2.2. Les investissements
En économie, un investissement est une opération
par laquelle un particulier ou une entreprise effectue l'achat ou la
rémunération des facteurs de production (terre, capital, travail
et technologie) en vue de renouveler ou accroître ultérieurement
son stock de capital. En macroéconomie, l'investissement est
considéré comme étant l'équivalent de
l'épargne, c'est-à-dire que les revenus non consommés sont
utilisés pour un accroissement ultérieur des revenus. Il faut
préciser ici que cette égalité
épargne/investissement vaut dans une économie dite fermée,
c'est-à-dire qui n'entretient pas de relation commerciale avec
l'extérieur. Dans une économie ouverte, par contre, en plus de
l'épargne intérieur, il existe aussi des transferts des
ressources provenant de l'étranger tels que les recettes des
exportations et les investissements étrangers. Le Rwanda ayant une
économie ouverte, nous tenterons de voir quel impact le VIH/SIDA
pourrait avoir sur les investissements
financés par les nationaux ainsi que sur ceux provenant de
l'extérieur. Nous le ferons partant des données relatives au
budget national consolidé109, reportées ci-dessous.
Budget consolidé (en million de Francs
rwandais actualisés)
Années
|
1990
|
1998
|
1999
|
2000
|
Recettes propres (en million de Frw)
|
21 583
|
66 045
|
63 865
|
68 626
|
Dons de l'extérieur (en million de Frw)
|
5 871
|
32 967
|
38 700
|
63 800
|
Recettes totales et dons (en millions de Frw)
|
27 454
|
99 012
|
102 565
|
132 426
|
Dépenses courantes (en millions de Frw)
|
31 118
|
75 345
|
87 055
|
89 622
|
Investissement par financement intérieur (en million de
Frw)
|
2 210
|
2 500
|
5 300
|
1 458
|
Investissement par financement extérieur (en million de
Frw)
|
10 443
|
39 747
|
35 500
|
42 000
|
Prêts nets
|
104
|
-161
|
-400
|
474
|
Dépenses totales (en million de Frw)
|
43 875
|
117 431
|
127 455
|
133 554
|
Source : Direction du budget, Ministère des Finances
et de la Planification économique (MINECOFIN)
Dans le tableau rapporté ci-dessus, on constate toute
de suite que le budget est déficitaire car les dépenses sont
supérieures aux recettes, on constate par là même combien
le budget national dépend énormément des financements
extérieurs.
2.2.1. Les investissements nationaux
Les investissements nationaux sont financés en grande
partie par l'extérieur comme le relève le tableau du budget
national consolidé reporté précédemment. La part du
financement intérieur est faible, il a même baissé en 2000,
tandis que la part de financement extérieur a continué à
augmenter, à part la baisse de 1999.
L'objectif des investissements, comme nous l'avons dit
plus-haut, est celui de renouveler ou d'accroître le capital disponible.
En macroéconomie, on considère que les investissements sont
fonction du taux d'intérêt, c'est-à-dire qu'ils
dépendent du profit que
109 Cf. MINISTERE DES FINANCES ET DE LA PLANIFICATION ECONOMIQUE,
Le Rwanda en Chiffres, Edition 2001, p. 28.
l'emploi des ressources peut rapporter à
l'investisseur. Or, l'expansion du VIH/SIDA, comme nous l'avons vu, comporte
des coüts supplémentaires énormes pour les ménages et
les entreprises ; il risque donc de décourager les investisseurs car les
profits possibles deviennent incertains avec l'expansion de cette maladie. Au
niveau intérieur, l'épidémie du VIH/SIDA devrait impliquer
une augmentation des dépenses courantes en termes de transferts pour les
soins des malades du SIDA, transferts aux ménages affectés par le
VIH/SIDA, notamment aux veuves et aux orphelins, dépenses pour la mise
en place d'une stratégie de lutte contre le SIDA, etc. Le financement
intérieur, déjà faible, risque de se voir encore plus
réduit pour d'éventuels investissements en d'autres secteurs tout
aussi importants que la lutte contre le SIDA. Vu la croissance de
l'épidémie et les risques que cela comporte pour les profits
économiques, les financements de l'investissement provenant de
l'extérieur pourraient aussi diminuer, car l'intérêt des
bailleurs de fonds extérieurs pourrait se réduire en fonction de
la perte de productivité due à l'épidémie. A moins
que ces bailleurs de fonds extérieurs ne puissent être sensibles
au défi apporté par le VIH/SIDA, comme l'est la Banque
Mondiale110, et qu'ils continuent à financer le pays
malgré le peu de profit prévisible avec l'épidémie
du VIH/SIDA.
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