2. Au niveau macroéconomique
La macroéconomie est la partie de l'économie qui
s'intéresse aux quantités globales agrégées que ce
soit au niveau régional, national ou continental. Elle s'occupe aussi
des relations commerciales entre pays. Elle a en général pour but
d'éclairer la politique économique d'un pays
donné103. Comme cela est suggéré par le nom,
« la macroéconomie adopte donc d'emblée un point de vue
global, « macro » ; elle raisonne sur des indicateurs d'ensemble, ou
agrégats, qui intéressent l'économiste pour une raison ou
pour une autre104. »
Au niveau macroéconomique, le Produit National Brut,
valeur totale de la production de l'économie pour une période
donnée (généralement une année), est largement
utilisé comme mesure fondamentale des résultats d'une
économie dans la production des biens et services105 ;
certains l'utilisent même comme indicateur du niveau de bien-être
d'une nation. La valeur du PNB est obtenue en faisant la somme de ses
différentes composantes: consommation des privés,
investissements, dépenses de l'administration publique et exportations
nettes qui sont la différence entre les exportations et les importations
nationales. Sous forme d'équation, appelée équation
Keynésienne, le PNB = C + I + G + NX.
Nous partirons des composantes de cette équation pour
les différents points que nous allons analyser dans cette partie
macroéconomique. Nous verrons d'abord l'impact du VIH/SIDA sur le revenu
national et, en particulier, sur la consommation privée (C). Nous
envisagerons ensuite son impact sur les investissements (I). Nous
considérerons, en troisième lieu, les conséquences de
l'épidémie pour les dépenses de l'État (G) en
portant une attention particulière aux secteurs de l'éducation,
de la santé, et à la politique fiscale. Nous
déterminerons, en quatrième lieu, les effets de la maladie sur
les exportations nettes (NX). Et, dans un dernier point, nous ferons la
synthèse de cette partie macroéconomique en voyant l'impact du
VIH/SIDA sur le Produit Intérieur Brut (PIB) que nous
préférerons au PNB.
103 Cf. Dicionnaire d'Économie et de Sciences
Sociales, sous la direction de C.-D. Echaudemaison, Nathan, Paris, 1998,
p. 262.
104 B.GUERRIEN, La théorie économique
néoclassique, tome 2 : Macroéconomie, théorie des
jeux, La Découverte, Paris, 1999, p.6.
105 S.FISCHER, R. DORNBUSCH, R. SCHMALENSEE, Economia,
HOEPLI, Milano, 1992, p. 769.
2.1. Le revenu national
Le revenu national est le revenu total reçu des
propriétaires des facteurs de production : travail, capital et
terre106 (on a désormais tendance à ajouter aussi la
technologie parmi les facteurs de production). Ce revenu global de la nation
se décompose principalement en revenu des ménages et revenu
des entreprises107. Nous avons déjà vu,
dans la partie microéconomique, l'impact de l'épidémie du
VIH/SIDA sur les ménages et les entreprises des différents
secteurs. Nous avons vu, en particulier, que la croissance de
l'épidémie affecte sérieusement les revenus de ces deux
entités. Comme les ménages dépendent souvent des revenus
d'un ou deux membres de famille, la contamination de ces derniers ainsi que
leur décès entraînent une baisse significative des revenus
de leurs familles. De même les entreprises enregistrent une perte des
revenus associés à la diminution de la productivité des
travailleurs atteints par le VIH/SIDA et aux coûts supplémentaires
qu'elles doivent payer (augmentation des dépenses pour les soins
médicaux et pour le recrutement d'un remplaçant).
Au niveau global de l'économie, si l'on fait la somme
de la perte des revenus que les ménages aussi bien que les entreprises
ont encourue à cause de l'épidémie du VIH/SIDA, on se rend
compte aussi de la diminution accusée par le revenu national dans son
ensemble. Ce raisonnement simple et hypothétique pourrait être
malheureusement entrain de se vérifier même si des statistiques et
données macroéconomiques récentes ne le laissent pas
transparaître, comme le montre, par exemple, le tableau suivant portant
sur les dépenses pour la consommation des privés.
Années
|
1998
|
1999
|
2000
|
Consommation privée (C) en millions de
Frw108
|
463 559
|
474 460
|
467 661
|
Source : Ministère des Finances et de la Planification
économique, Direction de la statistique
106 Ibid., p. 774.
107 Cf. Dicionnaire d'Économie et de Sciences
Sociales, sous la direction de C.-D. Echaudemaison, Nathan, Paris, 1998,
p. 381.
108 Frw: sigle utilisé pour la monnaie nationale, le
Franc rwandais. Les statistiques rapportées ici, sont établis en
millions de Francs rwandais calculés aux prix constants de
l'année 1995. Pour le reste des données que nous reporterons en
Francs rwandais (Frw), nous utiliserons les données de la direction de
statistique du Ministère des Finances et de la Planification
économique (MINECOFIN), que nous supposons actualisés, ainsi nous
nous permettrons de faire des comparaisons entre différentes
années, assumant que les valeurs ont été
actualisées.
Ces données des années successives à
l'enquête de 1997 sur la situation de l'épidémie du
VIH/SIDA au Rwanda, ne nous permettent pas, en effet, de démontrer une
quelconque corrélation négative entre la progression du VIH/SIDA
et la consommation privée, car, à part une baisse
enregistrée en 1999, la consommation privée a augmenté de
1998 à 2000. Faudrait-il alors penser qu'il existe une
corrélation plutôt positive entre l'expansion du VIH/SIDA et
l'augmentation des revenus des ménages et celui des entreprises, en
relation avec la hausse de la consommation privée ? En d'autres mots,
pouvons-nous établir que, plus le VIH/SIDA augmente, plus la
consommation privée augmente aussi, parce que les revenus ont aussi
augmenté ? A part peut-être le cas des entreprises qui oeuvrent
dans le domaine du SIDA, comme les entreprises de commercialisation des
préservatifs, Centres de dépistage ou quelques pharmacies et
hôpitaux privés, nous pensons qu'on ne peut pas arriver à
établir une corrélation positive et qu'une conclusion de ce genre
est très peu probable.
En conclusion, même si nos données sont
partielles et insuffisantes pour vérifier le lien véritable entre
les deux variables, rien n'empêche, cependant, de penser que, avec
l'expansion du VIH/SIDA, nous assisterons à la diminution du revenu
national dans son ensemble comme résultat de la diminution des revenus
des ménages et des entreprises, et que cela apparaîtra à
long terme.
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