I. Cadre théorique de la
méthodologie.
1. Justification du sujet.
La pertinence d'une argumentation réside en sa
justification. Celle-ci doit se faire dans une certaine rigueur scientifique.
Dans cette logique, le choix du thème de l'étude est
motivé par deux raisons : l'une académique et l'autre
scientifique.
1.1. Justification académique.
Cette étude répond à une exigence
académique du département de Sociologie et d'Anthropologie de
l'Université de Bouaké. Il s'agit pour les Etudiants en
Maîtrise, de renforcer leurs initiations en termes de recherches
scientifiques. Elle permet à ceux-ci de mettre en exergue les
connaissances théoriques apprises durant les quatre (4) années
d'apprentissage sociologique. Ainsi, notre thème de recherche est :
« stratégies d'adaptation paysanne face au changement
climatique dans la Sous-préfecture de Prikro. »
1.2. Justification scientifique.
Depuis l'indépendance, le milieu agricole ivoirien est
le maillon principal de l'économie. Mais les acteurs de ce milieu
rencontrent bien des difficultés. Et surtout dans la région du
N'zi Comoé et en l'occurrence ceux de la Sous-préfecture de
Prikro qui sont sous le poids de problèmes d'ordre écologique,
économique et sociale. La pauvreté et la misère sont
présentes au sein de cette population vieillissante du fait de l'exode
rural des jeunes. Les filles au travail de fille de ménage (servante ou
bonne) et les garçons à celui de bascott au sud du pays. La
majorité de ceux-ci sont poussés par la raréfaction des
pluies dans la région. Alors que sans pluie, les rendements agricoles
sont médiocres et l'agriculture, pour beaucoup d'entre eux, est la seule
activité lucrative dans cette zone rurale.
La variabilité négative de la
pluviométrie à Prikro témoigne d'un changement progressif
et accentué du climat. Aussi, ce phénomène se
présente d'ordre mondial. Puisque les grandes puissances mondiales
s'accordent à la recherche de solutions adéquates pour le
pallier.
Ainsi, nous sommes guidés par le choix de ce
thème par un souci de compréhension de l'adaptation des paysans
à cette situation nouvelle.
Une recherche de solution à travers cette étude
pourra permettre d'avoir des remèdes adéquats.
2. Problématique
2.1. Question de recherche.
Toute recherche scientifique sous-tend des questionnements qui
aboutissent à des constats. Pour cette étude, la question de
recherche est : quelles stratégies les paysans de Prikro
mettent-ils en place pour s'adapter au changement climatique ?
2.2. Objectif de recherche.
L'objectif général de cette
étude est d'analyser la manière d'adaptation des paysans au
changement au changement climatique.
De façon spécifique, il s'agit
de :
ü identifier les changements climatiques à
Prikro ;
ü déterminer les stratégies d'adaptations
des paysans.
2.3. Hypothèses.
ü le phénomène du changement climatique est
en recrudescence dans la Sous-préfecture de Prikro.
ü aucun paysan n'adopte de stratégies d'adaptation
au changement climatique.
3. Revue critique de la
littérature.
Aucun travail d'étude et de recherche ne peut
s'avérer scientifique sans au préalable réviser les
ouvrages ayant déjà traité le thème en question. La
revue de littérature permet de s'informer des travaux effectués
et de se familiariser avec le thème. Elle consiste à faire la
récession des écrits (N'DA, 2006). Elle permet de définir,
de délimiter notre étude et de comprendre les concepts
clés de notre sujet de recherche.
