1.2.2. L'Industrie
Le secteur industriel n'est pas très
développé au Rwanda. Il est caractérisé par des
activités de manufactures (textiles, meubles, boissons, impression,
tabac, alimentaires, produits chimiques, etc.) qui constituent 52% des
activités de ce secteur appelé secondaire. Les activités
de construction classées dans ce même secteur constituent 44% des
activités, l'électricité, le gaz et l'eau 3% tandis que
les Mines et carrières 1%. L'industrie rapporte 19% du PIB (selon les
statistiques de l'année 2000)99 et occupe environ 24 603
personnes, dont 2 174 femmes (pour l'année 1999)100. Comme le
montrent ces données sur
97 Ibid., p. 20.
98 Ibid., p. 26.
99 Cf. MINISTERE DES FINANCES ET DE LA PLANIFICATION
ECONOMIQUE, Indicateurs de développement du Rwanda 2001,
Juillet 2001, p. 61.
100 MINISTERE DES FINANCES ET DE LA PLANIFICATION ECONOMIQUE,
Le Rwanda en Chiffres, Edition 2001, p. 22.
l'occupation, un pourcentage tres réduit de la
population rwandaise travaille dans ce secteur, environ 2% de la population
active. Cela est dü en partie au type d'activités qui sont «
capital intensive » et qui utilise donc une forte mécanisation et
une faible main d'oeuvre. Ces données confirment aussi le faible
développement que connaît ce secteur pour l'ensemble du pays ; les
industries demeurent encore concentrées dans les centres urbains
où ne vivent qu'environ 15% de la population rwandaise. En effet, selon
une analyse régionale, rapportée par le Ministère des
finances et de la planification, la plupart des établissements de ce
secteur opèrent dans la région de Kigali, suivi de Butare et
Gisenyi. En considérant le peu de personnes employées dans ce
secteur de l'économie nationale, l'épidémie du VIH/SIDA
serait elle alors négligeable ?
Les grands centres urbains, comme ceux mentionnés
ci-dessus, enregistrent aussi les taux les plus élevés de
prévalence du VIH/SIDA. Selon les estimations de 1997, le taux de
prévalence du VIH dans la population urbaine âgée entre 25
et 44 ans se situe au dessus de 20%. Ce fait laisse supposer que
l'épidémie connaît également une forte expansion
dans la population citadine active, de laquelle proviennent les travailleurs
des différentes industries du pays. Il n'y a aucun doute, nous
semble-t-il, que ce secteur est aussi touché et/ou menacé par
l'épidémie du VIH/SIDA, bien que nous ne disposions pas des
données sur la productivité de ces dernières années
ainsi que sur la mortalité des travailleurs à cause du SIDA pour
établir les corrélations opportunes. S'il était
vérifié qu'un pourcentage important des travailleurs de ce
secteur vivent avec le VIH/SIDA, alors cela entraînera des coûts
supplémentaires pour les entreprises, tandis que le rendement diminuera
même si ces entreprises dépendent beaucoup des machines.
Ces coûts peuvent être directs et indirects. Une
entreprise, qui connaît une prévalence relativement haute du VIH
parmi ses employés, se trouvera confrontée de façon
directe à une hausse de ses dépenses pour les soins
médicaux des travailleurs infectés, à une perte
progressive de sa productivité provenant de l'absentéisme et de
l'affaiblissement des travailleurs et aux dépenses liées au
décès des travailleurs comme les frais de funérailles. De
façon indirecte, l'entreprise devra affronter avec le
décès des travailleurs, des coûts pour leur
remplacement.
Les coûts liés au remplacement des travailleurs
décédés, peuvent être encore plus importants
lorsqu'il s'agit de substituer un employé hautement qualifié
comme peut l'être un ingénieur. Ces personnes sont
déjà rares dans le pays et, même au niveau de la formation
dans les instituts supérieurs spécialisés, les
étudiants pouvant travailler dans l'avenir dans ces filières ne
sont pas nombreux. La perte d'un travailleur qualifié, comme par exemple
dans le domaine de l'eau, entraînerait non seulement une perte pour
l'entreprise, mais aussi pour tout le pays, et l'impact dépasserait
largement le seul secteur secondaire. On pourrait multiplier les exemples de ce
genre, mais nous pensons que ceux que nous avons cités donnent
suffisamment l'idée des coüts énormes que
représenterait la contamination d'un travailleur
expérimenté dans ce secteur et illustrent, en même temps,
que le VIH/SIDA constitue effectivement une menace réelle pour la
productivité et le développement du secteur industriel. Aussi les
entreprises ont-elles intérêt à combattre l'expansion de
l'épidémie pour protéger leurs travailleurs et leur niveau
de production ; il en va de leur efficacité et efficience. Ceci est
d'autant plus crucial que le pays compte beaucoup sur ce secteur pour son
développement économique comme il compte sur les
différents produits vivriers qu'une modernisation de l'agriculture et
une transformation industrielle accroîtrait et rendrait plus
compétitifs sur le marché international.
Il nous semble aussi qu'une attention particulière
devrait être portée aux PME (Petites et Moyennes Entreprises) qui
ont l'avantage de pouvoir s'étendre plus facilement en milieu rural.
Etant de plus petite dimension, elles sont aussi les plus menacées
lorsque quelques uns de leurs travailleurs sont infectés par le VIH.
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