1.1.2. La distribution de la population sur le
territoire
La grande majorité de la population rwandaise, comme
nous l'avons déjà fait remarquer, habite en milieu rural, environ
85% selon les estimations du 3ème recensement national du
mois d'aoüt 2002. Ce dernier recensement constate que la population
citadine est en croissance, elle est estimée aujourd'hui à
environ 16,7% du total de la population rwandaise174. C'est une
augmentation significative si l'on considère les données de 1999
qui estimaient la population urbaine à 6% du total de la population
nationale. Ces données font comprendre que le phénomène
d'exode rural est en train de prendre de l'importance dans tout le pays ; il y
a donc de plus en plus des jeunes qui quittent les villages pour s'installer
dans les villes. Or, comme nous l'avons déjà signalé,
l'épidémie du VIH/SIDA est plus répandu dans ces centres
urbains où les jeunes émigrent. Ceux-ci se retrouvent par
conséquent encore plus exposés que dans leurs milieux d'origine,
et, vu la baisse du contrôle social et l'anonymat caractéristique
des grandes villes, on peut craindre que ces jeunes ne soient hautement
à risque face au VIH/SIDA. Le phénomène de la prostitution
qui s'est accentué durant ces dernières
années175 et qui est particulièrement répandu
dans les villes, constitue un autre facteur qui rend l'exode rural dangereux
pour les populations qui émigrent. En conséquence, le
déplacement de population, en particulier l'exode rural, entraîne
un plus grand risque face au VIH/SIDA.
Un autre problème lié à la distribution
de la population sur le territoire est celui des populations concentrées
dans certains milieux, comme les habitats regroupés (imidugudu), les
camps de réfugiés ou encore les prisons. Dans les prisons, par
exemple, sur une population estimée à 100 000 prisonniers, on
dénombrait 13 000 séropositifs176. Vivant dans une
grande promiscuité, les populations de ces milieux à forte
densité, sont particulièrement à risque face au VIH/SIDA
qui peut facilement être transmis ou contracté. L'expansion rapide
de l'épidémie du VIH/SIDA risque de rendre ces milieux encore
plus précaires et plus vulnérables aux autres maladies.
174 Cf. Premiers résultats du 3ème
recensement national du mois d'aoüt 2002 donnés lors de la
conférence de presse du ministre des finances et de la planification
économique, Donald Kaberuka, Kigali, le 17 décembre 2002.
Disponible sur Internet : < http: //www.rwanda1.com/>.
175 PNLS/MINISANTE, Définir les voies pour la
prévention du VIH/SIDA : leçons apprises sur les aspects
comportementaux, revue de la littérature dans la période
post-génocide 1994-2000, novembre 2000, p. 11.
176 COMMISSION NATIONALE DE LUTTE CONTRE LE SIDA (CNLS),
Cadre stratégique national de lutte contre le SIDA 2002-2006,
Présidence de la république Rwandaise, Kigali, avril 2002,
p.45.
Ainsi, nous estimons que la politique de
décentralisation, initiée par le gouvernement, a un réel
défi à relever. Elle doit voir comment redistribuer la population
en tenant compte de la menace du VIH/SIDA notamment dans les habitats
regroupés, sensibiliser et prévenir la population tout en prenant
en charge ceux qui vivent déjà avec le VIH/SIDA.
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