Les impacts du changement climatique incluent des
considérations d'ordre technique, scientifique, social et
environnemental. Vu l'importance que revêt la problématique du
changement climatique, certains auteurs ont publié des ouvrages pour
attirer l'attention de tous. La majeure partie des écologistes et /ou
travaux effectués sur le phénomène laissent constater les
effets dramatiques d'un changement climatique en comparaison d'avec les normes
écologiques antérieures. La grande partie des ouvrages sont tous
unanimes sur le fait que les paysans sont ceux qui ressentent le plus les
changements induits. Les acteurs de ces modifications quantitatives sont les
hommes. Faucheux et al
(1990), énumèrent toutes les menaces
susceptibles de mettre à mal le déroulement normal de
l'environnement dans le monde entier. Les causes du développement des
facteurs qui causent le développement des conséquences
négatives du climat, de l'environnement sont les hommes. Les industries
humaines produisent les chlorofluorocarbones, substances chimiques qui
s'attaquent à l'ozone stratosphériques. Cette augmentation des
CFC a engendré la diminution de la couche d'ozone et l'accroissement de
l'effet de serre. Pour eux, les solutions pour résoudre le
problème environnemental doivent venir des grands pollueurs comme les
Etats Unis d'Amérique, la Chine, la Russie. Ce qui parait absoudre est
que la plupart ces pays sont moins favorables à la réduction des
émissions de gaz à effet de serre. Les conventions et protocole
sont élaborés, votés. Mais l'application de ceux-ci pose
problème. Car le respect de ces protocoles comme celui de Kyoto pourrait
réduire l'économie de ces pays. Or le fait parler de
développement durable, c'est mettre en exergue la protection de
l'environnement.
Ils pensent que si aucune mesure n'est prise, certain
consensus scientifique existent pour avancer que ce seront les régions
subtropicales déjà le plus défavorisées qui
présenteront la plus grande sensibilité. Un approfondissement des
déséquilibres entre Nord et Sud risquent d'en résulter
avec, comme région menacées, l'Océanie, le sud-est
asiatique, une partie de l'Afrique et les pays du pourtour
méditerranéen.
C'est dire que le changement climatique pourrait faire
apporter des bouleversements climatiques, des horizons non vivables aujourd'hui
pourront être habités plus tard.
Dans l' agriculture par exemple, le changement global
risquerait d'avoir pour les riches terres à céréales de la
prairie canadienne un effet désastreux, mais la prolongation de la
saison de végétation pourrait s'avérer tout à fait
bénéfique pour l'agriculture irlandaise, finlandaise ou
soviétique.
Afin d'éviter ces bouleversements dont nul ignore les
conséquences, il serait bien de mettre des digues pour réduire
les émissions de gaz à effet de serre. Le pollueur-payeur en est
une réalité mais reste que théorique. Les pays riches sont
ceux qui doivent faire des efforts afin de résoudre le problème
du changement climatique car les PVD sont mal placés pour gérer
une politique d'adaptation en raison de leurs endettements et de leurs
incapacités à mobiliser les capitaux nécessaires. Quelques
soient les stratégies passives, adaptatives ou préventives,
adoptés par ces Etats, voire leurs agricultures, pour remédier
à ces menaces sur l'environnement, ils sortiront perdants. La voie
évidente de ces pays est de trouver des stratégies adaptatives
certes inefficaces mais qui permettent plus ou moins d'avoir de bonnes
récoltes.
MONNIER (1990) lie la cause
principale du changement climatique aux feux de brousse et à la culture
sur brûlis effectués par les paysans. Ces comportements sont des
pratiques traditionnelles perpétuées de génération
en génération qui aujourd'hui constitue une menace pour le climat
forestier. C'est dire combien les pratiques traditionnelles aussi mettent en
difficultés les paysans qui les adoptent et les trouvent normales. La
recherche d'un gibier et le champ d'igname ou de riz à travers l'usage
du feu constitue un mode de vie à restreindre de la vie agricole. En
effet, il montre le rapport entre les pluies et la disponibilité
forestière. Là où existe la forêt, la pluie est
abondante. C'est dire qu'une forêt dense favorise une
pluviométrie abondante. Cela parait une évidence dans la mesure
où nous nous situons dans une loi de cause à effet. La
densité pluviométrique dans une végétation
témoigne du type de végétation elle-même. Le respect
du cycle de l'eau est de mise. Alors, ce dysfonctionnement climatique incombe
à l'homme acteur du milieu. Il devient son propre destructeur.
