2.4 Conclusion
De ce survol de la situation de l'épidémie dans
le monde, nous pouvons relever quelques éléments qui nous
semblent importants pour comprendre les caractéristiques et les
particularités de la pandémie. Nous venons de voir que toutes les
régions de la planète sont touchées, l'Afrique en premier,
suivi des pays du pacifique et ceux d'Asie. Il nous apparaît clair que
l'épidémie du VIH/SIDA trouve un terrain privilégié
d'expansion dans les pays en voie de développement, et en particulier
dans les pays les plus pauvres. L'Afrique subsaharienne et les Caraïbes,
régions plus pauvres, sont aussi les régions avec la plus grande
concentration de personnes vivant avec le VIH/SIDA.
La forte progression de la pandémie dans les pays de
l'ex bloc soviétique, confrontée à une forte crise
économique et à une anomie sociale, semble confirmer que la
maladie se répande plus facilement dans les pays en difficulté.
On pourrait dire que la crise économique associée à la
crise sociale et à l'instabilité politique, notamment avec la
présence des conflits armés, rassemblent les conditions pour que
se répande l'épidémie du VIH dans les populations de ces
régions ainsi fragilisées.
Dans les pays à revenus élevés,
l'épidémie semble aussi être la maladie des personnes
considérées aux marges de la société : homosexuels,
héroïnomanes, prostituées, émigrés et
minorités raciales. Empruntant le langage des sociologues «
dépendantistes », nous oserons dire que le SIDA est devenu la
maladie de la périphérie, tandis que le centre trouve les moyens
de se protéger et de se sauver. La périphérie au niveau
mondial, ce sont les pays en voie de développement ; la
périphérie à l'intérieur de chaque pays, ce sont
les populations les plus pauvres et celles marginalisées. Reprenant le
titre du livre de Gunder Frank, sociologue de la théorie de la
dépendance, nous pouvons dire aujourd'hui que la propagation du VIH/SIDA
dans le monde est un symptôme du « développement du
sousdéveloppement52. » et quelque part de
l'échec de la mondialisation.
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