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Les femmes criminelles dans le film noir américain de 1940 à  1960

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par Fanny Pira
Université Sciences Humaines et Arts de Poitiers - Master histoire contemporaine 2007
  

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2) Les sources du film noir.

Pour Raymond Borde et Etienne Chaumeton,

« La source immédiate du film noir est évidemment le roman policier noir d'origine américaine ou anglaise »14.

Les études les plus récentes sur le film noir sont toutes en accord sur la corrélation entre le roman policier et le film noir.

« Si la source immédiate du film noir est le roman noir (et cela ne parait contestable), le roman noir dérivant du roman policier qui, lui-même, n'est pas sans entretenir de rapports avec le roman noir anglais, (...) »15.

Le roman policier, lui-même descendant du roman « à énigmes » dont l'innovateur est Arthur Conan Doyle avec ses Aventures de Sherlock Holmes.

Aux Etats-Unis, les premiers romans policiers datent du début des années vingt. Ils mêlent la mort, la violence, les meurtres.

Souvent un détective se voit doté d'une mission qui consiste à élucider une intrigue, « (...), nous avons affaire au roman-problème, au jeu intellectuel et au divertissement cérébral où, par les vertus du raisonnement et à partir d'un certain nombre d'indices, la vérité se fait jour. »16 Puis ces romans policiers deviennent ce que l'on appelle des romans noirs.

En cessant d'être un jeu abstrait, situé dans un monde imaginaire, peuplé de personnages eux aussi imaginaires, ils se transforment en romans noirs car :

« Le roman policier prend des allures de constat, de radiographie d'une société. »17 Effectivement une bonne partie des films noirs les plus marquants comme The Maltese Falcon (Le faucon maltais) de John Huston en 1941, Double Indemnity (Assurance sur la mort) de Billy Wilder en 1944, The Postman always rings two times (Le facteur sonne toujours deux fois) de Tay Garnett en 1946, sont l'adaptation à l'écran des romans noirs du même nom.

Selon Noël Simsolo,

14 Raymond Borde, Etienne Chaumeton, Panorama du film noir américain (1941-1953), op. Cit p.17.

15 François Guérif, Le film noir américain, op. Cit p.14.

16 Michel Ciment, /HTEIPIV IPTEDC, UCHK&FleEillgIMPPEing, Découverte Gallimard Cinéma, 1992, 192 p. p. 55.

17 François Guérif, Le film noir américain, op. Cit p.19

« De quelque maniere qu'on aborde l'histoire de la littérature, il apparaît que le crime a toujours été un élément majeur d'inspiration (...) Car, depuis le début des temps, le meurtre a été présent dans la réalité et dans l'imaginaire de chacun (...) Cette particularité a nourri la littérature et le théâtre »18.

Un des auteurs précurseurs de ce nouveau style de romans est Dashiell Hammett.

« Vers la fin des années vingt, après la transformation radicale du roman américain, le gangstérisme, la violence, la corruption vinrent donner une impulsion nouvelle à la littérature policiere. Le coup d'envoi fut donné par Dashiell Hammett avec La moisson rouge (1927) bientôt suivie de Le Faucon maltais (1930). »19

« Nul mieux que Raymond Chandler n'a résumé la mutation de son essai : The Simple art of Murder (Le Crime est un art simple, 1944) :

« +aPPIIFIaI4RttiIBIhtiPeI11II4RCIvD4eIYCitiiCIeiId'aIulaCqX~I11DC4IGItX1441DX I IRCICN4tISa4I REal~I111I11I1Di44etIàIIDPD4V IPDI4Il'i11~IICeISDta1444itISI4IPDX1ai4eI11eIl'éloigner autant que faire se pouvait des conceptions petites-bourgeoises sur le grignotage des ailes de poulets par les jeunes filles du grand mondes. » »20

Ses principales oeuvres sont Le Grand Braquage, La Moisson rouge, Sang maudit, Le Faucon maltais et La Clé de verre, écrites entre 1927 et 1930.

