent les militaires, les routiers, les travailleurs
immigrés, les hommes d'affaires et les prostituées ; ces derniers
portèrent ensuite le virus dans leurs communautés et leurs
familles19. Le SIDA s'est par la suite répandu dans ces pays
et à travers toute la région de l'Afrique subsaharienne.
18 Source: ONUSIDA, Rapport sur
l'épidémie mondiale de VIH/SIDA, Genève, juin 2004,
p.10.
19 P.LAMPTEY, M. WIGLEY, D.CARR, AND Y. COLLYMORE,
«Facing the HIV/AIDS Pandemic», in Population Bulletin,
vol.57, No.3, September 2002, p.10.
En 1986, on estimait entre 5 et 10% le taux des adultes
infectés par le VIH en Ouganda et au Burundi ; pour 10 autres pays de la
région, les taux variaient de 1 à 5%. En 2001, on estimait qu'au
moins 5% des adultes étaient infectés par le VIH dans des
nombreux pays d'Afrique subsaharienne20. En juin 2004, l'OMS et
l'ONUSIDA ont estimé à 25 millions le nombre des personnes vivant
avec le VIH/SIDA en Afrique subsaharienne. Les nouvelles infections pour
l'année 2003 sont estimées à 3 millions et le nombre de
décès à environ 2, 2 millions. Le même rapport
estime que 6,9% des jeunes filles (entre 15 et 24 ans) vivent avec le VIH
tandis que 2,1% environ des jeunes garçons de la même tranche
d'age vivent avec le VIH 21.
2.2.2 La situation des différentes
régions du continent
a) Afrique australe
La forte prévalence du VIH/SIDA se concentre surtout
dans la région sud du continent. Certains pays de l'Afrique australe ont
déjà dépassé le seuil de 30% de prévalence
dans leur population adulte. C'est le cas du Botswana avec 37,8%, où les
personnes vivant avec le SIDA sont estimées à 350.000 (adultes et
enfants) pour une population totale de 1,554 millions d'habitants ; le Botswana
est le deuxième pays qui enregistre le taux le plus élevé
du monde entier. La situation de ce pays est d'autant plus inquiétante
que les estimations de la prévalence du VIH parmi les femmes enceintes
en milieu urbain est passé de 39% à 45% entre 1997 et 2001, et,
selon les estimations de l'ONUSIDA, la prévalence est encore plus
élevée parmi les jeunes femmes ; ce qui entraînera une
ultérieure hausse de la prévalence pour toute la population
adulte22. L'Afrique du Sud, avec un taux de prévalence (chez
les adultes) estimé à 21,5%, est le pays qui compte le plus grand
nombre des personnes vivant avec le VIH/SIDA, environ 5,3 millions (adultes et
enfants). Le Swaziland enregistre le taux de prévalence le plus
élevé chez les adultes (38,8% à la fin de l'année
2003 selon l'ONUSIDA).
b) Afrique de l'Est
20 Ibid.
21 ONUSIDA, Rapport sur l'épidémie
mondiale de VIH/SIDA, Genève, juin 2004, p.30.
22P.LAMPTEY, M. WIGLEY, D.CARR, AND Y. COLLYMORE,
«Facing the HIV/AIDS Pandemic», in Population Bulletin,
vol.57, No.3, September 2002, p.10.
Les taux de prévalence sont aussi élevés
dans la région Est du continent. Cependant, durant ces dernières
années, l'Ouganda a pu diminuer sensiblement l'extension de
l'épidémie sur son territoire, en faisant baisser de
moitié le taux de prévalence du VIH dans la population adulte. La
prévalence est passée de 10% au début des années
1990 à un taux de 4,1 % en juin 2004. Une baisse significative est
enregistrée parmi les femmes enceintes ; le taux de prévalence
chez les femmes enceintes de Kampala, par exemple, a baissé pendant huit
années consécutives, de 29,5% en 1992 à 11,25% en 2000.
Ces résultats ont fait de l'Ouganda un exemple pour les pays du
continent, et montré que la maîtrise de l'épidémie
du VIH/SIDA est possible. Mais tous ne partagent pas l'avis concernant le
succès de l'Ouganda dans la lutte contre le SIDA ; et, selon certaines
presses, le gouvernement ougandais semble exagérer les résultats
accomplis dans la lutte contre le VIH/SIDA23.
c) Afrique centrale et Afrique de l'Ouest
Les pays de l'Afrique centrale et ceux de l'Afrique de l'Ouest
ont, pour leur part, enregistré un développement plus lent de la
pandémie. En Afrique de l'Ouest, le faible taux de prévalence est
attribué en partie à la présence d'un autre type de virus
(VIH-2) beaucoup moins virulent que le type I répandu sur le reste du
continent. Toutefois, l'ONUSIDA dans son rapport 2004, constate une progression
récente et rapide du VIH dans certains pays de l'Ouest de l'Afrique
comme le Burkina Faso, le Cameroun, la Côte d'Ivoire, le Nigeria et le
Togo où les taux de prévalence des populations adultes semblent
avoir déjà dépassé les 4 %. Le Cameroun avec 6,9%
en fin 2001 et le Nigeria avec 5,4% (soit environ 3, 6 millions de personnes
vivant avec le SIDA en fin d'année 2004) enregistrent les plus grandes
progressions de la prévalence du VIH dans leurs populations adultes.
Dans les autres pays de la région les taux sont restés
relativement stables durant la dernière décennie, et on y
retrouve les taux les plus bas du continent, notamment au Sénégal
(0,8% de la population adulte en juin 2004) et au Mali (1,9% de la population
adulte en fin 2004).
23 Cf. « AIDS in Uganda. Was the miracle faked?
No, but possibly exaggerated», in The Economist, August
17th 2002, pp. 38-39.
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