2.3.6 Océanie
L'Australie et la Nouvelle Zélande maintiennent des taux
faibles : 0,1% à la fin de 2001, environ 13 200 personnes vivant avec le
VIH. D'après l'ONUSIDA, l'homosexualitémasculine reste
la voie prédominante de transmission du virus dans ces pays ; cela
vaut
également pour le Japon. Allant dans le même
sens, le même rapport de l'ONUSIDA constate qu' « en Australie,
au Canada, aux Etats-Unis d'Amérique et dans les pays d'Europe
occidentale, une augmentation apparente des rapports non protégés
entraîne des taux plus élevés d'infections sexuellement
transmissibles et dans certains cas une incidence plus élevée du
VIH chez les hommes ayant des relations sexuelles avec des
hommes.48 »
2.3.7 Afrique du Nord et Moyen Orient
Il nous reste à voir la situation de l'Afrique du Nord et
du Moyen Orient oül'épidémie est apparue
tardivement par rapport aux autres régions du monde. Les taux de
47 Cf. P. LAMPTEY, M.WIGLEY, D.CARR, AND Y.COLLYMORE,
«Facing the HIV/AIDS Pandemic», in Population Bulletin,
vol.57, No.3, September 2002, p. 15.
48 ONUSIDA, Rapport sur l'épidémie
mondiale de VIH/SIDA, Genève, juillet 2002, p.42.
personnes vivant avec le SIDA restent tres faibles.
D'après le rapport de l'ONUSIDA, 75 000 personnes y ont
été infectées en 2003, portant ainsi à 480 000 le
nombre de personnes vivant avec le VIH/SIDA dans cette région. «
On n'a malheureusement que peu analysé systématiquement
jusqu'ici les moteurs de l'épidémie dans la plupart des pays de
la région49 », alors que ceux-ci connaissent des
situations qui favorisent l'expansion du virus, notamment la grande
mobilité des populations et les inégalités
socio-économiques importantes. La plupart des infections dans les pays
de l'Afrique du Nord et du Moyen Orient, adviennent en général
par la voie des drogues injectables, exception faite du Yémen et du
Soudan. Une enquête de surveillance en Algérie a néanmoins
fait apparaître l'évidence des taux de prévalence du VIH de
1% parmi les femmes enceintes dans le sud du pays, région plus
touchée par les conflits civils. Ces résultats, selon l'ONUSIDA,
font craindre le risque d'une épidémie
généralisée dans le pays50. Au Maroc,
malgré le faible taux de prévalence inférieur à 1%
en 2001, le programme national de lutte contre le SIDA a noté pour la
même année une prévalence relativement élevée
d'autres MST ; ce qui laisse présager que les comportements à
risque sont plus répandus qu'on ne le croyait51. Ici aussi,
comme ailleurs en Afrique, les jeunes, les populations mobiles, les personnes
déplacées demeurent des populations à risque.
Un facteur qui, à notre avis, mérite
d'être exploré et étudié, en corrélation avec
la faible prévalence du VIH dans ces pays, est le rôle de la
religion sur les comportements des populations. Ces pays à grande
majorité musulmane, comme certains pays de l'Afrique de l'Ouest aussi,
enregistrent une propagation de l'épidémie très contenue
(à en croire les différentes statistiques disponibles). Notre
hypothèse est que l'éthique musulmane, les normes sociales
inspirées par la religion musulmane (commune aux pays de cette
région du monde), une certaine cohésion sociale ainsi que le
contrôle social caractéristiques de ces sociétés,
jouent un certain rôle dans la limitation du VIH/SIDA dans cette
région du monde. Cependant, la présence des nombreux conflits
dans cette partie du monde nous laisse craindre une augmentation de la
propagation du VIH, dans la mesure précisément où ils font
sauter les normes et la stabilité sociales, qui, nous le croyons, jouent
un grand rôle dans la limitation de l'expansion de
l'épidémie de SIDA.
49 Ibid., p. 38.
50 Cf. Ibid., p. 39.
51 Ibid.
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