« Hammett transpose l'univers du détective des beaux quartiers aux décors sordides des grandes villes populeuses, dans un climat malsain où regne l'atmosphere brutale du monde de la criminalité (...) L'intrigue et les personnages du Faucon maltais en font l'archétype d'un genre qui révèle une société où la corruption est générale, et non plus circonscrite comme dans les histoires classiques de détective. »21

Dans leur Panorama du film noir américain, Raymond Borde et Etienne Chaumeton voient Dashiell Hammett comme :

« ...à la fois le créateur de ce nouveau courant littéraire américain et un auteur dont le talent dépasse largement le cadre du genre (comme Georges Simenon pour la langue française) et dont les premiers écrits remontent aux environs de 1930. »22

18 Noël Simsolo, Le Film Noir, Vrais et faux cauchemars, op. Cit p. 39.

19 Jean Mitry, Histoire du cinéma, Art et industrie ; IV.Les années 30, Paris, Jean-Pierre Delarge, éditeur, 1980, 736 p. p 468.

20 Noël Simsolo, Le Film Noir, Vrais et faux cauchemars, op. Cit p. 43.

21 Michel Ciment, /1Iht/PIIà Il'9htDCV I8 CfIhi4lRetlI11eIl'SPPtiqXg, op. Cit p.57.

22 Raymond Borde, Etienne Chaumeton, Panorama du film noir américain (1941-1953), op. Cit p.17.

Mais François Guérif corrige en expliquant que les premiers textes de Dashiell Hammett remontent à 1922, sous la forme de nouvelles éditées sous le nom de Peter Collinson.23 D'autres oeuvres comme celles James Cain, ont également été porté à l'écran.

Ces ouvrages sont Le Roman de Mildred Pierce et Le facteur sonne toujours deux fois.

Ou bien encore les romans de Raymond Chandler, Le Grand Sommeil, Adieu ma jolie ; de W.R. Burnett, Le Petit César ; ceux de William Irish, La rue de la chance, David Goodis, Les passagers de la nuit, James Hadley Chase, Peter Cheyney, Horace Mc Coy, Richard Stark, Carter Brown et encore beaucoup d'autres.

Ces romans ont vu le jour à une époque ou le gangstérisme devenait de plus en plus important aux Etats-Unis, et leur essor a été favorisé par la crise économique et politique de cette période.

« La corruption, la décadence morale, le vice apparaissaient d'autant mieux qu'ils se produisaient dans un monde où le chômage et la délinquance créaient un malaise propre à la définition d'un climat inquiétant, sombrement pessimiste, révélateur d'une société en désarroi. »24

« Pendant les années vingt, le crime semblait donc faire partie du quotidien et ces auteurs de nouvelles policières s'éloignèrent des rébus meurtriers conçus par des écrivains jouant sur les chambres closes, les as de la déduction et les maîtres d'hôtels assassins. »25

Du point de vue politique, la loi Volstead du 16 janvier 1919 concernant l'institution de la Prohibition, et interdisant la fabrication, la vente et le transport (exportation, importation) de boissons alcoolisées contribua à donner naissance à un marché parallèle, au commerce clandestin.

Cette loi sera abrogée en 1933 sous la présidence de Franklin Roosevelt.

Sous la présidence de Warren G. Harding de 1921 à 1923, c'est l'instauration généralisée des pouvoirs de l'argent sous prétexte de soutenir le commerce et l'industrie et d'ouvrir une ère de prospérité.

Sur le plan social et culturel, les années vingt connaissent le développement du racisme antinoir et antisémite et du Ku-Klux-Klan (4 millions de membres en 1925).

On assiste à une progressive libération des moeurs, et paradoxalement le gouvernement étatsuniens fait preuve de répression et instaure un code moral pour les films le 15 janvier 1922 (qui deviendra par la suite le Code Hays).

23 François Guérif, Le film noir américain, op. Cit. p. 13.

24 Jean Mitry, Histoire du cinéma, Art et industrie ; V.Les années 40, Paris, Jean-Pierre Delarge, éditeur, 1980, 653 p. p 380.

25 Noël Simsolo, Le Film Noir, Vrais et faux cauchemars, op. Cit p. 43

Puis le 24 octobre 1929, c'est le crac boursier, « le jeudi noir », l'Amérique vit une vrai crise, son marché financier est interrompu par une chute brutale.

Cette réalité a influencé l'imaginaire des auteurs qui viennent d'être cités.

Le pas entre le roman noir et le film noir était donc presque déjà établi, il ne manquait plus que les moyens technologiques, les sociétés de productions, et tous les « acteurs » dont un film a besoin.

Le contexte établit a servi d'atmosphère quant à l'épanouissement du film noir.

Car si le roman noir date des années vingt et trente, les femmes criminelles dans le film noir n'apparaissent que dans les années quarante.

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"Entre deux mots il faut choisir le moindre"   Paul Valery