Dans cette optique d'énumération de cause,
PELT J. Marie
(2001) évoque les exactions subies par la
biodiversité. Il ressort que l'exploitation abusive de la faune et de la
flore ont contribué à la diminution du dispositif forestier et au
renforcement de l'aridité du climat. La détérioration de
la saison des pluies dans la durée comme dans son intensité se
manifeste par une dégradation progressive des paysages
végétaux. Alors, l'on constate les pertes en terres arables du
fait de l'érosion. Les sécheresses fréquentes, plus que
tout autre facteur, ont contribué à fragiliser davantage les
écosystèmes les rendant plus vulnérables à la
moindre perturbation et accélèrent le rythme de
dégradation des ressources biologiques. Pour lui, le destin de l'homme
est parfaitement inséparable de celui de la nature dont elle a besoin
pour subsister. Sans elle, point de nourritures, point de vie. La nature
à l'inverse, n'a pas besoin de l'homme : qu'il vient à
disparaître et elle rebondira aussitôt, dans sa diversité et
sa luxuriance que seul pourra interrompre un cataclysme cosmique majeure comme
par exemple l'ultime transformation du soleil. Donc, puisque l'homme a besoin
de la nature et la nature n'a apparemment pas besoin de lui, il convient de
revoir la distribution des rôles et des partitions : le fameux
principe de précaution exige que l'homme approche la nature avec respect
et humilité.
HAXAIRE C,
(2002) s'est plus intéressé aux perceptions des
paysans du changement. Il ressort de cette étude que les Gouro de
Côte d'Ivoire perçoivent la grande variabilité
saisonnière du réseau hydrographique comme le non respect
contemporain des pratiques ancestrales. L'incrédulité et/ou la
connaissance de nouvelles religions ont terni et sali l'image ancestrale.
Alors, la variabilité climatique est la manifestation colérique
des aïeux. Cette situation a pour corollaire sécheresse et
dégradation des ressources biologiques. Les pactes sellés ne sont
plus respectés comme jadis. Il appartient aussi aux hommes d'apaiser
leur colère afin d'avoir leurs faveurs. Le sous-entendu est que se sont
les ancêtres qui donnent la pluie. Leurs bonnes humeurs se
répercutent sur la vie sociale, climatique et traditionnelle des
êtres vivants. Les ancêtres représentent des dieux à
adorer, à vénérer afin d'être dans leurs bonnes
grâces.
Par ailleurs, HEMOND A. et
al (2002) ont mémé une
étude porté sur les Nahuas dans l'Etat de guerrero au Mexique.
Celle-ci laisse voir une liaison étroite entre ce peuple et la pluie.
Ces auteurs analysent l'importance de la pluie dans cette région. Cette
population donne à la venue de la pluie un pouvoir venant de Dieu et des
saints. En fait, ils attribuent à chaque période de leur
calendrier cultural un saint catholique. Ainsi, ils maîtrisent leur
calendrier cultural à la lettre, période par période. Pour
eux, la pluie est certes une oeuvre divine mais aussi associée aux
comportements humains. Car il ne pleut plus parce que les hommes agissent mal.
Ils sont sans ignorés que la forte démographie, la
déforestation, la mauvaise gestion des ressources naturelles sont
à la base du manque de pluie. Alors, ils essaient de s'adapter à
travers des stratégies. Cette adaptation s'effectue uniquement au
niveau du changement des anciens outils par de nouveaux.
En effet, les Nahuas dans l'Etat de Guerrero au Mexique
s'adonnent à l'usage d'autres types d'outils adaptés. Ce sont des
outils qui creusent plus le sol afin de mieux retenir le peu de pluie qui
tombe. Cette stratégie qui permet au sol de retenir plus d'eau donne
aussi la possibilité, aux grains mis en terre d'échapper aux
animaux ravageurs. Car du fait de la raréfaction des pluies, les animaux
trouvent de moins en moins à manger. Cette stratégie simple et
admissible à tous permet aux Nahuas d'avoir un peu de bonne
récolte.
Mais cette stratégie s'avère insuffisante face
aux pénuries aggravées de vivres et d'eau. Les paysans sont
obligés de migrer vers des surfaces plus prometteuses. Cette migration
s'avère conflictuelle du fait de la convoitise de la
propriété des zones d'accueil. Le nouveau venu se présente
comme un envahisseur potentiel. Cette situation favorise l'exode des jeunes
vers les villes à la recherche de travail.
Et selon DUPRE et al
(1999), ces difficultés sont dues à la forte
croissance démographique des populations paysannes. Car, la demande de
forêt est forte par rapport à la disponibilité. Les terres
arables sont les plus demandées or leurs superficies baissent de
cultures en cultures. Deux schémas résultent de cette baisse.
D'une part, des conflits s'installent entre populations d'accueil et les
nouvelles venues et des mesures et comportements d'adaptations des populations
d'autre part. Il faut retenir que pour les paysans la menace climatique semble
le problème crucial de l'agriculture et la forte démographie et
la migration des populations augmente le taux de croissance de l'espace
utilisé par l'agriculture. Ainsi, les stratégies qu'adoptent les
paysans en Aribinda sont plus organiques. Ils utilisent de nouveaux outils et
la fumure pour donner plus de force aux plants. Mais comme pour beaucoup de
paysans à la recherche de stratégies, les paysans à
Aribinda restent impuissants quand la pluie n'a pas arrosé la fumure et
les plants.
Pour ce qui concerne les mémoires et thèses, il
y a eu peu d'écrit sur le changement climatique : ses causes, ses
conséquences et ses prévisions. Dr
AMAN S. (2000) dans sa
thèse parle de l'exploitation abusive de la forêt ivoirienne.
Cette exploitation sauvage a diminué le couvert végétal.
Elle s'est faite et continue de se faire en grande partie industriellement. La
coupe des grumes pour l'usage industriel a permis de dégrader fortement
la densité de bois par hectare dans les forêts ivoiriennes. A
côté de cela, on a les populations rurales qui utilisent la
forêt pour se nourrir, se soigner et se distraire. Ces actions sont
considérées par eux comme normales car cela émane de leur
tradition. Ici, l'auteur dépeint le sabotage de la forêt
ivoirienne sans évoquer les conséquences d'une telle action sur
l'environnement et la vie des hommes. Parlant toujours de la forêt,
KOMENAN (2005), fait ressortir les
bénéfices engendrés par l'exploitation de cette
forêt ivoirienne en l'occurrence celle de la région de
l'indenié. Ces bénéfices se répercutent aussi bien
sur la population que sur les exploitants. L'exploitation a permis
l'acquisition d'infrastructures bénéficiant aux populations
locales. Mais la forêt est en train de disparaître car cette
gestion passe par le développement durable ayant un volet social,
écologique et environnemental. Alors s'installe des conflits et/ou des
mesures et comportements d'adaptations.
Plusieurs de ces ouvrages ont évoqué les causes,
les conséquences du phénomène climatique tant bien dans le
monde, en Afrique qu'en Côte d'Ivoire. Par contre certain abordent
l'adaptation des paysans face au changement climatique dans certaines
localités. Des paysans trouvent des mesures d'adaptation leur permettent
de réduire les conséquences du phénomène
climatique. Mais malheureusement ces stratégies se retrouvent
inefficaces faces au changement climatique. Nous déduisons une
conscience efficiente des paysans de l'effectivité du changement dans
leurs milieux. Dans la mesure où d'autres trouvent des mesures
d'adaptations, quels comportements ceux de Prikro adoptent-ils face à
ces changements ? Ont-ils les mêmes stratégies ou en
possèdent-ils davantage ? Aussi, les changements sont-ils effectifs
dans cette localité ?
Ainsi, les réponses à ces questions
constitueront l'essentiel de notre travail.
La méthodologie consiste à préciser
comment le problème à l'étude va être
« piégé » par les activités et les
instruments qui permettront d'arracher des parcelles de vérité.
En terme claire, la phase méthodologique concerne tout le plan de
travail qui dictera les activités à mener pour faire la recherche
(PAUL N'DA, 2000). Elle est la marche rationnelle pour arriver à la
connaissance ou à la démonstration de la vérité. On
considéra la méthode d'une recherche comme l'ensemble des
opérations intellectuelles permettant d'observer, de décrire,
d'analyser, de comprendre et d'expliquer la réalité
étudiée.
Tout travail scientifique se base sur une méthodologie.
Celle-ci se définie comme la recherche ou la science de la voie en
Sociologie. Cette voie est l'indicateur qui conduit à la
vérité scientifique. Il s'agira ici de présenter
l'ensemble des outils techniques pour l'enquête proprement dite.
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